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Christophe Vachaudez

03 January 2022

La princesse Sirivannavari de Thaïlande n'est pas seulement passionnée de mode, c'est aussi une créatrice

Sa présence assidue aux défilés des grandes maisons confirme cette inclination, devenue depuis quatorze une réelle vocation. En effet, la jeune femme ne vient pas en touriste puisqu’elle a obtenu un diplôme en Design de la chambre syndicale de la couture parisienne et qu’elle-même, présente ses collections sous le label Sirivannavari, son royal prénom. Dotée d’un caractère affirmé, la Princesse a pu s’affranchir de certains tabous et mène une vie relativement indépendante. Et l’accession au trône de son père, en 2016, ne semble pas avoir changé les choses. Quand elle nait le 8 janvier 1987, le prince Vajiralongkorn, lui-même fils aîné du roi Bhumibol, n’a pas encore convolé avec sa mère Yuvadhida Polpraserth.

© DR

Ramenée de force en Thaïlande

De même, les quatre frères aînés de la princesse Sirivannavari ont vu le jour hors mariage. Le prince héritier mène une vie parallèle peu conforme à son rang mais qui n’a rien d’anormale en Thaïlande. Contre l’avis de ses parents, il décide de divorcer de sa première épouse, une sienne cousine, et s’unit finalement en 1994 à la mère de ses cinq enfants. Il ne faut pas deux ans pour qu’un nouveau divorce soit prononcé, sous prétexte d’adultère. La princesse Yuvadhida Polpraserth, par crainte de représailles, s’enfuit à Londres avec sa progéniture. Privée de passeports, la famille en fuite est interdite de séjour en Thaïlande et le prince héritier fulmine. Ignorant ses fils qu’il ne veut plus voir, il ordonne pourtant un rapatriement forcé de la cadette qui revient à Bangkok et réintègre la maison royale.

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Bientôt, elle s’inscrit à l’univeristé Chulalongkorn où elle décroche un diplôme en Histoire de l’art. Le 15 juin 2005, son grand-père le roi Bhumibol officialise sa position et lui confère le titre de princesse royale. Sa grand-mère, la reine Sirikit, la prend sous son aile et la rebaptise de son prénom actuel, afin de tourner la page. La vénérée souveraine n’a jamais apprécié la deuxième épouse de son fils, une ancienne actrice, et a d’ailleurs refusé d’assister au mariage, au contraire de son mari Rama IX. Il est vrai qu’elle ressentait l’éviction de la première épouse comme un affront personnel puisqu’elle était issue de sa propre famille. La jeune Sirivannavari découvre le dressing de son aïeule, un rêve pour une créatrice aspirante. Tout a été précieusement gardé et les tailleurs, autres tenues de jour et robes du soir rebrodées par la maison Lesage, sortent tous de l’atelier de Balmain. On compte nombre de modèles exclusifs que le couturier a dessiné pour la Reine, utilisant des tissus thaïlandais fournis par le palais. Á cela s’ajoutent les accessoires, chaussures, sacs à main, gants et chapeaux…une véritable caverne d’Ali Baba, reflets de plusieurs décennies riches en changements stylistiques. Émerveillée, Sirivannavari dont la culture s’est internationalisée, pense qu’il faudrait sortir des limbes cette garde-robe d’exception et, avec l’accord de la famille, l’idée d’un musée prend forme.

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Elle se concrétise et l’institution est inaugurée en 2012, accueillant depuis des millions de visiteurs, heureux de retrouver leur Reine à l’époque de sa splendeur. Complice durant tant d’années, la maison Balmain offre en 2007, une chance inespérée à la petite-fille de sa plus fidèle cliente en lui permettant de présenter en ses murs une première collection intitulée ‘Présence du Passé’. Dédiée à la reine Sirikit, elle rencontre un tel succès que la princesse monte son propre défilé, l’année suivante, à Paris. Dans son pays, les Thaïlandais connaissent Sirivannari pour ses créations mais aussi pour ses exploits sportifs.

Joueuse de badminton et créatrice de mode

Brillante cavalière, elle a participé à de nombreuses compétitions mais elle excelle surtout en badminton et a remporté avec son équipe la médaille d’or aux Jeux d’Asie du Sud, organisés aux Philippines en 2005. Les championnats thaïlandais ont d’ailleurs été rebaptisés du prénom de la Princesse. Elle assiste aussi à tous les événements importants du calendrier officiel et aux cérémonies d’importance. Très affectée, on l’a vue, de noir vêtue, aux funérailles du roi Bhumibol, puis, plus primesautière, au couronnement de son père, le roi Rama X, sautillant sur le balcon, un téléphone en mains, pour immortaliser ces instants uniques. Elle entretient des rapports cordiaux avec sa tante la princesse Sirindhorn, et a essayé de nouer des liens avec sa demi-soeur, la princesse Bajrakitiyabha, née du premier mariage de son père, et son demi-frère de quatorze ans, le prince Dipangkorn Rasmijoti, né quant à lui de la troisième union du Roi.

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Quand elle séjourne en Europe, il n’est pas rare que Sirinnavari pose comme modèle pour les magazines internationaux, une façon de promouvoir sa ligne de vêtements, qui pour l’édition 2019 comprenait 59 tenues pour femmes et huit pour hommes. Des effets froncés et des éléments matelassés animent des silhouettes destructurées et des robes aux coupes asymétriques. Des broderies de perles africaines pour le côté ethnique, des motifs sortis de l’imagination de la Princesse évoquant un monde extra-terrestre se marient au ‘S’ de la marque déposée et au paon, symbole adoubé de la Princesse. Accessoires en cuir, chaussures, étoles, serviettes et maillots de bain complètent une collection qui s’est enrichie de bijoux en or rose serti de nacre, de perles, de malachite et de lapis-lazuli, un univers coloré qui correspond bien à cette Princesse dans le vent issue d’un pays où modernité et tradition ont toujours fait bon ménage.

Osanna Visconti

Voyage, Évasion & Escapade

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