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Rédaction

15 February 2015

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L'attribution de l'Ours d'or à Taxi de l'Iranien Jafar Panahi relève de l'évidence. Le film est un incroyable tour de force (une heure et demie à l'intérieur d'une voiture), mais il faut dépasser la prouesse technique pour insister sur l'essentiel : avec un minimum de moyens, l'auteur de Offside (2006) nous livre une véritable radiographie de la société iranienne. Condamné à six ans de prison (il est aujourd'hui en semi-liberté) et à vingt ans d'interdiction professionnelle, Panahi a déjoué l'obscurantisme des ayatollahs en installant deux mini-caméras à l'intérieur d'un de ces taxis jaunes qui sillonnent Téhéran et en tenant lui-même le rôle d'un conducteur lambda. Le cinéaste se contente d'enregistrer les conversations de ses passagers (les âges, les sexes et les milieux sociaux se succèdent) et le résultat est une tranche de vie qui nous en dit plus long sur le régime des mollahs que vingt bouquins d'analyses sociologiques ou politiques. Avec, ne l'oublions pas, une formidable dose d'humour. Jafar Panahi étant évidemment privé de passeport, c'est sa nièce qui a reçu en son nom la récompense suprême. Je ne doute pas que Taxi apparaîtra cette année sur nos écrans, et dès qu'une date de sortie sera connue les lecteurs de L'Eventail en seront évidemment informés.

 Alfredo Castro, Pablo Larraín, Roberto Farías pour El Club © Droits réservés


Avec un Ours d'argent et le Grand Prix du jury pour El Club de Pablo Larrain, c'est d'une certaine façon la forte présence du cinéma latino-américain à la Berlinale 2015 qui a été saluée. Personnellement, j'ai trouvé assez glauque cette histoire où le réalisateur (né en 1976 à Santiago) nous montre un petit groupe de prêtres pédophiles envoyés en pénitence dans une maison isolée de la côte chilienne. Les comédiens sont tout à fait convaincants, l'atmosphère est désolée à souhait, et le scénario prend une tournure de plus en plus dramatique, jusqu'à un final violent où l'hypocrisie de la hiérarchie catholique est pointée du doigt. Ce qui m'a surtout rebuté dans ce film, c'est une série de dialogues où les actes pédophiles sont décrits avec précision et une insistance répétitive dont je ne vois pas la nécessité.


Comment ne pas se réjouir en voyant que la magnifique performance des deux acteurs de 45 Years, film britannique de Andrew Haigh, a été doublement récompensée ! A 77 ans, Tom Courtenay (qui fut dans les années 1960 un des interprètes iconiques du Free Cinema) est admirable de gaucherie et de fragilité dans le rôle d'un époux qui voit soudain la célébration de son anniversaire de mariage mise en péril par un drame oublié. Quant à Charlotte Rampling - dont je dois dire honnêtement que j'ai peu apprécié certains de ses films (je pense au détestable Portier de nuit -  c'est sans doute ici qu'elle aura trouvé son plus beau rôle. Une leçon d'interprétation, qu'on devrait donner en exemple dans toutes les écoles d'art dramatique (et surtout en France, où les jeunes comédiennes sont tellement médiocres : voir Léa Seydoux dans le remake du Journal d'une femme de chambre présenté en compétition).


Au total, une bonne Berlinale 2015. Et qui aura été un succès en ce qui concerne la fréquentation. Car, je le rappelle, à la différence de Cannes et Venise, Berlin est un festival où le public local est bienvenu. En témoignent les interminables files d'attente pour acheter des places bien avant l'ouverture. On parle cette année de 330.000 spectateurs. Pour moi, j'en sors fourbu mais impatient de revoir une demi-douzaine de films qui à mon avis ont marqué cette édition.

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