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L’antre d’une esthète : Diane de Selliers

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Éric Jansen

19 November 2025

Depuis plus de trente ans, Diane de Selliers bâtit une bibliothèque idéale en publiant un ouvrage par an, généralement un texte majeur, exhumé et illustré d’œuvres d’art. Cette archéologue du savoir n’est pas pour autant obsédée par le passé, comme le prouve son nouveau pied-à-terre parisien.

Ce qui fascine tout d’abord, c’est sa silhouette : grande, souple, déliée. Cette élégance naturelle qui s’illumine immédiatement d’un large sourire. Diane de Selliers diffuse autour d’elle une aura de sympathie. Est-ce parce que coule dans les veines de cette éditrice parisienne du sang belge ? Sans doute. “Je suis née et j’ai grandi à Bruxelles. J’ai suivi des études en journalisme et communication sociale, à l’Université libre de Bruxelles.” La jeune femme commence à travailler dans une librairie, participe à la création d’une revue littéraire, puis débarque à Paris à l’âge de vingt-quatre ans. “Je me suis sentie tout de suite chez moi.” Elle poursuit son début de carrière dans l’édition. “J’ai toujours beaucoup lu. À la maison, nous étions six enfants. Pour échapper aux bagarres, je m’isolais dans les arbres et je lisais. À neuf ans, j’étais passionnée par les récits de Jules Verne publiés chez Hetzel. Je rêvais sur les illustrations. Cela m’a ouvert l’imaginaire.” À Paris, elle travaille pour les éditions Hatier, Duculot, et parallèlement ose se lancer en solo : “J’ai sorti deux guides, l’un consacré aux sports qu’on pouvait pratiquer dans la capitale et l’autre aux services offerts aux tout petits.” Ce positionnement grand public est payant.

Séance de travail avec Joséphine Barbereau, à laquelle Diane vient de passer le flambeau à la tête des éditions Diane de Selliers. © Éric Jansen

Mais Diane de Selliers va toutefois poursuivre dans une tout autre direction : “J’ai découvert à Bruxelles, chez le libraire de livres anciens Florimond Tulkens, les volumes originaux des Fables de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry. Je me suis senti immédiatement le devoir de les rééditer.” Nous sommes en 1992. L’aventure est périlleuse, mais le succès, au rendez-vous. Elle enchaîne deux ans plus tard avec les Contes de La Fontaine accompagnés, cette fois, de dessins de Fragonard qu’elle choisit. Puis, en 1996, elle publie La Divine Comédie illustrée de la reproduction d’œuvres de Botticelli. À chaque fois, ces livres précieux s’écoulent auprès d’un public d’initiés. Diane de Selliers a trouvé son créneau : éditer des textes majeurs exhumés et magnifiés par un savant dialogue avec des œuvres d’art. Trente ans plus tard, à raison d’un ouvrage par an, sa maison d’édition est devenue une institution. “Chaque année, au mois d’octobre, les libraires attendent le nouveau Diane de Selliers. C’est un peu comme le beaujolais nouveau !”

La fantaisie est de mise dans le salon avec cette autruche de Quentin Garel. © Éric Jancen

Au-dessus de la console, une œuvre de Geneviève Claisse et des pièces d’Ettore Sottsass. © Éric Jancen

La cuvée de cette année, que l’on apparentera plutôt à un grand cru, est dédiée à Victor Hugo et ses Contemplations. Pour l’illustrer, Diane a choisi exceptionnellement la photographie et non la peinture. “C’est mon fils Jean qui m’a soufflé l’idée. Nous ne trouvions pas de tableaux qui nous satisfaisaient, et c’est devenu une évidence. Victor Hugo aimait la photographie, il avait installé un atelier à Jersey et son fils Charles s’y adonnait. Pour illustrer ce recueil de poèmes qui est en fait un journal intime, nous avons fait trois ans de recherches et trouvé des perles signées Louis DaguerreNadar, Gustave Le GrayEugène Atget.” Ce n’est toutefois pas la première fois que cette éditrice passionnée par l’art choisit une association inédite et personnelle. Dans les années passées, elle avait déjà fait preuve d’audace avec un Don Quichotte illustré par Gérard Garouste, les récits L’Iliade et L’Odysée enrichis de planches peintes spécialement par Mimmo Paladino, ou encore pour le texte La Genèse de la Genèse ces tableaux abstraits signés Malevitch et Pollock. “Il y avait aussi eu de l’art brut pour Les Contes de Charles Perrault, parfait pour exprimer les peurs et les fantasmes de chacun…”

