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Christophe Vachaudez

07 November 2019

© Jacques Schneider

Au fil de ces initiatives, l’artiste se plait à décliner à sa façon les atouts culturels et les symboles d’une nation sans doute petite par la taille mais grande par ses forces vives. Et c’est avec le plein soutien des grands-ducs qu’il a développé un art ludique et patriotique qui reflète un esprit inventif, toujours en effervescence.   

L'Eventail - Quel a été votre parcours ?

Jacques Schneider - Tout a commencé à l’école maternelle, quand la maîtresse a demandé de dessiner le ciel avec le soleil. J’avais choisi le bleu mais aussi l’orange. Le bleu et l’orange sont donc mes couleurs favorites depuis l’enfance sans savoir qu’elles symbolisaient la monarchie luxembourgeoise. Aussi depuis cette époque, je les utilise tout naturellement. Dessiner, créer c’est comme respirer pour moi. Il est important que la démarche artistique demeure naturelle ou il vaut mieux s’abstenir. Un peu plus tard, la photo est entrée dans mon quotidien car si ma famille est liée à la photographie depuis six générations, je n’étais pas vraiment intéressé. Cependant un jour, un professeur de technologie nous a demandé de démonter un objet pendant les vacances d’hiver. Ma mère m’a donné un appareil photo et je me suis exécuté dessinant sur papier calque les éléments les plus importants. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur le fonctionnement et mes parents m’ont offert un livre expliquant la technique de l’appareil-photo à soufflet, l’un des plus beaux cadeaux que l’on m’ait offerts. 

Le créateur luxembourgeois Jacques Schneider
© Jacques Schneider
 

J’ai ainsi découvert que la technique permettait de transcrire la réalité mais que l’on pouvait aussi la transformer de façon à faire passer un message et j’ai trouvé cela fascinant. J’ai pu obtenir de grandes pellicules et j’ai vraiment commencé à cette époque, quand j’avais 12 ans. Plus tard, j’ai réalisé une série de grand format (100 x 100cm), des vues de Luxembourg sous la pluie. Les photos que je développe étaient techniquement belles mais la météo était tellement triste. Pourtant, par mauvais temps, les blancs explosent et les noirs semblent très profonds, voire dramatiques. J’ai posé les photos sur le sol et je eu l’idée d’y ajouter mes couleurs, orange et bleu, ce fut le déclic. Depuis, je peins toujours mes photos. L’actualité inspire mes sujets, meais toujours à travers le prisme luxembourgeois. J’ai bien édité un livre sur le Japon mais pour célébrer les 90 ans des relations entre les deux pays. Toutefois, mon sujet de prédilection demeure le Luxembourg qui finalement est un petit pays par sa surface, avec 170 nationalités que compte son territoire, je lui trouve une universalité unique. J’ai fait mes études en France et suis toujours revenu pour les vacances au Grand-Duché de Luxembourg avec mes parents qui m’ont donné le gout du patrimoine. Je le vois toujours avec mes yeux d’enfant, comme quelque chose d’un peu magique. Le Luxembourg demeure un synonyme de vacances pour moi et donc, comme un touriste, j’immortalise sans contraintes tout ce qui me touche. A travers mon travail, je présente des clichés de vacances sans toutefois perdre ma critique par rapport à ce que je vois.

Le créateur luxembourgeois Jacques Schneider avec la Grand-Duchesse du Luxembourg
© Jacques Schneider

- Quelle est l’histoire de ces fameux drapeaux constellés de luxembourgeois ?

- Il n’y aurait pas eu de drapeaux sans le grand-duc Henri. Le concept découle de l’un de ses discours de Noël en 2014 : « L’étroitesse de notre territoire ainsi que notre histoire mouvementée nous ont rendu pleinement conscients de notre dépendance à l’égard de ceux qui nous entourent. Je crois que cette prise de conscience a le mérite de nous préserver de l’arrogance. Je saisis à nouveau cette occasion pour remercier tous ceux qui apportent leur pierre à la construction d’une société luxembourgeoise ouverte et diverse. Acceptons la contribution de chacun comme un cadeau à notre cohésion. Soyons fiers et reconnaissants de notre diversité. Il est essentiel que ces temps de crise soient vécus comme une opportunité de nous rassembler autour ce qui nous unit. »  Ce message fort m’a marqué, J’ai alors décidé d’illustrer ce discours en réalisant une oeuvre d’art. L’aventure a commencé en publiant un appel à candidature dans la presse, offrant de prendre en photo gratuitement des inconnus pendant plus d’un mois, afin d’intégrer leur portrait dans des drapeaux. J’ai réalisé 160 drapeaux dont 45 ont été exposé à l’international et 115 pour le territoire national.

Le plus grand fut utilisé la veille de la fête nationale. Il mesurait 15 m de long. Il y a eu de nombreuses oppositions, chacun n’a pas mon ouverture d’esprit. C’est l’Armée fut le premier partenaire ce qui m’a beaucoup touché.  Au final, 22.000 personnes ont participé …un vrai succès. Cette œuvre a présenté ma vision de la Nation Luxembourgeoise, un peuple uni autour de son pays. Une façon de montrer que tous, nous sommes amoureux du Luxembourg quelle que soit l’appartenance. Des liens très forts se sont tissés. En tant qu’artiste indépendant et engagé, je n’ai ni mécène, ni sponsors aussi chacun de mes projets et autofinancé. Les drapeaux continuent d’ailleurs à circuler au grand-duché. Chaque année, je mets sur pied des projets participatifs. L’un eut pour objet le cancer du sein avec l’édition d’un livre répertoriant toutes les adresses utiles. J’avais aussi réalisé des photos imprimées sur du coton bio, que j’avais cousues les unes aux autres pour former une sorte d’étendard qui fut placé sur la cape de la statue de la grande-duchesse Charlotte le 14 février, le jour de la Saint-Valentin. J’ai eu 2.000 participants, une occasion supplémentaire de montrer qu’il est important d’oeuvrer ensemble.

- Comment est né le logo « Garçon grand-ducal » ?

- Á Noël, en 2017, est née une autre idée. Ma sœur voulait m’offrir un jogging, correspondant à des valeurs éthiques, coton bio, label fairwear, design luxembourgeois…et je n’ai rien trouvé. Donc, j’ai décidé de créer moi-même des vêtements ! J’ai commencé à dessiner, à trouver un producteur de coton et j’ai trouvé un logo « Leiwe boy », un jeu de mots jouant sur plusieurs significations. En travaillant à définir mon projet, j’en suis venu à parler du vestiaire du garçon grand-ducal et voilà comment l’autre logo est né. J’ai déposé les marques et ai adapté au féminin. Maintenant, je ne m’habille qu’avec mes vêtements et je pense à créer des jeans. L’engouement est vraiment extraordinaire et ce même à l’étranger.

www.3xvive.lu
Osanna Visconti

Voyage, Évasion & Escapade

Arts & Culture

Belgique, Wavre

Du 16/03/2024 au 16/04/2024

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