Stéphane Lémeret
06 May 2025
La légende affirme que la première course automobile de l’histoire a eu lieu dès que fut construite la seconde automobile. Et qu’en ces temps de pionniers, jusqu’à bien après la moitié du siècle dernier, la course a été le principal vecteur de développement de l’automobile. Les exploits des constructeurs attiraient à eux les clients qui voulaient partager un peu de cette gloire, soit de façon allégorique, soit en participant en personne à des courses avec leur voiture, portant par là même les couleurs de la marque chère à leur cœur. Conduire la même voiture que celle qui gagne… Ce rêve a été aisément réalisable – pour peu qu’on en ait les moyens – des décennies durant. On pouvait acheter la même Bentley, la même Ferrari ou encore la même Fiat et la même Simca que celle que l’on avait vue franchir en premier un drapeau à damier.
Jusqu’à ce que se pose sérieusement la question de la sécurité… Plus les bolides gagnaient en puissance, moins il était envisageable de les confier à n’importe qui. Les chemins de l’automobile de compétition et de la voiture normale se sont ainsi séparés. Dans certains cas, elles ont continué à partager des traits de famille, mais leurs performances, et surtout les sensations de conduite qu’elles offraient, sont devenues radicalement différentes.
Le rêve, lui, a continué. En dehors des catégories reines, comme la F1 ou le plus haut niveau de l’endurance, les voitures de sport italiennes, anglaises ou allemandes ont continué à “se tirer la bourre”. À la faveur des changements de règlements et des créations de nouvelles catégories, certaines de ces compétitrices sont redevenues très proches de leurs petites sœurs de production. Les constructeurs, sentant le filon commercial, ont alors édulcoré leurs voitures de course juste ce qu’il faut pour les rendre légales. Chez Ferrari, Aston Martin ou Porsche, ces modèles pur-sang ont immédiatement trouvé leur clientèle de passionnés et/ou de collectionneurs patients, qui ont rangé ces monstres bien au chaud en attendant la plus-value.
Et chez Maserati ? Le précédent le plus marquant est la légendaire MC12. Une vraie bête de course, que votre serviteur a eu plusieurs fois l’honneur de mener sur le podium des 24 Heures de Spa-Francorchamps. Aujourd’hui, voici son héritière…
Elle s’appelle GT2 Stradale et il n’est pas nécessaire de maîtriser l’italien pour décrypter son nom. Basée sur la fabuleuse MC20, que nous avons aimée passionnément dès nos premières minutes au volant, la Stradale reprend et adoucit nombre d’éléments de la version qui participe avec succès à de nombreuses compétitions. Ces éléments concernent l’aérodynamique, le poids, la mécanique, évidemment, et la “relation” de la voiture avec la personne au volant.
Pour ce qui est de l’aérodynamique, il y a les interventions qui permettent à l’air de pousser la voiture au sol avec infiniment plus de force qu’à l’origine, et celles destinées à faire mieux respirer le moteur et les freins, notamment. Côté mécanique, le moteur V6 bi-turbo est ici porté à 640 chevaux. Soit dix de plus que dans la MC20, mais ce gain s’accompagne d’une perte : à peu près 60 kilos sur la masse totale. Et en ce qui concerne la relation avec le ou la “pilote”, on citera en vrac les sièges en carbone très “impliquants” ou les caractéristiques distinctes des différents modes de conduite, grâce auxquels la voiture s’exprime de diverses façons.
Sur circuit, avec l’un des modes de conduite ad hoc, le véhicule s’exprime de manière incroyablement fougueuse. Il est d’une efficacité folle mais pas “clinique”, volcanique, mais aussi didactique. Bref, la GT2 Stradale ne cherche pas à vous piéger. Sur une route de montagne, on retient la docilité de la voiture, son explosivité quand elle passe de virage en virage et son agilité dans les épingles ou les enchaînements rapides. Mais surtout, alors que nous avions sélectionné un mode sportif pour l’exercice, nous avons été sidérés par l’amortissement : ferme, pour l’ambiance, mais filtrant, car nous ne sommes pas tous des pilotes de vingt ans à la colonne vertébrale encore indemne. Et si elle peut être confortable dans ces conditions, elle est forcément apte à nous emmener dans le quotidien, sur un mode de conduite normal. Il faudra juste s’entendre sur la nature dudit quotidien, car sachez tout de même qu’il n’y a pour “coffre” qu’un modeste espace niché derrière les appuie-têtes des sièges. Cela, et une sonorité qu’on voudrait plus expressive, sont les seules critiques que l’on peut adresser à cette machine de course facturée 309 900 euros.
C’est le printemps et les belles mécaniques sont à nouveau de sortie ! Compétition pro, compétitions classiques, événements et concours d’élégances, L’Éventail vous propose ici une sélection des rendez-vous les plus immanquables de la planète automobile.
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