Inscrivez-vous à notre newsletter

Rédaction

19 May 2015

© Emakina, droits réservés

Eventail.be - Comment votre histoire professionnelle a-t-elle commencé?

Brice Le Blevennec - A la sortie, tardive, de mes études secondaires, j'ai travaillé pendant 18 mois dans une agence below-the-line (Paparazzi) où j'ai implémenté les solutions de PAO Apple et rencontré la responsable du studio, Catherine Decarpentrie. Elle a tout de suite compris comment utiliser le geek passionné que j'étais et m'a proposé de lancer un studio de graphisme ensemble... Nous avons créé Ex Machina en 1991, j'avais 23 ans. 10 ans plus tard le monde avait été changé par l'arrivée d'internet et du web. Catherine souhaitait prendre du recul, j'ai fusionné ma petite agence créative devenue digitale avec Emalaya, une agence e-business fondée, entre autres, par Denis Steisel. Nous avons regroupé 35 personnes sous la marque Emakina en avril 2001.

- Le digital est donc une passion depuis votre jeune âge?

- J'ai découvert l'informatique sur le système PLATO de Control Data, que l'Athénée Adolphe-Max avait reçu dans le cadre d'un projet pilote d'e-learning. J'ai vite compris comment détourner ce système révolutionnaire, muni d'écrans tactiles (avant l'iPad) et connecté au monde entier (avant l'internet) pour jouer à des jeux en réseaux (Dogfight, une simulation de combat d'avion et Moria un jeu d'aventure). C'était en 1979-1980. Il est temps que j'avoue que j'étais le pirate infiltré dans le système qui a mené au fait qu'on retire les terminaux de mon école... Puis, j'ai découvert la micro informatique et en particulier le ZX81 lors d'un voyage à Londres organisé par mon professeur de religion et la programmation Basic dans un ouvrage consacré à une douzaine de langages de programmation édité par Eyrolles. Vous comprenez pourquoi l'informatique est une religion pour moi?!

 

- De Ex Machina à Emakina, pourriez-vous nous en dire plus?

- Entre 1991 et 2001, Ex Machina a évolué en exploitant les possibilités du digital au fur et à mesure de leur disponibilité. Né studio de création pre-presse, Ex Machina s'est rapidement lancé dans les bornes interactives tactiles (pour Apple, Swatch, la FNAC, Swift, ...), dans le montage vidéo digital (JAADTOLY pour Canal +, etc.), dans les CD-ROMs. Dès l'apparition du web, Ex Machina était parmi les "pionniers" (avec The Reference et DAD) créant des sites web pour Dupuis, SonyMusic, Belgacom, Electrabel, ... En 2001 nous étions 15 et Emalaya 20, nous avons rassemblé nos forces pour créer Emakina avec la vision d'une agence full service alliant la communication au e-business. Cela a mis un peu plus de temps que prévu mais la vision était juste.

- D'une passion à un projet pour ensuite le faire grandir et construire une équipe... Quels ont été les tournants clés dans votre carrière?

- Ce sont les rencontres successives avec les personnes qui sont devenues mes associés qui constituent les principales étapes de ma carrière d'entrepreneur. Chacune de ces associations a été l'occasion pour Emakina (et moi-même) d'évoluer, comme si l'entreprise se nourrissait des compétences de chacun de ses dirigeants. L'introduction en bourse d'Emakina en 2006 a été une étape importante. Nous sommes passés d'une PME de 60 personnes gérée à l'instinct par des entrepreneurs passionnés à une entreprise structurée pour ne plus dépendre de ses fondateurs et dont les processus sont organisés pour garantir croissance et rentabilité. Aujourd'hui nous sommes plus de 600 dans 11 villes, sur 5 pays.

- Un ordre pour faire les choses et mener à bien la gestion de sa boîte?

- Je crois en la nécessité impérative de maintenir une dose de chaos pour créer des rencontres inopinées, des collisions fertiles, source d'innovation. Ce n'est pas incompatible avec une structure cohérente, une vision claire de notre positionnement et des processus efficaces. Bref un peu de folie dans beaucoup de zen...

- De votre personnalité à l'identité d'Emakina, pensez-vous que votre humour agisse comme un bol d'air frais dans le quotidien de vos employés?

- Je crois que ne jamais se prendre au sérieux est indispensable pour durer. Je commence chaque jour comme si j'étais encore en train de débuter dans ce métier, je reste émerveillé par les nouvelles technologies, je pars en vrille pour une bonne idée, je m'emballe pour des talents. Dans le même veine j'ai aussi gardé mon humour d'adolescent potache, j'adore faire des blagues absurdes, des jeux de mots idiots et des canulars (surtout le premier avril). Je suis prêt à tout pour obtenir un sourire. Bref j'ai gardé une âme enfantine et je lui dois beaucoup. Il semble en effet que mon immaturité pérenne ne soit toujours pas insupportable pour mes collègues.

- Emakina, incubateur de start-up? Pourriez-vous nous en dire plus?

- Emakina n'est pas à proprement parler un incubateur, mais nous sous-louons un étage des bureaux d'Emakina à une dizaine de start-ups dans lesquelles les co-CEO d'Emakina Group (Karim Chouikri et moi-même) sommes directement ou indirectement investisseurs. Il y a beaucoup d'échanges de technologies, de la culture digitale, de talents dans les deux sens entre Emakina et ces startups technologiques, mais Emakina n'en est pas actionnaire, ce qui évite tout conflit d'intérêt.

- Que pensez-vous du monde des applications et quelles en sont les prochaines étapes?

- Les « applications » ne sont rien d'autre que les logiciels pour la nouvelle plateforme informatique, le smartphone et les tablettes. Si rien n'est éternel, ce n'est donc pas plus une bulle que le micro ordinateur et les logiciels ne l'ont été ces derniers trente ans.  Je crois que la prochaine plateforme sera invisible, dissoute dans le monde qui nous entoure, sur notre propre corps. L'internet des objets et l'informatique que l'on porte sur soi en sont les prémices. Ce qui est certain c'est qu'entre mon ZX81 et mon iPhone 6, les capacités de stockage ont été multipliées par 128 milliards en trente ans et la puissance de calcul par un million. Imaginons où nous en seront dans 30 ans. Nous pourrons stocker plus que notre conscience n'est capable d'enregistrer de sensations, retrouver chaque fraction de seconde, et tout cela sera stocké dans une bague. Quelles en seront les applications ? Qu'en sera-t-il des études, du travail intellectuel, de la science, de l'art, de la mémoire, de la vie elle-même ?

- Quel serait votre meilleur conseil à un jeune entrepreneur?

- Croyez en vous, faites-vous votre propre religion et surtout n'écoutez aucun conseil...

www.emakina.be

Arts & Culture

Paris

Publicité

Tous les articles

Publicité