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Rédaction

05 March 2015

© MMH, Paul Smith 2015

L'Eventail – Pourquoi la Belgique, et précisément Hasselt, comme escale pour cette exposition qui voyage à travers le monde ?
Paul Smith – Parce qu'ils me l'ont demandé. C'est une réponse très honnête et très simple... Comme vous savez, la précédente exposition montée à Londres a recueilli un grand succès populaire, elle a même été prolongée de deux mois et demi. Elle devait ensuite partir pour Tokyo, mais les responsables du musée d'Hasselt nous ont contacté pour accueillir l'exposition entre ces deux étapes. Nous y avons répondu d'emblée positivement. Nous avons un magasin à Anvers, et également beaucoup de clients en Belgique. Vous savez, je viens d'une ville de banlieue, Nottingham, au centre de l'Angleterre, et j'aime l'idée que ce n'est pas toujours dans les grandes villes que tout se passe... Elles surrabondent de choses à faire, tandis que, dans une ville comme Hasselt par exemple, l'événement peut agir comme un shot d'énergie.

– Vous formez donc un nouveau prétexte pour venir visiter Hasselt...
– Le public apprécie vraiment l'exposition. L'autre jour, j'ai donné une conférence, il y avait des centaines de participants ! Et puis, j'aime ce musée : sa surface d'exposition de 400 m2 est supérieure aux espaces investis à Londres et dès lors je peux montrer beaucoup plus de pièces issues de mes archives.

– Pour préparer cette exposition, vous avez dû plonger dans vos souvenirs. Quel serait pour vous le plus significatif ?
– Pour être honnête, dans ma carrière, il n'y a jamais eu un moment très significatif. J'utilise le mot "point de ponctuation" mais je n'ai jamais eu un vrai "pshit" (Paul Smith mime un décollage soudain), parce que ma carrière a été très douce. Cela n'a jamais été comme : "Allez, hop, on balance tout !" J'ai débuté avec une petite boutique avant de vendre mes vêtements à d'autres magasins. Ensuite, j'ai eu une enseigne à Londres. C'est tout doucement que nous sommes arrivés aux fashion shows de Londres et de Paris, mais nous restons toujours indépendants. C'est un détail peut-être insignifiant pour vous, mais j'aime le signaler : nous n'avons jamais dû emprunter d'argent. C'est assez unique dans le monde d'aujourd'hui. Nous n'avons pas de dettes, ce qui est très intéressant, en fait !

– Votre carrière fait aujourd'hui l'objet d'une exposition... Que ressentez-vous à l'idée d'être dans un musée ?
– Vieux... (rires). Non, je ne me sens pas vraiment vieux et je suis même à l'opposé de me sentir vieux, mais l'on se sent comme un "musée". Si on y réfléchit vraiment, cela peut signifier beaucoup de choses : être bien établi, etc. Pour être honnête, je n'y ai pas vraiment réfléchi. Ce que j'espère, c'est que cette exposition touchera les gens. C'est une exposition chaleureuse, très honnête, pas du tout une présentation où l'on voit juste quarante mannequins avec les années qui défilent : 1972, 1973... Un homme est venu me voir hier et m'expliquait qu'il adorait "l'idée du labyrinthe au début, comme une anticipation". On pense d'abord que l'on va voir des vêtements mais on voit des photos. On entre ensuite dans ce petit magasin, et puis la pièce avec toutes les télévisions. Le visiteur commentait encore : "On est déjà depuis vingt minutes dans l'exposition sans avoir vu de vêtements : c'est brillant. Cela permet de faire plus ample connaissance avec Paul Smith parce que, finalement, tout le monde sait qu'il fait des vêtements..." J'ai fort apprécié cette observation.

– Que pensez-vous que nous devrions en apprendre ?
– En Angleterre, elle s'est avérée très populaire auprès des écoles et des enfants, des jeunes étudiants... C'est une exposition très honnête. Quand vous regardez l'espace, le studio, beaucoup de grandes marques n'auraient jamais montré tout ce dont ils tirent leur inspiration. Les jeunes quittent l'exposition avec une meilleure compréhension du fonctionnement de l'industrie de la mode. Je pense en effet que beaucoup d'étudiants ne réalisent pas vraiment comment fonctionne le secteur. Ils croient que le processus consiste à faire un défilé, ouvrir un magasin et faire du networking pour connaître des gens avant de (peut-être) être engagé par une grande marque. Mais on peut le faire d'une autre manière, beaucoup plus douce, indépendante et plus lente. Pour y arriver, il faut être patient, tout prend du temps.

L'exposition Hello, my name is Paul Smith constitue donc un témoignage intéressant de l'œuvre du créateur comme du monde de la mode actuel. Petit bémol tout de même de la présentation : au lendemain du vernissage, toutes les notices et autres cartels n'étaient rédigés qu'en néerlandais. Un ancrage local délibéré ? Un catalogue bien construit (Éd. Rizzoli) pourra toutefois vous servir de guide si nécessaire.

Hello, my name is Paul Smith
Jusqu'au 7 juin
ModeMuseum Hasselt
11 Gasthuisstraat, Hasselt
www.modemuseumhasselt.be
 

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