À force de voir les SUV devenir de moins en moins aptes au tout-terrain, on avait oublié qu’ils étaient bien les descendants de véhicules 4×4 purs et durs. Aussi, quand Audi affirme avoir développé une version “baroudeuse” de son Q8 e-tron, on a la curiosité piquée, on a envie de le vérifier et… on s’envole vers le désert d’Oman, pour un essai en avant-première !

Du côté des batteries et du moteur, rien ne change par rapport au Q8 55 e-tron qui, rappelons-le, est exclusivement produit dans l’usine bruxelloise du constructeur. Sous le pied, on a toujours 480 chevaux et de quoi parcourir 450 kilomètres “théoriques”. Esthétiquement, en revanche, Audi a décidé de ne pas faire dans la demi-mesure : calandre couleur carrosserie, énorme porte-bagages avec roue de  secours apparente, hauteur augmentée de 65 millimètres et, surtout, de gros pneus tout-terrain qui auront entre autres avantages de mettre le métal des jantes hors de portée du béton des bordures. Audi fournit en série quatre roues supplémentaires, chaussées de pneus de route classiques. Certes, ces derniers sont probablement plus indiqués au quotidien, ne serait-ce que par le gain qu’on peut leur attribuer en matière de consommation d’énergie, donc d’autonomie. Mais très sincèrement, c’est avec les pneus à gros blocs que l’allure de cette version Dakar du Q8 prend sa pleine mesure. Avouez que Rambo portant des Docksides plutôt que des combat shoes, ce serait incongru ! Par ailleurs, qui aurait envie de changer les roues de sa voiture à chaque fois qu’est envisagée une escapade dans la nature, une partie de chasse ou une rencontre hippique ? Bref, laissez au Dakar ses pneus tout-terrain, ça lui va mieux, d’autant qu’ils sont adaptés à toutes les circonstances !

Au regard du look extérieur si expressif, on est presque déçu de découvrir un intérieur tout ce qu’il y a de conventionnel. Seul signe distinctif visible immédiatement : des tapis de sol en caoutchouc. Logique, ça va avec le côté baroudeur. Le reste est affaire de quelques images spécifiques sur l’écran central, et d’un inclinomètre ajouté parmi les instruments de bord, qui évitera  éventuellement les tonneaux lors de gros exercices de franchissement.

Fun !

Oui, l’Audi Q8 e-tron Dakar est dotée de sérieuses aptitudes. Et cet essai organisé dans le désert a surtout montré – à notre immense surprise – qu’un SUV électrique peut être amusant ! Outre les parties rapides, où l’on pouvait s’en donner à cœur joie en mettant ce gros engin dans tous les sens (en déconnectant le système ESP qui empêche de glisser), nous nous sommes également attaqués à quelques zones plus lentes, où le véhicule, grâce à sa suspension pneumatique et à son couple parfaitement réparti entre les quatre roues, fait bien mieux que se défendre. Les bordures de l’avenue Louise ou de l’Albertplein n’ont qu’à bien se tenir !

Voilà tout ce que l’on peut dire de ce Dakar suite à ce premier contact, puisque nous n’avons pas réalisé d’essai classique sur routes, mais uniquement en hors-piste. Cela dit, après tout, nous connaissons déjà les excellentes qualités routières du Q8 e-tron classique, et il n’y a pas la moindre raison de craindre que celui-ci se comporte autrement. À cette nuance près, bien sûr, que les pneus tout-terrain et le porte-bagages sont sources d’un peu plus de sons de roulement et de bruits aérodynamiques. On se dit aussi que le véhicule tient sans doute moins bien la route du fait de sa hauteur de caisse augmentée, mais à quel point ? Nous le découvrirons prochainement en Europe. Cela dit, permettez-nous déjà un avis éclairé : ce sera sûrement loin d’être une catastrophe, car les voitures modernes sont aujourd’hui d’une telle efficacité que perdre quelques petits kilomètres/heure de vitesse dans les virages n’a aucune espèce d’importance. Du moins lorsqu’on n’est pas sur circuit, où l’on ne risque pas de croiser des Q8 Dakar, vous en conviendrez !

Le prix annoncé est de quelque 120 000 euros en Allemagne. Reste peut-être à prévoir un autocollant “Ceci est une voiture électrique” pour rassurer les militants écologistes qui verront évidemment le look de cette auto comme une insulte à leur vision du monde.

Audi fait triompher l’électricité au Dakar

Comme nous le disions en intro, cet essai a précédé de quelques semaines ce qu’il faut bien considérer comme un événement sportif historique. Le 19 janvier dernier, le légendaire Carlos Sainz a, en effet, remporté sa quatrième victoire au Dakar, au volant du buggy RS Q e-tron. Vous l’avez deviné, il s’agit du tout premier succès dans cette épreuve dantesque d’un véhicule propulsé par l’énergie électrique. Les moteurs du buggy étaient alimentés par une batterie haute tension et par un générateur utilisant du carburant synthétique, si bien que les 7900 kilomètres de l’épreuve ont été parcourus en émettant 60 % de CO2 en moins qu’un buggy classique. Audi a posé un nouveau jalon.