L’exposition débute sur l’autoportrait de Frida Kahlo en fauteuil roulant. C’est la seule image pessimiste. Le visiteur bascule ensuite dans l’univers incroyable de sa maison, La Casa Azul (la maison bleue), à Mexico. “Je n’ai pas souhaité m’attarder sur le drame de Frida mais évoquer son optimisme, sa joie de vivre. C’est l’artiste féminine la plus connue au monde”, s’enflamme Isabelle de Borchgrave.

Chef d’orchestre et scénographe, elle a joué de tous les instruments, de ses pinceaux, de ses ciseaux, pour découper les 4 kilomètres de papier et de carton, accompagnée de son équipe de neuf collaborateurs. Elle a également conçu le catalogue officiel et les objets dérivés, pour adultes et pour enfants, une série de 25 livres entièrement fabriqués à la main, sorte de making-of de cette œuvre polymorphe. Enfin, Isabelle de Borchgrave a préparé l’édition limitée de la boîte à bijoux de Frida que l’on peut voir dans cette présentation… Près de trois ans d’un travail titanesque.

Des œuvres en résonance

Mais comment a débuté cette aventure ? “Je devais participer à une exposition de photos anciennes sur Frida Kahlo en réalisant neuf robes en papier noir et blanc. Le projet a été abandonné par le commanditaire. J’ai peint une première écharpe colorée sur l’une des tenues prévues et l’idée a commencé à germer. Michel Draguet, directeur général des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, est venu à la maison et m’a fait une proposition. L’exposition est très différente des choix habituels de cette institution. Elle est programmée en même temps que celle prévue sur Picasso.”

Spécialiste de l’impression et de la peinture à la main sur papier plissé, Isabelle de Borchgrave a affirmé très tôt son identité singulière. Pour cet événement, elle a créé trente-huit robes, mille fleurs, des objets, des animaux, des plantes, des meubles, comme le buffet-dressoir sur lequel seront présentés les fac-similés en papier mâché des sculptures précolombiennes que le peintre Diego Riviera offrait à Frida chaque fois qu’il la trompait. Derrière une grande dame, il y a toujours un homme ! Dans le salon, l’atelier, la cuisine, le dressing, le jardin… Frida revit en salopette, à côté de son chevalet, en robe blanche ou polychrome, dans la modernité de son style fait d’un mariage de tissus traditionnels. L’exposition voyagera ensuite dans le monde entier, avec une première escale en Floride.