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Rédaction

17 February 2017

© 2017 Jeonwonsa Film Co.

Hong Sangsoo est le chouchou des festivals. De Berlin à Venise en passant par Cannes, chaque manifestation programme rituellement une de ses nouvelles œuvres depuis 1996 (Le Jour où le cochon est tombé dans le puits). Agé aujourd'hui de 57 ans, le cinéaste sud-coréen a son fan club. Que ses films ne touchent qu'un public minuscule leur importe peu. Au contraire, on éprouverait plutôt une sorte de fierté à l'idée d'appartenir à un club très fermé. Je dirais qu'on se trouve ici en présence de ce phénomène qu' on appelle en anglais an acquired taste: comme pour le haggis en Ecosse ou le cycle autobiographique Min kamp (Mon combat) du Norvégien Karl Ove Knausgard. Après avoir fait un essai, on aime ou on déteste. J'avoue que j'ai pris du plaisir à retrouver Hong Sangsoo sur le grand écran du Berlinale Palast (où son film est en compétition), même si la formule est à peu près invariable. Au départ, on a toujours un personnage (le plus souvent un cinéaste ou un scénariste) en pleine crise existentielle ou sentimentale. Le héros quitte généralement Séoul pour une errance dans le sud du pays, qui aboutit dans une ville provinciale au bord de la mer.En cours de route et puis sur place, il rencontre une ou plusieurs femmes avec qui il noue des relations plus au moins intimes, facilitées par une prodigieuse consommation de Soju (l'équivalent coréen du whisky ou de la vodka). La conclusion laisse toujours le spectateur dans l'incertitude quant à la résolution de la crise. La différence, dans On the Beach at Night Alone (Seule sur la plage dans la nuit), c'est que le personnage principal est une femme, une jeune actrice très belle nommée Younghee.

 
 Kim Minhee dans On the Beach at Night Alone, de Hong Sangsoo © 2017 Jeonwonsa Film Co

Déboussolée par sa rupture avec un réalisateur, elle va d'abord chercher le calme à Hambourg auprès d'une compatriote ; puis, rentrée au pays, elle retrouve de vieux amis dans la ville balnéaire de Gangneung. N'attendez surtout pas un récit cohérent et structuré. Les spectateurs à l'esprit cartésien risquent de sortir insatisfaits et exaspérés de la salle de projection. Comme dans tous les récits de l'auteur, la plupart des scènes se passent autour d'une table où les convives tiennent des propos incohérents qui vont de la confession dostoïevskienne à l'agression verbale. Je dois dire que j'ai été épaté par la prestation de la comédienne Kim Minhee, une actrice capable de passer en un instant de la tendresse à l'invective la plus virulente. Comme le suggère la dernière image de l'oeuvre, seule la nature semble capable d'apaiser les tourments de l'âme de ces créatures à la fois pathétiques et comiquement borderline qui peuplent les films de Hong Sangsoo.

 
 © REC Produtores & Ukbar Filmes


Connaissez-vous Joaquim José da Silva Xavier ? J'avoue que malgré plusieurs séjours au Brésil je n'avais jamais entendu parler de ce personnage plus connu sous le nom de Tiradentes (littéralement : arracheur de dents) qui est célébré comme un héros dans la patrie de Pelé et de Carlos Jobim. Il a même droit (nous apprend le générique) à une fête nationale, ce qui s'explique par sa rébellion au 18e siècle contre le colonisateur portugais. Entre l'évocation historique et la fiction, le film Joaquim de Marcelo Gomes évoque ce personnage aventureux, lieutenant au pays des chercheurs d'or et serviteur, comme militaire au service de la couronne, d'un système dont les injustices (racisme, corruption, esclavagisme) l'amèneront à prendre finalement le parti des opprimés. Réalisation honnête mais sans grande personnalité, et message imprégné de ce politiquement correct qui est la norme aujourd'hui dans toutes les productions sur le passé colonial d'un pays.

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