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Sylvie Dejardin

29 September 2022

L’Éventail – Les maladies cardiovasculaires ont explosé ces quarante dernières années. Quels sont les différents facteurs qui expliquent cette évolution ?
Dr Jean-Paul Curtay – De nombreuses raisons expliquent cette pandémie, comme la malbouffe bien évidemment, le tabac, la sédentarité, la pollution de l’air, l’inflammation, le stress, l’oxydation des lipides sanguins, l’excès de fer, particulièrement délétère, etc. Le mode de vie des pays occidentaux est le terreau fertile des maladies dites “de civilisation” qui touchent des individus de plus en plus jeunes, du jamais vu auparavant. Avec le développement de l’industrie agroalimentaire, l’assiette s’est profondément transformée en l’espace de quelques années. Les aliments industriels, très addictifs, ont remplacé les aliments sains. La consommation de viande est excédentaire, les végétaux et donc les fibres sont largement sous-représentés, la flore microbienne s’appauvrit… Tous ces facteurs expliquent une situation très préoccupante. Mais, heureusement, nous pouvons agir sur de nombreux leviers pour réduire les risques coronariens.

– Le cholestérol fait couler beaucoup d’encre. Le débat sur les statines polarise le monde scientifique. Pourquoi occupe-t-il le haut du podium ?
– Depuis plus de trente ans, le cholestérol est la grande préoccupation de centaines de millions de personnes. Au hit-parade des médicaments, les statines sont les poules aux œufs d’or de l’industrie pharmaceutique où les enjeux financiers sont colossaux. Basée sur de vieilles croyances à la peau dure, l’élévation du cholestérol n’est pour-tant pas la cause majeure de la hausse des maladies coronariennes. Le cholestérol est essentiel à la vie de l’être humain à bien des égards. Présent dans les parois de chacune de nos cellules, le cholestérol assure leur stabilité et l’ancrage des récepteurs situés à leur surface, assurant échanges et communication entre l’intérieur et l’extérieur des cellules. Il est primordial au fonctionnement du cerveau, à la mémorisation, à l’attention et au maintien des capacités cognitives. Le cholestérol est également indispensable à la fabrication de la vitamine D dont la carence augmente fortement les risques inflammatoires, au cœur même des pathologies cardio-vasculaires. La coenzyme Q10 est, elle aussi, créée à partir du cholestérol. Antioxydant majeur assurant la production d’énergie au niveau cellulaire, elle est essentielle au fonctionnement du muscle cardiaque.

Le cholestérol, cette molécule noble, produite naturellement par notre corps, serait coupable de tous les maux. On l’accuse de boucher les artères. Pourtant, les plaques d’athéromes se composent de seulement 10 % de cholestérol, le reste étant formé de plaquettes mortes, de calcium, de fer… dont le dépôt est le résultat d’agressions inflammatoires. Il est donc essentiel de se préoccuper de l’inflammation au lieu de tirer à bout portant sur le cholestérol.

Le cholestérol exerce tellement de fonctions vitales dans notre corps que nous n’avons pas le luxe de nous en passer ou de le faire diminuer de façon drastique. Les statines peuvent être conseillées en cas d’hypercholestérolémie familiale, mais c’est la seule indication d’après moi, car les effets secondaires des statines sont très sérieux : fatigue musculaire, déclin cognitif, diabète… alors que les études montrent qu’elles ne réduisent pas la mortalité.

– Comment prévenir les maladies cardio-vasculaires et réduire leur incidence ? Quel régime et conseilleriez-vous ?
– Deux régimes alimentaires ont fait leurs preuves, études scientifiques à l’appui. Tout d’abord le régime méditerranéen qui pro-meut la consommation de bonnes graisses, comme l’huile d’olive ou de colza, peu de produits laitiers, de la viande avec une très grande parcimonie, de petits poissons riches en Omega-3, des légumes de saison à chaque repas, des fruits muris au soleil, des oléagineux, des légumineuses pour-voyeuses de fibres. Ces aliments procurent de nombreux nutriments, vitamines et minéraux qui protègent de l’inflammation et réduisent de façon très marquée les risques cardiovasculaires. Des activités physiques quotidiennes font aussi partie intégrante de cet art de vivre.

Le régime Okinawa, ensuite, présente les mêmes atouts : riche en végétaux divers et colorés, une consommation quotidienne de thé vert, de curcuma et de soja, une sobriété calorique qui réduit l’inflammation et la production des radicaux libres responsables principaux du vieillissement. Les Anciens de cet archipel jouissent du record mondial de longévité en bonne santé. Nous pouvons nous approprier ce qui fonctionne dans ces modèles pour préserver non seulement notre santé cardiovasculaire, mais aussi réduire les risques de toutes ces maladies dites “dégénératives” qui sont le résultat des mêmes mécanismes de corrosion inflammatoire.

Simone Pheulpin L'intemporelle 2023

Maison & Décoration

Informations supplémentaires

A lire

Okinawa, un programme global pour mieux vivre, Éd. Le Livre de poche, février 2008, 448 p.
Moins de viande, par le Dr Jean-Paul Curtay et Véronique Magnin, Éd. Solar, septembre 2018, 288 p.
Vous n’aurez pas Alzheimer, par le Dr Jean-Paul Curtay et Véronique Magnin, Éd. Leduc, août 2021, 416 p.

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