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Rédaction

12 June 2015

© Wali Issa Lee

La prolifération de "choses" à voir quand on visite la Sérénissime, déjà en dehors de la Biennale, oblige à un constat : il faut choisir ! Alors pour la 120e année de l'événement, entre programmation officielle et sessions off, le risque d'indigestion est réel. Il faudrait plus d'une vie pour apprécier à leur juste valeur toutes les œuvres présentées. L'Eventail a opéré sa sélection : le pavillon belge et nos compatriotes glissés ici et là. Parfois là où on ne les attendait pas...

Personne et les autres, le pavillon national

La proposition de Vincent Meessen, artiste belge moins connu dans son propre pays, est assez unique dans le sens où elle se veut plurielle. C'est la première fois que le pavillon accueille plus de deux artistes simultanément : Vincent Meessen a en effet invité dix artistes à partager leur point de vue sur la modernité coloniale, avec comme point de départ l'histoire du pavillon belge (édifié en 1907, sous le règne du roi Léopold II, il fut le premier pavillon étranger construit dans les Giardini de Venise) et le contexte international de la Biennale. Leur leitmotiv : explorer les conséquences des enchevêtrements politiques, historiques, culturels et artistiques entre l'Europe et l'Afrique durant la période de la modernité coloniale et son prolongement.

Le pavillon belge fut le premier pavillon etranger construit dans les Giardini en 1907 par Leon Sneyers  Maxime Delvaux
Le pavillon belge fut le premier pavillon étranger construi dans les Giardini en 1907 par Léon Sneyers © Maxime Delvaux

L'Eventail – Quels ont été les critères pour sélectionner les artistes qui allaient partager avec vous cette réflexion ?
Vincent Meessen – Ce sont en fait des artistes avec lesquels Katerina Gregos et moi travaillons. Ils partagent tous une chose : tous adoptent des pratiques de recherche, ils ne "s'inventent" pas dans une relation avec l'histoire du colonialisme. C'est un sujet qu'ils approfondissent depuis plusieurs années évidemment, ils nourrissent donc un point de vue qui leur est propre. En outre, leurs origines font qu'ils regardent ces choses qu'on les invite à partager d'une manière très spécifique. Quand vous êtes pakistanaise ou brésilienne et que vous travaillez sur une histoire particulière, votre perspective est tout à fait différente... Pour moi, c'est ce qui importait : ouvrir le pavillon à cette pluralité, cette altérité, à différentes pratiques, différents regards. Il s'agissait de penser cette question de la représentation au-delà du rapport national, dans des identités qui sont nécessairement des identités composites. C'est la force des formes de pouvoir nous faire basculer dans un imaginaire. Nous avons essayé de placer au centre de ce pavillon cette puissance de l'imagination : les choses ne sont pas comme elles sont, elles sont toujours en mouvement, toujours en train de devenir autre chose. Le pouvoir de l'imagination, c'est de bousculer ces choses qui sont données comme naturelles, stables et irréversibles.

One Two Three 2015 Video stills Three-channel digital video installation looped surround sound 35. Courtesy of the artist and Normal Brussels  Vincent Meessen
One Two Three 2015 Video stills Three channel digital video installation (looped), surround sound, 35' Courtesy of the artist and Normal, Brussels © Vincent Meessen

– Quel a été le déclic pour entamer cette exploration de l'histoire et le prolongement de la modernité coloniale ? Y a-t-il quelque chose de personnel qui a suscité cette volonté de creuser l'histoire ?
Je fais partie d'une génération d'artistes qui s'intéressent à ces questions d'héritage troublé, d'une modernité troublée qui a tenté de s'exporter aussi, pas toujours avec bonheur, et donc d'une histoire qui est assez mal connue car parfois mal transmise. Il est aujourd'hui nécessaire de la revisiter pour comprendre le présent et certaines permanences qui ne sont pas que formelles ou artistiques : ce sont aussi des manières de concevoir le monde et de penser son rapport à l'autre.

Armenity
Le pavillon arménien accueille une exposition de groupe d'artistes issus de la diaspora arménienne. Une proposition forte à quelques semaines des commémorations du génocide arménien. Mekhitar Garabedian, Belge d'origine arménienne, présente son travail lié à la mémoire et la question de l'identité comme des problèmes insolubles dans le cadre de l'île San Lazzaro sur la lagune.

Mekhitar Garabedian Untitled Gurgen Mahari The world is alive Venice 2015 Neon Site specific installation Courtesy the artist and Albert Baronian Gallery Brussels
La pavillon de l'Arménie est commissionné par Adelina Von Furstemberg. Ici, Untitled (Gurgen Mahari, The world is alive, Venice), 2015, une installation de Mekhitar Garabedian sur l'isla San Lorenzo © Albert Baronian Gallery Brussels

All the World's Futures
Cette exposition organisée par Okwui Enwezor invite les artistes à nous interroger sur le monde et ses fractures. Aucun jugement ou prédiction, juste des réflexions. Avec des Belges (nés en Belgique pour le coup) tels que Chantal Akerman et Marcel Broodthaers.

D'autres points incontournables...
The Revenge of the Common Place, un événement mandaté par le ministère de la Culture de la Communauté flamande de Belgique qui se tient au Ca'Dolfin, au sein du campus vénitien. Avec Francis Alÿs, Rinus Van de Velde et Song Dong. Notons pour terminer The Hearthbreak Hotel, une sélection des artistes des années 1970 par Walter Vanhaerents pour sa fondation au Zuecca Project Space et le salon Suisse 2015 : S.O.S. Dada qui collaborent avec différentes pointures du monde de l'art belge : Hans Maria De Wolf (VUB), Anders Kreuger (M HKA) ou encore Philip Van den Bossche (Mu.Zee).

* Katerina Gregos est commissaire indépendant, notamment pour le Wiels, curatrice du pavillon belge mais également directrice artistique d'Art Brussels.

56e Esposizione Internazionale d'Arte
Jusqu'au 22 novembre
www.labiennale.org
www.belgianpavilion.be
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Du 09/09/2023 au 01/11/2023

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