Inscrivez-vous à notre newsletter

  • HLCÉ

Elliott Erwitt, photographe du vivant

BruxellesExpositionNoir et blancPhotoPhotographie

Virginie Draelants

16 September 2024

C’est un immense artiste au talent protéiforme que célèbre la Rétrospective Elliott Erwitt à la Grand-Place. Un événement unique à plusieurs titres, notamment par son ampleur et le fait qu’elle a été conçue par l’artiste lui-même, avant sa disparition en novembre dernier. Émotions garanties !

Si la définition d’un grand photographe tient à son œil, à sa capacité à témoigner du monde dans lequel on vit et à susciter autant le (sou)rire que les larmes, Elliott Erwitt est sans nul doute l’un des plus grands d’entre eux. Une superbe rétrospective se tient actuellement (et jusqu’en janvier) entre les murs de la maison de la Louve. Elle a été entièrement pensée par l’artiste lui-même, doyen de l’agence Magnum Photos, disparu en novembre dernier à l’âge de 95 ans.

Polyglotte surdoué, né à Paris de parents russes émigrés aux États-Unis en 1939, Elliott Erwitt a sillonné la planète plus de 70 années durant, son fidèle Leica en bandoulière. Il avait affûté son œil – espiègle mais toujours bienveillant – derrière l’objectif d’un premier appareil, un Rolleiflex qu’il appelait son “bloc-notes de photographe”. “Au lendemain de la guerre, Elliott quitte son uniforme militaire et se rend directement à l’agence Magnum pour se faire engager par Robert Capa, rappelle Andrea Holzherr, Global Exhibitions Director chez Magnum Photos. Elliott avait vingt ans et y aura fait toute sa carrière.”

“Erwitt est à la fois un photojournaliste important, un grand peintre de l’intime, un photographe publicitaire, un réalisateur de films et un auteur d’ouvrages”, détaille Isabelle Benoit, commissaire et directrice R&D international chez Tempora. “Il fait partie des photographes humanistes et inclusifs. L’exposition regroupe son œuvre noir et blanc, mais aussi couleur (section Kolor), non moins intéressante et qui correspond souvent à des commandes plus commerciales. Au sein de l’œuvre noir et blanc, Erwitt a distingué huit chapitres qui correspondent à ses grands thèmes transversaux : les relations entre les hommes et les femmes, les enfants, les chiens, les musées…”

Un autoportrait du photographe en dalmatien, San Francisco, Californie, 1979. S’il était très attaché à son Leica, Erwitt utilisait aussi volontiers un Canon F-1. © Elliott Erwitt, Magnum Photos

Shooting mode, USA, 1990. © Elliott Erwitt, Magnum Photos

Chose remarquable, même dans ses travaux de commande, le photographe ne se départ jamais de son œil artistique : rien de banal, de convenu ou d’attendu ici, la surprise et l’émotion nous cueillent à chaque détour. Au gré des salles, on reconnaît des photographies devenues iconiques, certaines spontanées, d’autres de commande. Elles ne portent pas de titre, juste une date et un lieu, car Elliott Erwitt souhaitait les laisser ouvertes à l’interprétation de chacun. “Le dynamisme, les lignes horizontales et verticales font partie de ses spécificités, souligne Isabelle Benoit. Erwitt adorait les chiens et fut le premier à avoir l’idée de les photographier au ras du sol, traduisant leur point de vue sur le monde.”

