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Rédaction

06 September 2014

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L'Eventail -  Madame, Monseigneur, quels souvenirs vous viennent à l'esprit en pensant à ce 10 mars 1981 ?

La princesse - Je dois avouer que nous étions tous les deux très fatigués car nous avions fait la fête une semaine durant, notamment au Club Castel à Rio. De nombreux amis, nos cousins bavarois et la famille avaient traversé l'Atlantique et nous souhaitions en profiter. Et puis, tout est toujours très festif au Brésil. Je tenais absolument à ce que mon mariage s'y déroule. La cérémonie a eu lieu dans la belle église Nossa Senhora da Gloria do Outeiro, là où par tradition, ont lieu les grands événements liés à notre famille, les mariages comme les baptêmes, et ce depuis 1819, quand l'empereur Pedro Ier et l'impératrice Léopoldine y ont fait baptiser leur fille. Je portais une robe en crêpe de soie ornée de dentelles de Bruxelles que ma mère, et ma grand-mère, la princesse Isabelle de Croy, avaient elles aussi utilisées le jour de leur mariage. Par contre, je n'avais pas souhaité arborer un diadème, sans doute, mon dernier sursaut d'indépendance. J'avais préféré décorer ma coiffure de fleurs d'oranger.
Le prince - Quant à moi, j'ai été accueilli avec beaucoup de chaleur par les Brésiliens. J'ai vite découvert leur sens inné des réjouissances, la samba, la musique en général qui rythme les fêtes mais aussi leur quotidien. Je me souviens aussi d'un autre type de chaleur car le soleil est particulièrement généreux en mars. Le jour de notre mariage, il y avait 34° degrés alors que la cérémonie avait lieu à 19h. Les invités en habit avaient tous très chaud et moi, encore davantage car j'étais un peu inquiet. A cause du trafic toujours dense à Rio, la mariée avait 45 mn de retard et je craignais qu'elle n'arrive jamais !

- Comment se déroula la cérémonie ?

La princesse - Elle fut très classique, avec nos amis et nos proches dans l'église. Le cortège fut escorté par la garde impériale qui, à la sortie, a rendu les honneurs en présentant les armes, une tradition toujours maintenue au sein de notre famille. La musique fut magnifique. Nous avions choisi l'Ave Maria de Gounod, l'Ave Verum et le Magnificat de Mozart et l'Alléluia de Haendel, mais pas celui que l'on a coutume de jouer
Le prince - Et il y avait aussi la chorale des enfants de Petropolis et la chorale de l'université de Petropolis.

- Pouvez-nous parler de la réception qui s'ensuivit ?

La princesse - Ma mère avait veillé à l'organisation d'une réception dans une propriété prêtée par des amis sur le Corcovado, en bordure de la forêt de Tijuca. L'endroit, près du jardin de Lamarck, était magique et plus frais grâce à la végétation. On avait dressé des tables à l'extérieur et tout fut fait pour évoquer le Brésil. Certains mets étaient servis sur des feuilles de bananier par exemple. J'ai toujours été très fière de mon pays et de tout ce qui était brésilien et il était important pour moi que mon mariage puisse le refléter. A la fin du repas, chaque invité a reçu, emballés dans du tulle, de petits gâteaux jumelés appelés des biens-mariés, une tradition typiquement brésilienne.


- Dès lors, n'a-t-il pas été difficile pour vous de quitter le Brésil ?

La princesse - C'était une décision à prendre mais quand on aime, on n'hésite pas à suivre l'autre et puis je savais que j'allais pouvoir revenir, ce n'était pas une situation définitive. De plus, d'une certaine façon, les Belges, comme les Brésiliens, sont des gens très ouverts qui aiment aussi faire la fête. De ce point de vue, je n'ai pas été dépaysée. Par contre, le climat est bien différent !

- Et vous, Monseigneur, avez-vous pu vous intégrer facilement au Brésil ?

Le prince - En fait, j'ai très vite adoré le pays, l'ambiance qui y règne et comme je l'ai déjà dit, la chaleur des gens qui vous accueillent. J'étais également assez fier de pouvoir parler portugais mais j'avais un accent du Mozambique, ce que mon épouse a essayé de corriger car le portugais parlé au Brésil est beaucoup plus chantant. Je suis toujours heureux d'y retourner et mes enfants qui parlent le portugais et ont aussi la nationalité brésilienne partagent notre attachement au pays.

- Comment se sont déroulées vos premières années de mariage ? Résidiez-vous à Beloeil ?

La princesse - Bien entendu, je connaissais le château car j'y avais été invitée plusieurs fois avant mon mariage mais après, en fait, nous nous sommes installés à Cologne. Mon époux y était pilote d'hélicoptère et servait dans l'armée belge. Par la suite, nous avons déménagé à Liège mais chaque week-end, nous retournions à Beloeil car le prince a toujours été très attaché au château. C'est une bonne chose que nous ayons pu construire notre foyer dans un autre endroit tout en pouvant profiter très souvent de Beloeil.
Le prince - Nous gardons un bon souvenir de la notre passage en principauté. Nous habitions boulevard d'Avroy. Notre fille Alix est née à cette époque. En 1986, mes activités professionnelles m'ont appelé à Bruxelles mais nous nous sommes toujours occupés du château.

- Quand aviez-vous fait connaissance ?

La princesse - En fait, nous nous sommes rencontrés en 1972, lors d'une chasse en Bavière où nous avons tous les deux de la famille. Nous aimons beaucoup cette région d'Allemagne et nous y allons chaque année. Nos enfants, eux aussi, aiment y séjourner et s'entendent à merveille avec la jeune génération. Mon époux a toujours été très proche du prince Luitpold qui a d'ailleurs été son témoin à notre mariage.

Louisa Gagliardi, Three of a Kind, 2023

Arts & Culture

Belgique, Laeken

Du 25/04/2024 au 28/04/2024

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