François Didisheim
17 September 2024
Le refrain est connu : nombre d’entre nous ont une brique dans le ventre. Et quand on pense investissements, nous sommes pléthore à penser au secteur immobilier. Cependant – méfiance ! – investir dans la brique n’est pas sans risque et peut se révéler… coûteux. Il y a deux semaines, dans cette tribune, le précité Amid Faljaoui nous mettait déjà en garde : « Lorsque vous achetez un bien immobilier, vous perdez instantanément 15 à 20% de votre mise de fonds sous forme de droits d’enregistrement, frais de notaire, petits travaux d’aménagement, etc. En clair, il faudra attendre quelques années pour compenser cette perte. »
Alors, certains, forts de leurs expériences, trouvent la parade, avec un esprit moderne. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe qui. À trois, ils totalisent près d’un siècle d’expérience dans les secteurs immobilier et financier. En tant que Managing Partners, Vittorio Mettewie, Pierre Pozzi Belforti et Rik Vandenberghe (ex-ING, ex-Besix) pilotent Next Day Sustainable Holdings, Le cœur de métier de cette entreprise au nom prometteur est d’investir en Wallonie, dans des logements se voulant abordables pour la classe moyenne de la population et performants au regard des normes environnementales du futur. À savoir 2050 !
De gauche à droite : Vittorio Mettewie, Rik Vandenberghe et Pierre Pozzi Belforti forment le triumvirat de Next Day Sustainable Holdings, une société d’investissement de logements abordables mis aux normes de 2050. © DR
Nous sommes donc ici dans le résidentiel et la raison avancée par nos promoteurs du jour est assez simple : « C’est un besoin primaire, essentiel, tout le monde a besoin d’un toit, il y a toujours une demande » lance Pierre Pozzi Belforti. « La crise sanitaire et le confinement ont livré leurs enseignements. En ville, sans terrasse, sans balcon, sans jardin, sans verdure, dans un espace réduit au prix élevé, c’était l’horreur. » Et c’est là que Pierre aborde le second “nouveau risque” identifié ces dernières années, celui de voir la valeur d’une construction diminuer parce qu’elle ne correspond pas aux nouvelles normes environnementales. « C’était latent, les gens n’y croyaient pas trop, mais l’Union européenne a été le premier ensemble mondial à, d’une part, exiger une réglementation extrêmement stricte et, de l’autre, financer un programme “Next Generation EU” de 750 milliards d’euros. C’est dire l’intérêt qu’elle y accorde. À partir de fin 2025, les grandes entreprises seront obligées de sortir un reporting très détaillé de leurs émissions de CO2 ». Il faut donc s’y préparer à temps pour ne pas être pris au dépourvu. Ce qu’ont bien compris nos trois experts : « Le secteur de la construction est particulièrement visé, pour les émissions de carbone au niveau des matériaux, de leur transport, de leur assemblage, ou durant la vie du bâtiment. Comme nous partions d’une feuille blanche, avec des surfaces importantes non construites, sans bâtiments vétustes à rénover à grands frais, nous ne nous sommes pas précipités. Nous avons laissé la tempête passer et avons pris le problème à rebours. Idéalement, quel produit fini voulions-nous ? Notre pari : anticiper et répondre autant que possible, dès aujourd’hui, aux normes européennes de décarbonation ou d’autonomie verte à l’horizon 2050, tout en maintenant nos ventes et locations à un coût accessible pour 50% de la population. Je dirais les 20% juste en dessous du revenu moyen et les 30% juste au-dessus. En gros : ce qui n’est pas habitation sociale ou résidence de luxe. »
Il y a beaucoup d’ambition chez nos experts, mais encore faut-il avoir les moyens de la réaliser. Et là aussi, nos trois entrepreneurs ont montré leur esprit novateur : « Avec une sorte de stratégie à 360 degrés : que doit-on utiliser comme matériau, quel type de production privilégier, comment fonctionne-t-on en usine, pré-assemblage, livraison sur chantier, est-ce que l’isolant utilisé est compatible, quelle est la charge en CO2 ? On décarbone non seulement à la construction, mais également au niveau de l’énergie dont on a besoin. Nos terrains sont suffisamment grands pour installer différents générateurs d’énergie verte, géothermie verticale et horizontale, panneaux solaires, éoliennes… mais aussi pour accueillir un système de batterie permettant de stocker l’énergie que nous produisons nous-mêmes et celle que l’on peut acheter sur le réseau quand elle est à prix négatif, ce qui permet de servir acheteurs et locataires à des coûts nettement plus concurrentiels. Nous intégrons toute une série de technologies avancées, nous sommes fortement digitalisés, avec des systèmes en 3D, de l’intelligence artificielle, de la dématérialisation de l’information. En bref : la quintessence de ce que l’on vit depuis vingt ans ».
Newsletter Lobby du 13 septembre 2024, rédigée par Charles-Albert de Romrée et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici