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Marcel Croës

02 May 2023

Le réalisateur malais Jin Ong reçoit son prix au Far East Film Festival d'Udine

Pour cette édition du 25e anniversaire, pas moins de 43 films étaient présentés en compétition.  J’avais déjà noté dans ma chronique précédente à quel point j’avais été impressionné par Abang Adik, premier long métrage (scénario et mise en scène) du jeune Jin Ong qui avait déjà une expérience professionnelle comme producteur de musique et de télévision.

Le réalisateur malais Jin Ong lors de la cérémonie de clôture du Far East Film Festival d'Udine

Le réalisateur malais Jin Ong © 2023 Alice BL Durigatto

Situé dans un quartier populaire et mal famé de la mégapole Kuala Lumpur, le récit est centré sur deux frères, Abang et Adik, qui vivent en marge de la société, faute de papiers officiels pouvant leur donner une existence légale. Abang, qui est né sourd-muet, aspire à régulariser sa situation alors que son jeune frère, rebelle et violent, s’en prend dans une crise de rage à une assistante sociale qui essaie de l’aider. La jeune femme est retrouvée morte et le film se développe alors comme une sorte de mécanique infernale. Les deux frères prennent la fuite et lorsque la police les rattrape, Abang prend à sa charge le meurtre qu’il n’a pas commis. Le dernier tiers de l’histoire atteint à une intensité bouleversante. Incapable de s’exprimer en raison de sa surdimutité, Abang assume  le crime de son frère : condamné à la pendaison,  il acquiert à la fin, comme dans une tragédie grecque, la dimension d’une victime sacrificielle. L’impact du film tient non seulement à une mise en scène parfaitement maîtrisée, mais surtout à la prestation de l’acteur taïwanais Wu Kang-Ren dans le rôle du frère sourd-muet. Longuement applaudi par le public d’Udine, Abang Adik mériterait à coup sûr d’apparaître sur nos écrans, pour autant qu’un distributeur un peu aventureux s’y intéresse.

Présenté en première européenne, Egoist de Matsunaga Daishi (né à Tokyo en 1974) retient également l’attention, d’abord par son sujet car l’homosexualité n’est encore abordée qu’avec prudence dans le cinéma japonais. Kosuke, rédacteur en chef d’un journal de mode, tombe amoureux de Ryuta, un jeune entraîneur personnel qu’il a engagé pour parfaire son physique. Cette liaison, décrite avec franchise mais sans voyeurisme, va prendre un tour inattendu lorsque le « personal trainer » décède subitement : Kosuke se rapproche alors de la mère de son amant  et leur relation devient le thème central de la dernière partie du film.  Le réalisateur a su éviter ici tous les écueils classiques des films gays : le militantisme, la mièvrerie sentimentale ou le style Cage aux Folles. Et la comédienne qui joue le rôle de la mère du jeune homme est absolument fabuleuse.

Cette 25e édition du Festival a été un énorme succès : quelque 60.000 spectateurs, 200 invités d’honneur et pas moins de 78 titres à l’affiche. On ne saurait pour autant ignorer deux préoccupations majeures qui ont occupé les esprits. D’abord, l’évident contrôle idéologique qui s’exerce sur les films produits en Chine et à Hong Kong. Et d’autre part le fait que depuis la pandémie un nombre important de spectateurs (surtout les jeunes), se sont détournés des salles de cinéma pour consommer du spectacle en streaming ou sur les envahissantes plateformes.

Photo de couverture : © 2023 Alice BL Durigatto

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