Trois étapes d’un cheminement introspectif : l’atelier, laboratoire de la création, est aussi le lieu de la solitude et, pour le peintre d’origine juive-polonaise traumatisé par son enfance, un refuge. L’escalier, quant à lui, est une remémoration obsessionnelle, celle d’un autre traumatisme de l’enfance, l’artiste se souvenant d’avoir été suspendu dans le vide de la cage d’escalier par son oncle le menaçant de le lâcher. L’envahissement des feuillages, se propageant sur toute la surface de la toile à partir des années 1970, convoque une nature foisonnante et presque suffocante à travers une explosion de formes inextricables et de couleurs vibrantes mêlant pastel et aquarelle.

Vues surplombantes, torses ou tourbillonnantes… des lignes de fuite omniprésentes dans les ateliers aux proliférations monumentales des feuillages, le traitement de l’espace est labyrinthique et vertigineux : clos et circonscrit dans les lignes perspectivistes des ateliers, dilaté, voire disloqué, dans les paysages végétaux, l’espace est distordu dans les cages d’escalier. Usant de l’anamorphose et de la dynamique en “coup de fouet” de la ligne serpentine empruntée aux peintres maniéristes italiens, il transcrit de manière très cinématographique les sensations de vertige et de chute.

En couverture : Szafran Sam (1934-2019) Escalier 1974 Fusain 78 x 58 cm Collection particulière © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022 (détail).