Sur le mur de la cuisine, des œuvres de Pat Andrea et de Gérard Fromanger. © Éric Jancen

Dans la cuisine dessinée par Franz Potisek, table et chaises d’Eero Saarinen pour Knoll, sous une suspension des années 1960. © Éric Jancen

Une œuvre chère au cœur de Diane, elle est signée de l’artiste Omar Ba. © Éric Jancen

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette archéologue du savoir est donc tout à fait en phase avec son époque. Et lorsqu’elle ouvre la porte de son nouveau pied-à-terre parisien, on en prend immédiatement conscience. Les couleurs claquent et les œuvres d’art sont partout présentes. La palette a été suggérée par le décorateur Franz Potisek et immédiatement approuvée. “C’est le chantier le plus facile et le plus agréable que j’ai eu”, avoue ce dernier. Entente parfaite donc avec Diane et son mari Marc, qui partage ses coups de cœur. “Je ne suis pas collectionneuse, toutes ces œuvres témoignent d’émotions ressenties en les voyant, mais aussi de rencontres et d’amitiés.” Exemple dans le salon tendu de vert avec ce buste de Mimmo Paladino ou ce tableau d’Omar Ba à qui elle avait demandé d’illustrer le Kaïdara d’Amadou Hampâté Bâ. Ils voisinent avec une grande encre de Chine de Gao Xingjian et cette étonnante sculpture d’autruche réalisée par l’artiste Quentin Garel que Diane connaît et apprécie beaucoup. Des pièces d’Ettore Sottsass et un tapis de Marcel Zelmanovitch complètent l’atmosphère contemporaine, dans laquelle le couple et leur décorateur n’ont pas eu peur d’introduire un bureau plat Louis XV et un meuble Boulle… Carambolage audacieux qui témoigne de la personnalité de Diane. Si elle a grandi dans un château entre Zaventem et Bruxelles, pas question de rester figée dans un décor du passé.

Audacieuse association de jaune et d’orange pour une chambre vitaminée. Fauteuil Baleine d’Hubert Le Gall et tableaux de He Xi et Pierrette Bloch. © Éric Jancen

Au-dessus du lit, un tableau d’Alfred Manessier encadré d’appliques vintage. © Éric Jancen

On en a une autre démonstration en pénétrant dans la cuisine couleur vert laitue, où l’ambiance flirte avec les années 1950. Dessinée par Franz Potisek et réalisée en formica, avec un plan de travail en granit du Zimbabwe, elle procure immédiatement un sentiment de bien-être et on imagine aisément les repas pleins de gaîté autour de la table Knoll. Là encore, l’art est partout, avec entre autres, aux murs, une aquarelle de Pat Andrea qui a illustré le livre Alice au pays des merveilles, une lithographie de Gérard Fromanger, un tableau de Jean Messagier. “Un achat coup de cœur à Art Paris.” La chambre est peut-être plus audacieuse encore avec son association de couleurs : moquette orange et mur jaune safran. “On y dort très bien”, s’empresse de commenter Diane dans un sourire. Les amateurs de design reconnaissent immédiatement le fauteuil Baleine d’Hubert Le Gall, et les amoureux d’art contemporain identifient également les tableaux de Philippe Cognée et la petite sculpture d’Arman sur le bureau. Au-dessus du lit, Diane a accroché une toile d’Alfred Manessier, un choix plus pointu, à l’image de cette œuvre de Pierrette Bloch à côté du miroir de la cheminée et qui fait pendant avec un tableau de He Xi. “J’aime le dépouillement poétique de ce chemin qui traverse un champ, avec les étoiles au fond…” Peut-être qu’un jour il illustrera un nouveau livre d’art imaginé par Diane de Selliers, qui résume sa démarche d’une jolie formule : publier des textes “qui éclairent les vies”…

Les Contemplations de Victor Hugo

Les Contemplations de Victor Hugo

Les Contemplations de Victor Hugo, illustrées par les débuts de la photographie. Introductions de Florence Naugrette et de Hélène Orain Pascali. 120 photographies réalisées entre 1826 et 1910. 230 €

Photo de couverture : © Éric Jancen

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