72 heures à Barcelone

Un long week-end à Barcelone, cela ne se refuse pas ! La ville doit à son hérault de l’architecture, le grand Antoni Gaudí, le classement de plusieurs monuments au Patrimoine mondial de l’Unesco, au premier rang desquels l’époustouflante Sagrada Familia, inachevée, mais dont le chantier verra la fin en 2026 pour le centenaire de la mort de Gaudí. Seul le parachèvement de certaines parties, dont l’immense escalier de l’entrée, demanderont sans doute huit années de plus. L’avouerons-nous ? Nous avons trouvé l’intérieur de la cathédrale à la forte symbolique plus beau et plus émouvant que ses façades, toutes différentes, illustrant la Nativité, la Passion et la Gloire. Les entrées symbolisent, elles, les trois vertus : Amour, Espérance et Foi. Pas une pierre, un vitrail, un pilier, un bas-relief qui n’ait sa signification et ne s’éclaire différemment selon la course du soleil… On ressent un choc, immergé au milieu de tant de couleur et de majesté. L’abside aux trente-six colonnes inclinées évoque une forêt élevant le regard vers la voûte céleste. Centrale, elle relie les cinq nefs et les trois entrées. Salamandres, serpents, caméléons, escargots, lézards, grenouilles… la nature, chère au cœur de l’architecte, est partout. Gaudí était doté d’une solide connaissance liturgique mais sa modestie chrétienne était réelle : il exigea que les flèches élancées et complexes de son magnum opus ne dépassent en aucun cas le point culminant de la colline de Montjuïc, créée par Dieu lui-même. La cathédrale attire 15 000 visiteurs par jour, comme nous le révèle notre guide Gonzalo Ventura. Autant bien préparer sa visite !

Le Majestic, point de chute rêvé

Plutôt que d’opter pour un logement en Airbnb, actuellement dans le viseur de la municipalité, on s’offre le faste d’un séjour au Majestic Hotel & Spa. Membre des Leading Hotels of the World, ce cinq étoiles idéalement situé sur le Paseo de Gracia, se révèle un point de chute idéal, tenu de main de maître par le general manager Pascal Billard. Accueil charmant de Santiago Martin, directeur de la communication, et d’un personnel aux petits soins. Cadre élégant, table gastronomique du SOLC, petits déjeuners exquis (réputés les meilleurs de Barcelone), rooftop couru, spa perché au 10^e étage – façon oasis urbaine dispensant notamment les soins Natura Bissé – avec un grand bassin d’hydrothérapie et un couloir de nage au sous-sol… On s’y sent si bien qu’on en oublierait de sortir pour goûter aux charmes de la capitale catalane. Et ce serait dommage, car même si l’on croit tout connaître de la ville, celle-ci réserve toujours des surprises.

Flânerie dans la vieille ville

C’est en compagnie de la charmante et pétulante Joana Wilhelm, notre guide helvéto-catalane, que nous avons sillonné les rues de la Ciutat Vella, la vieille ville. Passionnée d’art, installée à Barcelone depuis des années et à l’aise dans sept langues, elle nous entraîne pour une balade qui démarre devant la cathédrale Sainte-Croix et Sainte-Eulalie, sur la pla de la Seu. Le quartier gothique (Barri Gòtic) aux ruelles ombragées et bordées de maisons historiques, est souvent bondé. Heureusement, on s’échappe aisément des flots de touristes dans le sillage de Joana qui nous fait découvrir ici un détail sur une façade, là un raccourci passant par une ruelle improbable ou une courette surprenante. On passe ainsi, en bavardant gaiement, par les halles de La Boqueria, la basilique Santa Maria del Mar, El Born, la plaça Reial... Joana nous glisse ses bonnes adresses (voir ci-après). Une dernière incursion par la Rambla Catalunya et un taxi nous reconduit à l’hôtel pour un moment de détente dans le bassin d’hydrothérapie, avant un soin corps et visage Toque de Calma d’une heure au spa. Les amateurs d’art apprécieront les nombreuses œuvres disséminées dans tout l’établissement, jusqu’aux 275 chambres et suites : Anish Kapoor, Jaume Plensa, Antoni Tàpies, José Cobo Calderón, Richard Deacon, Dionís Baixeras, Miguel Angel Campano, Richard Long, Antonio Saura…

Gastronomie catalane au top

On mange délicieusement bien à Barcelone, ce n’est pas un scoop. Que l’on opte pour un bar à tapas et à vins, comme le Murria, ou que l’on s’offre un étoilé, on se régale… Ouvert voici moins d’un an, El Tribut nous a emballés par sa carte ultra fraîche dédiée à la mer – normal, direz-vous, pour un établissement situé le long du Port Olímpic, avec vue sur la marina et ses voiliers. On y a déjeuné vers 14 heures, horaire espagnol oblige, et on a été séduit par le décor immaculé, à la fois organique et contemporain, comme un hommage post-moderne à l’architecture de Gaudí.

Le soir, au SOLC, la table gastronomique du Majestic Hotel & Spa, le chef David Romero sert une farandole de plats de saison inspirés en partie de la parcelle bio que l’équipe cultive en exclusivité à 35 kilomètres de la ville. Nous avons dégusté un menu 5 services d’une légèreté et d’un équilibre parfaits : croquettes de crevettes rouges de Vilanova et leur queue snackée ; petits pois du Maresme mijotés avec joue de porc Duroc et touche de menthe ; soupe de châtaignes et foie gras, noisettes caramélisées ; turbot sauvage grillé, ragoût marin et petits pois (selon la criée du jour) ; cannelloni de poulet fermier et porc Duroc aux morilles à la crème ; et enfin l’émulsion de pain perdu, glace au caramel et croustillant de brioche. Le dimanche, permission de craquer pour El Brunch gourmet ! À noter que l’hôtel a son expert de la découpe de jamón ibérico.

Le dernier midi, à la Reserva Ibérica The Kitchen, le maître affineur Manuel López nous invite à déguster divers jambons, dont le Jabugo AOC Huelva (d’Andalousie) et le Guijuelo (de Salamanque, plus au nord), servis avec un xérès de Jerez de la Frontera de derrière les fagots. Le porc de race Pata negra, élevage bellota, se signale par sa musculature et sa saveur : il circule en liberté et pour trouver sa nourriture, des glands à 90%, il a besoin de beaucoup bouger… À l’inverse du visiteur qui trouvera dans tous les quartiers de Barcelone de quoi se régaler sans faire trop d’effort !