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Rédaction

30 August 2017

© Getty/Foc Kan

Avec son espace de danse entièrement modulable, sa piscine au fond de laquelle trône un échiquier géant, son restaurant et son bar, les Bains Douches portait dès son ouverture en décembre 1978 une promesse de style, de flamboyance et d'évasion de l'âpreté du quotidien. C'est aussi un lieu qui, très vite, fait honneur à son histoire, à ces murs qui accueillaient à la fin du XIXème siècle artistes et intellectuels, dont Marcel Proust, habitué de ce temple nocturne où l'homosexualité est acceptée.

Au cours des années 1980, le public n'a pas tellement changé : à l'image du Palace, Les Bains deviennent le haut lieu des nuits parisiennes, celui au sein duquel le monde artistique vient épancher sa soif de découverte (et de décadence ?) au son des Talking Heads ou des B-52's. L'époque est en effet tournée vers la new-wave, vers ces mélodies qui refusent de choisir entre mélancolie et euphorie, et dont Les Bains incarnent la quintessence : Dead Kennedys, Depeche Mode, REM, les Rita Mitsouko ou encore Joy Division, tous viennent jouer sur la scène de cette boîte qui se dit prête à accueillir « riches ou pauvres, jeunes ou vieux, célèbres ou inconnus, mais pas de gens ordinaires », selon la formule de la physionomiste de l'époque.

En 1984, les propriétaires changent, mais l'ambiance reste la même. Jack Nicholson, Robert De Niro, Basquiat ou encore Mick Jagger viennent régulièrement y faire un saut lors de leur passage dans la capitale française, tandis que Roman Polanski et Éric Rohmer se servent de l'établissement comme décor pour leurs films respectifs : Frantic et Les nuits de la pleine lune. Les Bains polarisent alors toutes les attentions, suscitent tous les fantasmes. Pour un temps, du moins : à partir des années 1990, les propriétaires se reposent en effet sur leurs lauriers, les nouveaux programmateurs (David et Cathy Guetta) ne parviennent pas à convaincre et les Folies, nouveau lieu branché à Paris, se pose en sérieux concurrent.

 
 L'actuel bar et restaurant des Bains Douches © Droits réservés

Aujourd'hui, le lieu, qui a gardé quelques traces de ce passé chargé, s'est transformé en hôtel de luxe, mais continue d'accueillir des concerts pointus et défricheurs de temps à autres, comme ces soirées mensuelles organisées par le magazine français Les Inrockuptibles. Une façon comme une autre d'entretenir le mythe.

Chroniques royales

Bernard Réquichot, « Episode de la guerre des nerfs », 1957

Arts & Culture

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