Il avait trouvé un moyen tout personnel pour attirer la sympathie de ses modèles canins et garantir qu’il captait leur attention : il s’amusait à… aboyer ! Mais rien de gratuit dans cette approche et ce regard espiègle : Felix, Gladys et Rover à New York, la fameuse photo de pattes de chiens aux côtés d’une paire de jambes habillées d’élégantes bottes en cuir, mettent ces dernières en valeur pour le compte d’une marque de souliers, soulignant au passage, avec humour, ce nous qui lie aux animaux. Une jolie façon de mettre sur un pied d’égalité tous les êtres vivants. Erwitt ajoutait avec humour qu’il faut se mettre au niveau du regard des chiens pour apprécier les chaussures… Et aussi que les chiens sont de parfaits modèles : “Ils sont partout, sont habituellement sympathiques, ne se plaignent pas. Et ils ne demandent pas de tirage !” Surfant sur cette veine humoristique et universaliste, le 5 Grand-Place invite les toutous, accompagnés de leurs maîtres, à visiter l’exposition lors d’un sympathique “Rendez-vous Woof” ! Cette soirée événement, vendredi 4 octobre prochain, marquera notamment la journée mondiale des Animaux. Pour l’occasion, les chiens seront les bienvenus dans les espaces de circulation menant à l’espace d’exposition, ainsi qu’au sein de l’expo proprement dite.

Chiens et leur maîtresse sur un perron, à New York en 2000. © Elliott Erwitt, Magnum Photos

Les chiens n’étaient pas les seuls à émouvoir Elliott Erwitt. Sous son objectif tendre et affûté, les personnalités les plus en vue ont su dévoiler une part de vulnérabilité : Charles de Gaulle, Nixon et Khrouchtchev, Alfred Hitchcock, Che Guevara, Jackie Kennedy aux funérailles de JFK, Marlène Dietrich, Grace Kelly, Marilyn Monroe qui fut l’une de ses grandes amies. Erwitt fut d’ailleurs le seul photographe accrédité sur le tournage des Désaxés (The Misfits) de John Huston, film qui signera le crépuscule de Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgomery Clift.

Une célébrissime prise de vue réalisée à la demande de la Ville de Paris pour marquer les cent ans de la tour Eiffel, 1989. © Elliott Erwitt, Magnum Photos

Photographe inlassable de la diversité de la condition humaine, il a su marquer d’un humour tendre et d’une ironie bienveillante nombre de ses clichés. Conscient de cet aspect, il aimait à préciser : “Je prends des photos sérieuses de temps en temps”.

“En réalité, dire qu’il y a de l’humanité dans mes photos est le plus beau compliment qu’on m’ait jamais adressé. Si mes photos permettent aux gens de voir le monde d’une certaine façon, c’est certainement d’y voir les choses sérieuses de manière non sérieuse. Je pense que le plus important que vous puissiez faire dans une photographie est d’évoquer l’émotion, de faire rire ou pleurer les gens, ou les deux à la fois”, disait Elliott Erwitt. Mission mille fois accomplie !

Photo de couverture : Felix, Gladys et Rover, à New York, 1974. © ELLIOTT ERWITT, MAGNUM PHOTOS

Alain Mabanckou : « Angela Davis voulait faire la révolution par tous les moyens »

Livres

Entre réalité et fiction, Alain Mabanckou s’adresse à Angela Davis et livre un vibrant hommage à la militante noire américaine, âgée de 80 ans. Rencontre avec Alain Mabanckou.

Vernissage “L’Art pour l’Accueil” à Ixelles

Vie mondaine

La galerie de Rodolphe de Spoelberch, à l’espace “Hangar” au Châtelain, exposait les œuvres de plus de 150 artistes. Ce vernissage, dont c’était la 20e édition, était destiné à soutenir l’Accueil, un centre de protection de l’enfance, qui héberge, soigne les enfants et accompagne leurs parents en vue de permettre la réinsertion. © Violaine Le Hardÿ de Beaulieu

20/06/2024

Informations supplémentaires

Rétrospective

Elliott Erwitt

Dates

Du 7 juin 2024 au 5 janvier 2025

Horaires

10:00 à 18:30 (dernière entrée 17:00) – du mercredi au lundi | Ouvert les mardis des vacances scolaires

Adresse

Grand Place 5
1000 Bruxelles

Publicité

Chidy Wayne au château de Male

Foires & Expositions

Cet été, la galerie bruxelloise de Marie de Brouwer, la Grège Gallery, présente “Echoes of the self”, une exposition de Chidy Wayne dans le cadre historique du château de Male, près de Bruges. C’est la 3e exposition solo en Belgique de l’artiste hispano-guinéen.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles