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Brame du cerf : voilà où et comment l’écouter

ArdenneBrameCerfForêtNature

Martin Boonen

10 September 2025

L’arrivée de la mi-septembre sonne le retour d’un moment très intense de la vie de nos forêts : celle du brame du cerf. Spectacle envoûtant et mystérieux, il est extrêmement difficile à décrire à ceux qui n’en ont pas encore fait l’expérience. Alors, le mieux pour s’en rendre compte, c’est d’aller l’écouter. Voici quelques conseils pour tenter de percer l’un des mystères du roi de nos forêts.

Le brame désigne les puissants et gutturaux raires (terme utilisé pour décrire le bruit que les cervidés mâles émettent) que l’on entend raisonner au fond des forêts lors de cette période de rut. Il est le défi préliminaire à d’impressionnants combats qui voient les cerfs s’affronter pour avoir l’honneur de s’accoupler avec les biches de leurs hardes. Après une période d’intimidation vocale, les cris rauques et profonds laissent leur place aux bruits secs et durs des bois qui s’entrechoquent, s’emmêlent, se démêlent et s’entrechoquent encore.

© DR/Shutterstock.com

Ce spectacle, au fond des bois, dans des ambiances aurorales ou crépusculaires, à quelque chose de fantasmagorique. D’autant plus que ces démonstrations de virilité sont généralement réservées aux oreilles. Dans les lumières tamisées du début ou de la fin de journée, il est en effet absolument défendu de tenter de s’approcher de trop près des animaux. C’est la période des amours, et, à l’occasion de ce rituel nuptial, les cerfs sont irrigués jusqu’au bout des andouillers par la testostérone, ce qui rend les puissants animaux nerveux et prompts à charger. Outre les véritables armes blanches que représentent les bois sur la tête des cerfs, nous savons depuis peu qu’ils sont couverts de bacteries et les blessures qu’ils causent s’infectent jusqu’à provoquer de graves septicémies. Un accident avec un cerf ne pardonne pas. Mais ne vous en faites pas, le spectacle auditif est si puissant, que vous n’aurez pas forcément envie de vous approcher pour en profiter pleinement.

© DR/Shutterstock.com

Pour maximiser vos chances d’entendre les cerfs bramer, privilégiez les soirées froides et les nuits de pleine lune, soit tôt le matin, soit en début de soirée. Étouffez tant que possible vos bruits et la lumière que, par exemple, votre téléphone pourrait émettre (baissez sa luminosité). Masquez vos odeurs, en particulier celles des parfums ou du tabac : ils vous sentiront avant de vous voir. Le cerf perçoit son environnement dans des nuances de bleus. Évitez donc cette couleur en vous habillant. Méfiez-vous des tons contrastés aussi : ils vous feront repérer plus vite. Si vous voulez essayer de discerner également cet étrange ballet, munissez-vous de jumelles, si possible à bon indice crépusculaire, voire à vision thermique, pour rester à bonne distance et ne pas vous mettre en fâcheuse posture.

© DR/Shutterstock.com

Seul…

Il est tout à fait possible d’essayer d’écouter librement le brame. Attention tout de même : une partie du domaine forestier belge est fermée à cette période de l’année. Néanmoins, en Ardenne, plusieurs zones d’écoute libre sont accessibles, notamment :

  • La N889 entre Champlon et Nassogne, avec parkings fléchés et points d’écoute prévus
  • La Tour de Priesse (Nassogne)
  • L’aire de Bilaude et l’aire des Amonys (Tenneville)
  • L’aire de la Borne (Saint-Hubert)
  • Le Domaine des Amerois (Bouillon)
  • La Plaine de Vlessart (Léglise)
  • La Forêt d’Anlier et ses sorties guidées avec le CRIE et Nature Attitude
  • La Forêt du Pays de Chimay, particulièrement au sud de Treignes
  • Les Hautes Fagnes, secteur de Jalhay
  • Le ban d’Alle, entre Corbion et Sugny

Notez qu’entre le 10 et le 30 septembre 2025, l’accès aux chemins et sentiers dans le massif forestier de Saint-Hubert est interdit de 17h30 à 8h, sauf sur certaines voiries bleues balisées officiellement.

…ou accompagné ?

Quand on n’est ni familier des cervidés, ni de la forêt ardennaise, le plus simple est souvent de participer, en s’inscrivant au préalable,  à une sortie en petit groupe organisée par un organisme spécialisé. Le CRIE de Saint-Hubert organise des balades les samedis 20 et 27 septembre dès 5h30. Le parcours forestier s’étend sur environ 3 kilomètres, réservé aux adultes, avec un en-cas inclus. Le Parc Forestia, pour sa part, accueille des groupes de 20 personnes maximum, en soirée, entre 20h et 22h30, du 18 au 30 septembre. Enfin, l’Office du Tourisme de Jalhay-Sart propose plusieurs sorties accompagnées les 26 et 27 septembre, puis les 3, 4, 5, 10 et 11 octobre à 18h15. Une séance spéciale enfants est prévue le 27 septembre.

Le domaine des Grottes de Han met en place tout un dispositif pour profiter du brame dans les meilleures conditions : des visites exclusives au lever du jour ou au coucher du soleil. Certaines comprennent même un repas dans le restaurant du parc, d’autres sont adaptées aux enfants. Le Cocoon Village, au cœur du domaine, est également un endroit idéal pour profiter du spectacle en plein glamping.

Pour ceux qui souhaitent vivre l’expérience jusqu’au bout, plusieurs hébergements proposent des séjours dédiés. Le Château de Freux, dans la commune de Libramont-Chevigny, décline des séjours de trois jours, à partir de 410 euros en demi-pension, avec accompagnement nature et écoute guidée. Le Floreal La Roche-en-Ardenne organise un week-end thématique du 26 au 28 septembre, combinant promenades et découvertes.

Confortablement !

Pour ceux qui voudraient profiter de cette expérience envoutante dans des conditions un peu plus confortables, l’Auberge de Rochehaut propose carrément un séjour complet, mêlant immersion forestière, accueil hôtelier haut de gamme et fine gastronomie. Pour l’occasion, c’est le propriétaire de l’hôtel, Michel Boreux, qui emmènera ses hôtes à la rencontre du roi de la forêt. « Nous sommes tout simplement amoureux de notre village, de notre magnifique région et n’avons pas attendu des effets de mode pour en valoriser la vie, les traditions, la beauté : près de 20 ans déjà que nous emmenons les clients à la rencontre du cerf pour vivre ce moment unique du brame ! Ce sont des partages qui nous rendent heureux » confie l’enfant du pays de la Semois. Avant le départ à la nuit tombée vers des lieux qui n’ont plus aucun secret pour Michel Boreux, la projection d’un film commenté par un guide spécialisé aura déjà plongé le visiteur dans l’univers des cervidés.

© EquinoxLightPhoto

Proposé du lundi au mercredi inclus et du mercredi au vendredi inclus, le séjour organisé par la famille Boreux comprend, outre l’écoute du brame proprement dite, deux dîners gastronomiques (en 7 et en 5 services) à L’Epi d’Or, l’apéritif offert dans la spectaculaire cave à vins, une promenade matinale en compagnie d’un guide nature à la découverte des champignons des bois tout comme de la faune et la flore locales, une visite de l’Agri-Musée. Il est également possible de visiter la Brasserie de Rochehaut et le parc animalier. Non loin de là, le restaurant Le Point de Vue, récemment rénové avec sa sublime terrasse sur le panorama de la Semois enlaçant le village de Frahan, offre une vue sur l’Ardenne belge à couper le souffle. L’hôtel est également le point de départ de nombreuses balades balisées renseignées sur une carte disponible à la réception de L’Auberge ! Bien sûr, le repos au balcon de la chambre, en terrasse, sur un transat dans un jardin fleuri a, lui aussi, toute sa place au programme…

Ceci est une liste non exhaustive. Partout en Ardenne, des communes, des hôtels, des guides nature… organisent des événements à l’occasion de cette période si spéciale de la vie de nos forêts.

Capturer le cerf… en photo !

© DR/Shuterstock.com

Les passionnés de photographie animalière trouvent dans le brame un terrain d’expression idéal, à condition de s’armer du bon matériel et d’une patience exemplaire. Un téléobjectif de 400 mm minimum est indispensable pour capturer les scènes sans perturber les animaux. Un boîtier capable de monter en haute sensibilité ISO sans perte excessive de qualité est fortement recommandé. L’usage d’un trépied ou d’un monopode est quasi indispensable, notamment pour les prises longues en basse lumière. Une mise au point silencieuse, un déclenchement discret et des vêtements de camouflage (parfois complétés d’un filet ou d’un affût mobile) permettent de se fondre dans l’environnement. La billebaude reste la technique la plus respectueuse, à condition de s’avancer très tôt, dès 6h30, ou d’arriver avant la tombée du jour, autour de 16h30. Le tout dans le silence absolu, les téléphones éteints, les sens en éveil. Pour les photographes comme pour les simples curieux, c’est la même règle d’or : se faire oublier pour mieux observer.

Partager la forêt

À cette période de l’année, il faut aussi rappeler un fait trop souvent ignoré du grand public : en Belgique, la chasse au cerf est autorisée dès le 21 septembre, en pleine période de brame. Une réalité paradoxale, qui impose la plus grande vigilance. Avant chaque sortie, il est impératif de se renseigner sur les interdictions d’accès temporaires, les battues éventuelles, ou les zones sécurisées. Il est conseillé de privilégier les sorties encadrées ou les zones d’écoute balisées. Dans certains massifs, le port de vêtements voyants peut même être requis, pour garantir la sécurité de tous (contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne nuiront pas à vos chance d’observer le gibier). Le respect des consignes locales et la prudence restent les meilleurs alliés du promeneur averti.

Le brame du cerf représente une expérience naturelle unique qui mérite d’être vécue au moins une fois dans sa vie. Que vous choisissiez une sortie libre ou une activité guidée, l’émotion procurée par ces cris primitifs résonnant dans l’obscurité de la forêt ardennaise restera gravée dans votre mémoire. La clé du succès réside dans le respect de l’animal et de son environnement, ainsi que dans une préparation minutieuse de votre sortie.

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