François Didisheim
25 June 2024
Avant d’élargir le propos, nous avons tenu à centrer le début de l’entretien sur le thème précis de ce numéro de Lobby, à savoir : l’apport des nouvelles technologies dans la rénovation immobilière. Même si ce n’est pas vraiment le core business de notre interlocuteur, on sent tout de suite son intérêt pour le sujet : « Je sais qu’il y a de belles réussites en la matière, de l’ancien préservé qui est comme du neuf. L’immeuble ING rue Marnix, un des plus emblématiques de la capitale, datant des années 60 et bénéficiant d’une structure architecturale relativement intemporelle, a gardé son cachet tout en répondant aux normes énergétiques et de durabilité du 21e siècle : châssis, techniques, méthodes de production chaud-froid. Le Centre Monnaie, qui abritait l’ancienne poste de Bruxelles à deux pas de la place de Brouckère, fait également peau neuve, complètement rénové, tout en vitrage, respectant le design original et la structure initiale. La démarche est saine, et vivement encouragée par les autorités, pour ne pas dire quasiment coulée en obligation réglementaire. L’urbanisme ne veut plus qu’on démolisse, pour réduire autant que possible l’empreinte carbone dans la ville. » Une préoccupation écologique à laquelle a toujours été attentif Serge Fautré.
Le nouveau Palais de Justice de Namur © AG Real Estate
AG Real Estate est surtout présent dans les immeubles de bureaux et le résidentiel. Alors, qu’en est-t-il dans ces secteurs précis ? D’emblée notre interlocuteur précise que « Naturellement, nous aspirons à respecter les conseils des spécialistes climatiques du GIEC pour la protection de l’environnement ». Mais aussi que « Même si l’architecture de l’ancien bâtiment laisse à désirer, il semble que la meilleure approche aujourd’hui soit effectivement de le réhabiliter, quitte à en modifier la façade. En préservant au moins l’ossature, on limite l’utilisation de nouveau béton. Mais est-ce vraiment aussi simple ? Pas vraiment. Je prends un exemple : de nos jours, on préfère les open space alors qu’auparavant, on avait tendance à multiplier les bureaux individuels, donc les colonnes, sur un même étage. Comment créer suffisamment de résistance pour soutenir l’ensemble sans toutes ces colonnes ? C’est un travail coûteux et extrêmement complexe. Nous possédons un bâtiment à Bruxelles, entre la rue de Trêves et la rue d’Arlon. Il aurait été plus économique pour nous de le démolir, mais on nous a dit que nous obtiendrions un permis à condition de préserver la structure. C’est probablement le coût à assumer pour réduire l’empreinte carbone. Pour les maisons individuelles aussi, les communes demandent de plus en plus souvent de conserver une partie de la structure lors des rénovations. »
© AG Real Estate
Outre l’écologie (dans une large acceptation du terme), AG Real Estate s’investit aussi dans d’autres domaines : « Notre groupe a pris l’engagement de supporter l’économie belge, d’être un acteur social, de participer à des partenariats avec les instances publiques, aux conditions du marché. Certes, nous utilisons les fonds des assurés pour investir – un tiers des Belges sont assurés pour la vie avec AG – et si ce que nous faisons ne génère pas de bénéfices je perdrai la face et mon job, le régulateur ne le permettra pas. Néanmoins, le secteur immobilier ne peut être considéré comme crédible que s’il contribue au bien-être et à la modernisation du pays. Un pays dans lequel, c’est un fait, nous devons composer avec des idéologies différentes selon les régions. »
Mathieu Michel et Serge Fautré © Didier Lebrun/Photonews
On le lit, Serge Fautré n’aime pas la langue de bois. Pour découvrir tout ce qu’il a à nous dire, et plus, rendez-vous dans le nouveau Lobby, ici !
Photo de couverture : © Didier Lebrun/Photonews
Newsletter Lobby du 14 juin 2024, rédigée par Charles-Albert de Romrée et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez Lobby, la revue des cercles du Pouvoir, ici