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En toute santé : Le Cancer … et après ?

CancerDr. Corinne HubinontKick CancerSanté

Corinne Hubinont

04 September 2024

En Belgique, de nombreuses initiatives sont proposées pour améliorer la qualité de vie des patients durant la prise en charge de leur cancer : interruption ou adaptation du temps de travail , soins esthétiques, cours de relaxation , groupes de discussion, entretien psychologique, … Il existe également des ouvrages sur la maladie vue par le malade qui aborde le sujet sans tabou et donne les « trucs et astuces » pour passer ce cap au mieux (1). En revanche, dès la fin du traitement, l’attention des soignants et même de la famille est moins présente et le malade (qui ne l’est plus) se sent livré à lui-même. Cet « après cancer » est une étape difficile qu’on commence à prendre en compte dans les services d’oncologie en abordant divers aspects du mode de vie pour éviter les récidives.

En 2023, on a diagnostiqué presque 80.000 nouveaux cas de cancer en Belgique. Ce chiffre est en augmentation par l’efficacité des tests de dépistage mais aussi grâce à l’amélioration des traitements classiques et l’apparition de nouvelles thérapies ciblées. On estime que la survie moyenne à 5 ans atteint 70%, ce qui donne un peu plus de 50.000 survivants du cancer par an.

Les recommandations générales pour améliorer la survie

L’exercice physique

Durant un minimum de 30 minutes par jour, c’est un excellent moyen de prévention des récidives démontrées sur les cancers du sein, colon et prostate selon la Fondation contre le Cancer. Le yoga et les autres gymnastiques douces ont un effet anti-anxiété reconnu durant et après les traitements (2). La prise en charge psychosociale est importante tant pendant les soins qu’après. Elle permet de dépister et de traiter l’anxiété et même la dépression que vont présenter les patients cancéreux. Elle est parfois aussi bien utile pour permettre une réinsertion au travail. Le retour au travail est une étape importante qui nécessite de l’adaptation mutuelle entre l’employeur et le malade. Il faut savoir qu’actuellement le cancer est la troisième cause responsable d’une invalidité de longue durée. Pour ceux qui le souhaitent et qui le peuvent , le travail avec un mi-temps médical est une option. Il existe aussi des initiatives pour aider à réussir au mieux le retour au travail après les soins d’un cancer comme le projet Cancer&Work, crée chez BNP Paribas Fortis .

L’alimentation

De nombreuses études s’intéressent au lien entre l’alimentation et la survenue des cancers en général. Une alimentation trop riche en calories, graisses et protéines d’origine animale serait un des facteurs de risque pour plusieurs types de cancers. La consommation d’alcool même à de faibles doses est aussi un facteur de risque de cancer rapporté par de nombreuses études. La prise de fruits et de légumes est importante car riches en polyphénols qui sont des antioxydants et donc ont un effet protecteur anti-cancer (3).

La consommation de curcuma a des effets positifs sur le traitement des cancers, notamment pendant les périodes de chimiothérapie © DR/Shutterstock.com

Les compléments alimentaires

L’effet préventif de compléments alimentaires vis-à-vis du cancer est très controversé. Certaines études suggèrent que certains d’entre eux pourraient même augmenter l’incidence de certains cancers comme celui du poumon et de la prostate. Leur prise sans avis médical est donc à proscrire. Certains compléments d’origine végétale peuvent s’avérer toxiques soit par leur effet direct soit si leur origine n’est pas adéquate. Ils peuvent avoir des effets sur l’organisme comme par exemple sur le taux de glucose, la fonction rénale ou hépatique. La prise de valériane, de ginseng, de ginkgo biloba ou même simplement de pamplemousse peut interférer avec l’efficacité des traitements comme la chimiothérapie qui peut perdurer plus longtemps dans l’organisme.

  • Le curcuma est une plante médicinale dont le rhizome(racine) de couleur orange , est riche en polyphénols (substances qui ont des propriétés antiinflammatoires mais aussi antitumorales ). Le curcuma bloquerait la division cellulaire en bloquant l’activité d’enzymes importantes dans le fonctionnement cellulaire. Il existe des études cliniques étudiant l’efficacité du curcuma en addition à la chimiothérapie dans le cancer du sein. Son effet antiinflammatoire est utile pour diminuer la prise d’antidouleurs et il existe peu d’effet secondaire (4).
  • L’acide folique : cette vitamine essentielle au bon fonctionnement de l’organisme pourrait avoir un effet préventif sur la survenue du cancer du sein, surtout si il y a une consommation d’alcool plus élevée (5)
  • La Vitamine D est présente dans les aliments gras (produits laitiers, poissons gras,…) et est aussi produite par les cellules cutanées (peau) exposées au soleil. Elle gère le métabolisme du calcium et joue un rôle dans l’immunité. Son taux est en général bas dans les pays peu ensoleillés comme la Belgique et sa supplémentation permettrait de réduire de 10% le risque de développer un cancer du sein. (6)

1. Mon carnet de (sur)vie: Voyage au pays du cancer du sein. Corinne Hubinont. Ed Racine
2. Clinical practice guidelines on the evidence-based use of integrative therapies during and after breast cancer treatment. Greenlee H, DuPont-Reyes MJ, Balneaves LG, Carlson LE, Cohen MR, Deng G, Johnson JA, Mumber M, Seely D, Zick SM, Boyce LM, Tripathy D. CA Cancer J Clin. 2017 May 6;67(3):194-232)
3. Martel F et al. Effect of polyphenols on glucose and lactate transport by breast cancer cells. Breast Cancer Res Treat 2016, 157:1-11).
4. Curcumin : An age-old anti-inflammatory and anti-neoplastic aegant. Fadus MC, Lau C, Bikhchandani J, Lynch HT, J Traditional & complem Medicine 2017, 7,(3), :339-46
5. Chen P et al. Higher dietary folate intake reduces the breast cancer risk: a systematic review and meta-analysis .Br J Cancer. 2014 Apr 29;110(9):2327-38
6. Obaidi J et al. Vitamin D and its relationship with breast cancer : an evidence based practice paper. Glob J Health Sci 2014,27,7:261-6

Le Dr. Corinne Hubinont, gynécologue obstétricienne de renom, est Professeur Émérite en obstétrique à l’UCLouvain dont elle a également été pendant des années la cheffe de service clinique du département d’obstétrique (médecine fœtale et maternelle) et la responsable à l’IREC du département de recherche en obstétrique.

Photo de couverture :  DR/Shuuterstock.com

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