Florence Thibaut
14 April 2022
Depuis plusieurs mois, la très centrale place Fernand Cocq est parée d’un bâtiment flambant neuf pensé sous forme de lanterne vitrée : le nouveau siège des services communaux. Notamment conçu pour rassembler tous les fonctionnaires – autrefois répartis dans plusieurs maisons mitoyennes du quartier –, le lieu devrait permettre de repenser et dynamiser l’accueil des Ixellois. C’est l’association des bureaux d’architecture Arter et A2RC ARCHITECTS et du bureau d’ingénierie Sweco, sous l’appellation Malibran, qui a remporté l’appel d’offre il y a de cela plus de dix ans. “C’est aujourd’hui un bâtiment public avec beaucoup d’allure et de caractère. Son atrium vitré le rend unique. Très graphique et lumineux, il rayonne dans tout le quartier“, introduit Anne-Catherine Dubois, qui fait partie des trois nouveaux associés d’A2RC ARCHITECTS. “Des enjeux comme la visibilité et la transparence des services publics, la relation entre l’administration et ses administrés ou encore la place accordée aux citoyens sont au cœur de la réflexion et de la construction “, embraye Diego Carrion, également associé chez A2RC ARCHITECTS. Par le passé, le bureau bruxellois était déjà intervenu sur la maison communale de Laeken, une pépite datant du début du XXe siècle.
Les nouveaux associés d'A2RC ARCHITECTS : Diego Carrion, Anne-Catherine Dubois et Gérard Schroeder@
Découpée en plusieurs étapes, l’ambitieuse mue de l’hôtel communal d’Ixelles vient de terminer sa deuxième phase : le rassemblement de tous les services d’accueil à la population. La troisième et dernière étape aura pour objectif, dans les mois à venir, de relier l’atrium du nouveau bâtiment au Pavillon Malibran, un ancien pavillon de campagne d’inspiration néoclassique, qui sera également rénové dans la foulée. “Ce type de projet impacte durablement la vie des citoyens. Avoir des bâtiments publics de qualité, agréables et lumineux, est indispensable, c’est une forme de respect pour la population. Sur le plan esthétique, le mélange de style contemporain et d’ancien offre une mixité très intéressante, affirme Anne-Catherine Dubois. Ce n’est pas une architecture standard. L’atrium, la grande verrière, les jeux entre les différents niveaux, le volet sécuritaire à travers le bâtiment… Tous ces composants sont très techniques. Le geste architectural posé est fort.“
© DR
Sur le terrain, c’est l’architecte Sébastien De Wilde qui a géré le projet avec brio. Et Diego Carrion de poursuivre : “Le rapport à la maison communale et au pouvoir public a changé depuis les années 1980. Aujourd’hui, on est dans des relations plus horizontales. Transparent, généreux, aéré et spacieux, le bâtiment reflète ce changement de paradigme. Le citoyen est placé au centre du bâtiment et du service. L’aspect digital, notamment grâce à des iPad, a été poussé en avant pour plus d’efficacité.“
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Parmi les éléments clés du programme communal, une vraie entrée principale est désormais visible depuis la place Fernand Cocq, une passerelle conçue comme une promenade architecturale offre des vues sur les environs, les flux de circulation ont été simplifiés et il y a désormais une démarcation claire entre les espaces. Élément décisif prévu dans le cahier des charges, une séparation nette entre les zones publiques, principalement situées dans le socle du bâtiment et les endroits privés seulement accessibles au personnel communal. L’accessibilité, autre point central des requêtes communales, est désormais totale.
Vue des passerelles vers la place Fernand Coq © DR
Technique et de longue haleine, ce chantier ixellois est une bonne illustration de l’expertise d’A2RC ARCHITECTS. “Historiquement, le bureau a démarré avec plusieurs rénovations d’envergure. Il y a toujours eu une très grande attention portée à l’intégration des projets dans un bâti existant, parfois avec un mouvement de rupture, parfois dans la continuité, partage Diego Carrion. Le premier projet iconique des fondateurs était d’ailleurs la restauration de l’Opéra de La Monnaie. Il a marqué le bureau au fer rouge dans le domaine culturel.” Ainsi, les chantiers de l’Opéra Royal de Wallonie, du KVS, du Théâtre du Vaudeville, du Vaux-Hall ou encore du Musée Mode & Dentelle se sont ajoutés au fil du temps. Des projets de logements, d’infrastructures publiques (des halls sportifs aux écoles) ou des reconversions de bureaux se sont également greffés à l’arsenal des architectes. “Il y a une demande de plus en plus accrue de maintenir les bâtiments en place et de les rendre actuels. On doit alors composer avec un espace existant, forcément limité, et des contraintes fortes de surface et d’acoustique“, note Anne-Catherine Dubois, dont les collaborateurs travaillent en ce moment sur la transformation majeure de l’immense Tour Generali située avenue Louise.
Dans les bureaux du cabinet A2RC ARCHITECTS © DR
Outre la technicité et la diversité des projets, ainsi que l’expertise patrimoniale de pointe, l’ADN du bureau, qui emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes, est fait d’audace et d’innovation. “Il est indispensable d’avoir une vision qui traverse le temps et dépasse les effets de mode, soutient Gérard Schroeder, le troisième associé. Le point de départ est la qualité, qu’il s’agisse de dessin, de matériaux ou de méthode.”
La belle entrée principale, située au centre de la place Fernand Coq © DR
Depuis février 2019, une transition managériale est à l’œuvre au sein du bureau. Le couple de fondateurs, Michel Verliefden et Brigitte D’Helft, s’efface progressivement au profit du nouveau trio d’associés. Étalée sur plusieurs années, cette passation de pouvoir se fait en douceur. “Nous sommes à mi-parcours de la reprise totale, souligne Anne-Catherine. On est tous les trois depuis plus de vingt ans au sein d’A2RC ARCHITECTS. Nos parcours et nos expériences sont très complémentaires. On se connaît bien.” Et Diego Carrion de poursuivre : “On s’est choisis ! Notre grande chance est de pouvoir encore bénéficier du soutien et des conseils des deux fondateurs. Ce bureau est le fruit de toute une carrière. Il y a une vraie transmission et beaucoup d’échanges entre nous.“
Loin d’être une rupture, ce passage de flambeau prévu sur cinq ans devrait donner un nouvel élan au bureau, qui souhaite notamment être de plus en plus actif au Grand-duché du Luxembourg, eldorado immobilier. “Nous sommes très curieux de ce marché. Nous sommes inscrits à l’ordre local et impliqués dans différents projets de construction, explique Gérard Schroeder, qui se charge d’y développer la présence d’A2RC ARCHITECTS. Un de nos objectifs sera, à terme, d’y ouvrir une structure dédiée. Il s’y passe énormément de choses intéressantes.” Parmi les projets en cours, deux bâtiments de bureaux dans le quartier de Hamm à Luxembourg-ville et un nouveau lotissement de logements dans la commune de Mamer.
Couverture : L’atrium frappe par sa blancheur et sa luminosité © DR
Photos : Georges De Kinder, Caroline Lessire & Benjamin Struelens
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