Rose & Marius : Le Sud à fleur de peau

– Quel a été le déclencheur de la création de Rose & Marius ?
Magali Fleurquin-Bonnard – Rose & Marius est née, en 2012, d’un besoin très personnel. Après quinze années dans l’univers du luxe, j’ai ressenti le besoin de revenir à mes racines et j’ai entrepris un tour du monde d’un an. Ce voyage m’a transformée, il m’a donné l’envie de raconter mes émotions, de transmettre mes souvenirs d’enfance passés en Provence, chez ma grand-mère Rose. J’ai voulu en faire des créations olfactives, uniques et artisanales pour traduire cette mémoire sensorielle.

– Pourquoi ce nom, justement ?
– Rose, c’est ma grand-mère, la figure centrale de mon enfance. Elle vivait en Provence et m’a transmis un goût profond pour les choses simples et authentiques. Marius, c’est un prénom typique du Sud, qui évoque pour moi l’identité culturelle et chaleureuse de cette région. Ensemble, Rose & Marius, c’est comme un clin d’œil poétique à la Provence de mon cœur.

– Votre démarche est très ancrée dans le territoire…
– Oui, dès le départ, j’ai voulu créer une maison de haute parfumerie enracinée dans la Provence, mais avec l’exigence des grandes maisons parisiennes. Chaque parfum est inspiré d’un lieu, d’une sensation, d’un souvenir. Et tout est fait à la main, en France, par des artisans d’art avec lesquels je travaille en étroite collaboration. C’est cette exigence qui nous a valu en 2017 le label des Artisans d’Art.

– Rose et Marius a su séduire au-delà de la région…
– Oui, la marque a grandi, tout en restant fidèle à son esprit d’origine. Nos créations parfumées sont aujourd’hui disponibles dans notre boutique d’Aix, mais aussi dans des lieux d’exception, en France et à l’étranger. Certaines ont été adoptées par des chefs étoilés, des ministères et le palais de l’Élysée. En 2022, j’ai eu l’honneur de recevoir l’insigne de l’Ordre National du Mérite. Une reconnaissance qui me touche profondément.

– Comment imaginez-vous vos parfums ?
– Chacun raconte une histoire. Un vin rosé sous la tonnelle est la toute première eau de parfum que j’ai créée. Elle évoque les longues soirées d’été sous les treilles, le rire des amis, les verres qui s’entrechoquent. C’est devenu notre best-seller, décliné en bougies, savons et diffuseurs. D’autres sont plus contemplatives, comme Une sieste dans la bastide ensoleillée ou Le Murmure des pétales de la roseraie qui saisissent des instants suspendus dans un jardin ou à l’ombre d’une fenêtre entrouverte. Une flânerie sous l’oratoire rend hommage aux oratoires aixois, petits trésors disséminés dans les rues, tandis qu’Une escale dans les calanques est ma déclaration d’amour à la Méditerranée.

– Vous évoquez souvent votre lien à l’enfance dans vos créations…
– C’est particulièrement vrai pour La Vie en roses et Marius, l’une de mes dernières créations. Elle rend hommage à la rose centifolia, que je cueillais enfant avec ma grand-mère dans les champs de Grasse. Les pétales de ce parfum ont été récoltés à la main, comme autrefois. C’est un parfum fleuri, élégant, un peu comme une madeleine de Proust en flacon.

– Et la Provence est aussi celle de Cezanne, que vous ravivez à votre façon…
– Avec Un rendez-vous avec Cezanne, j’ai voulu rendre hommage à la garrigue, à la lumière chaude de l’été, aux paysages qu’il peignait autour de la montagne Sainte-Victoire. C’est une balade olfactive, presque picturale, où l’on retrouve des notes de cuir, d’immortelle, de tabac blond, comme un écho aux couleurs saturées de ses toiles. Le parfum a été imaginé comme une œuvre sensorielle, inspirée par la bastide du Jas de Bouffan où il a vécu.