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Maxime Delcourt

06 December 2017

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Il est troublant de voir à quel point le titre d'un morceau, 31 ans après sa sortie, peut paraître terriblement juste, symbolique d'une situation. Réécouter « Le vieux roi est mort » quelques heures après la disparition de Johnny Hallyday, c'est ainsi comprendre le chagrin de millions de fans. C'est aussi saisir à quel point le chanteur a su, tout au long de sa carrière, proposer des projets plus expérimentaux et déviants que ses interviews chez Michel Drucker ne pouvaient le laisser penser.

« Le vieux roi est mort » est en effet la troisième piste d'Hamlet, le vingt-deuxième album de Johnny Hallyday. Qui débute ainsi : « J'ai aimé l'histoire d'Hamlet, il y a certainement des raisons, des raisons profondes. Mais... c'est sans importance. » Ces « raisons profondes » pourraient bien être celles qui le lient au jeune prince shakespearien : l'absence de figure paternelle. Ce qui est sûr, c'est qu'elles incitent Johnny, 33 ans à l'époque, à se lancer avec brio dans un opéra-rock foisonnant, inspiré par Tommy des Who et In The Court Of The Crimson King de King Crimson, bourré de collaborations prestigieuses (Gilles Thibault aux textes, Pierre Groscolas à la composition, Jean Schulteis, l'auteur de « Confidence pour confidence » à la batterie, etc.), de textes subtilement poétiques (« J'effacerai même ma mémoire/Et le néant s'ouvrira/Mais je ne t'oublierai pas/J'y plongerai avec toi ») et de mélodies progressives, qui contrastent parfaitement avec le reste de sa discographie.

Il faut dire que Johnny a mis le paquet pour ce disque, enregistré pendant trois mois dans un grand studio parisien aux côtés d'un orchestre de 150 musiciens... Problème : Hamlet est un fiasco qui ne s'écoule qu'à 140 000 exemplaires à sa sortie et que Johnny peine à défendre. Si ce n'est face à des collégiens, à qui il a le bon goût de rappeler le lien qui l'unit au jeune prince danois, solitaire et meurtri : « Je pense souvent à la mort, j'ai même voulu me suicider. Mais le courage, c'est de vivre, ce n'est pas de mourir ». On est alors en 1976, Johnny vient d'enregistrer l'un de ses albums les plus audacieux (l'un des plus maudits également), et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il en fallait du courage pour se lancer dans l'enregistrement d'une œuvre aussi dantesque qu'imprévisible.

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