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Sybille Wallemacq

12 July 2019

© DR/Shutterstock.com

« Résiste au mantra de la vitesse qui mène violement à la perte de soi-même. Résiste à l'illusion de quelque chose de neuf à n'importe quel prix »*. Tels furent les mots d'Alessandro Michele, directeur de la création chez Gucci pour le défilé de la marque à Milan en 2017. Résistez à la vitesse, à la tentation, au risque de se perdre. De tout perdre si l'on en croit les récentes théories de la collapsologie (un nouveau mouvement qui étudie « l'effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder », ndlr).

Coutney Love au bras  d'Alessandro Michele, directeur de la créaction de Gucci © Backgridus/Photo News 

Les bonnes intentions affichées par Gucci n'ont pas été suivi d'effets, et dans une partie du monde de la mode, la vitesse est monnaie courante. Les grands groupes de luxe et de la fast fashion bombardent. au rythme des saisons de nouvelles pièces avec un marketing redoutable et une éthique douteuse (voir à ce propos le reportage de Cash Investigation, Luxe : les dessous choc dont nous vous parlons dans l'article 'Un autre luxe est possible' à lire ici). Et qu'un appel à la résistance émane d'un grand directeur créatif n'est pas anodin. L'histoire nous a donné des indicateurs négatifs à propos d'un système en place : burn out de directeurs artistiques, dénonciation de conditions de travail inhumaines, etc.

 
© DR/Shutterstock.com 

Trouverions nous ici les raisons de la naissance de la slow fashion ? Trop, trop vite ? Même si aucun manifeste ou « journée de la slow fashion » n'existe encore, les initiatives et créateurs qui travaillent dans cette veine sont nombreux. De plus en plus nombreux. En effet, contrairement à l'organisation internationale « SlowFood » (dont nous vous parlerons dans quelques semaines) ou au « Slow art day » (qui se tient chaque année le 6 avril et dont nous vous parlions ici), la slow fashion n'a pas encore son réseau de référence même si le mouvement Fashion Revolution existe, par exemple.

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Mais en quoi consiste la slow fashion ? Alors que dans notre série « Mieux consommer la mode » (que vous pouvez retrouver ici) nous vous avons livré une série d'actions concrètes pour mieux consommer, agir en tant que consommateur, nous allons maintenant tenter de répondre à cette question avec le point du vue des créateurs. Après avoir dépouillé de nombreux articles des rubriques mode du New York Times et du Guardian, nous avons pu dresser une liste (non exhaustive) de ce que les designers slow fashion prônent :

- renoncer au calendrier traditionnel de production/vente (collections minimum 4x/an)
- parler en décennie plutôt qu'en année
- créer des modèles faits pour durer, disponibles toute l'année
- rechercher une certaine intemporalité et dessiner de pièces pouvant être portées avec n'importe quelle autre. Pas de « total look ».
- travailler avec des artisans
- travailler avec des matières natures qui conservent leurs caractéristiques à travers les années : 100 % coton, la laine, la soie, le cachemire...
- produire de manière durable

 

Certains appellent aussi la slow fashion la conscious fashion tandis que d'autres la décrivent simplement comme un retour à un schéma de productions plus ancien en réaction à la lassitude des débats sur le rythme effréné de l'industrie de la mode. Faire fi des évolutions et changer de modèle signifierait pour certains que notre civilisation s'est trompée.

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Mais se tromper n'est-il pas humain ? En témoignait Sénèque « Errare humanum est ». Rebrousser chemin n'est donc pas forcément négatif... l'admettre serait plutôt vu comme une preuve de sagesse. Par contre, ajoutait saint Augustin « diabolicum est per animositatem in errore manere » (« persister dans l'erreur par arrogance, c'est diabolique »).


* traduction libre de "Resist the mantra of speed that violently leads to losing oneself. Resist the illusion of something new at any cost."
** Diderich, Joelle in "Galliano Case to Head Back to Labor Court". WWD, publié 28 novembre 2013.
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