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Udine ou la fête du cinéma asiatique : un glorieux anniversaire

CinémaFar East Film FestivalFilmUdine

Marcel Croës

26 April 2023

La Hall d'entrée du Udine Far East Film Festival

Qui aurait pu imaginer il y a 25 ans qu’une petite ville située entre Venise et Trieste deviendrait une référence européenne pour notre connaissance du cinéma asiatique ? Grâce à l’enthousiasme et à l’esprit d’entreprise d’un petit groupe de cinéphiles dirigé par son infatigable Présidente Sabrina Baracetti, Udine est aujourd’hui une étape incontournable. J’y reviens toujours avec autant de plaisir, assuré de faire ici des découvertes sur la création cinématographique de l’Asie du Sud-Est (Chine, Japon, Corée, Taiwan, Hong Kong, Thaïlande, Philippines, Malaisie et même – pour la première fois, je crois – la Mongolie).

L’édition 2023 ne présente pas moins de 78 films. L’originalité de ce Festival tient à ce qu’il refuse les catégories. À la différence de mastodontes comme Cannes ou Venise, qui privilégient volontiers un certain cinéma d’auteur (parfois ésotérique, voire carrément ennuyeux), Udine accepte tous les genres, dans un esprit authentiquement démocratique : comédie, drame, horreur, science-fiction, évocation historique, thriller… J’ai même vu ici hier – pour la première fois de mon existence ! – un film coréen de 120 minutes sur le basketball que j’ai trouvé passionnant …

Des spectateurs à l'entrée du Far East Film Festival à Udine

© 2023 Luca Chiandoni

En filigrane, certains longs métrages nous permettent parfois de deviner l’évolution politique ou sociale de leur pays d’origine. Je pense à la mégaproduction Hidden Blade qui évoque l’époque de la guerre sino-japonaise : on y voit le travail mené par une section secrète du parti communiste à Shanghai dans les années 1930 et 1940. Dans l’esprit actuel du régime de Pékin, le scénario exalte la détermination des militants et contient par ailleurs une bonne dose de propagande antijaponaise. La sortie en Chine de Hidden Blade était prévue en août 2022 mais certains spécialistes bien informés avec qui j’ai bavardé ici m’ont glissé qu’il y a peut-être eu dans l’intervalle quelques interventions officielles au sujet du rôle de tel ou tel personnage…

Deux coups de coeur récents. D’abord, She Is Me, I Am Her de la réalisatrice japonaise Nakamura Mayu : quatre brefs récits interprétés principalement par la même comédienne, Nahama (connue sous ce seul nom, sans prénom). Il est question ici de la réaction à la pandémie de quelques jeunes femmes, ou comment le Covid a influencé leur vie sentimentale et leur comportement quotidien (sans qu’il y ait pour autant une connotation directe avec l’aspect médical). Une production basée sur un budget minuscule, mais qui séduit par le naturel et la vivacité des interprètes. J’ai pensé au style tout en suggestion de Ryusuke Hamaguchi, l’auteur de l’inoubliable Drive My Car.

Scène du film She Is Me, I Am Her présenté au Udine Far East Film Festival

© DR

Et puis, il y a un long métrage venu de Malaisie : Abang Adik, un premier film du réalisateur Jin Ong, déjà connu comme producteur de spectacles télévisés, qui s’affirme ici avec autorité comme scénariste et metteur en scène. Une histoire poignante de deux frères qui vivent en marge de la société à Kuala Lumpur et dont l’aîné, un sourd-muet, assume volontairement la responsabilité d’un meurtre commis par son cadet.

Scène du film malais Abang Adik présenté au Udine Far East Film Festival

© DR

Le film a bouleversé les spectateurs du Festival par son intensité émotionnelle et surtout par la prestation de l’acteur taïwanais Wu Kang-Ren, qui s’exprime en langue des signes et raconte sa détresse à la veille de son exécution.

Photo de couverture : © 2023 Alice BL Durigatto

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Cinéma

L’un des films les plus attendus du Festival est “The Chronology of Water” (sélection Un certain regard), le premier long métrage réalisé par Kristen Stewart et produit par Ridley Scott himself. Le film, basé sur les mémoires du même nom de Lidia Yuknavitch (interprétée par Imogen Poots), suit Yuknavitch alors que sa carrière prometteuse déraille à cause de la drogue et de l’alcool. Elle finit par s’en sortir, devenant une écrivaine remarquée et collaborant avec Ken Kesey pour son roman « Caverns » ( Jim Belushi, parfait). Quasi expérimental, truffé d’images cérébrales et de réminiscences sonores, “The Chronology of Water” nous plonge dans les douleurs et des traumatismes indicibles.

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