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À Chimay, les trappistes sortent en boîte !

BièreBrasserieMade in Belgium

Martin Boonen

07 August 2025

Pour la première fois de son histoire, Chimay conditionne ses bières trappistes en canette. Cette décision inédite conjugue excellence brassicole, rigueur monastique et réalisme industriel. Mais cette ouverture au changement survient alors que l’équilibre du modèle trappiste vacille. La crise spirituelle de notre ère pourrait bien avoir pour conséquence collatérale une crise… brassicole

Trappiste ou d’abbaye : une distinction essentielle

Les bières trappistes se distinguent radicalement des bières dites “d’abbaye”. Les premières doivent être brassées dans l’enceinte d’une abbaye cistercienne de stricte observance, sous la supervision effective des moines, et leurs bénéfices sont consacrés à l’entretien de la communauté et à des actions caritatives. Elles peuvent arborer le label officiel “Authentic Trappist Product” (ATP). À l’inverse, les bières d’abbaye sont souvent produites par des brasseries commerciales sous licence (à l’instar de Duvel-Moortgat avec Maredsous, AB Inbev avec Leffe, ou Alken-Maes avec Grimbergen), avec un lien plus symbolique ou historique que religieux. La plupart ne sont pas brassées dans une abbaye active, bien qu’elles puissent être labellisées “Bierre d’Abbaye Reconnue”.

Une rupture encadrée par l’esprit de l’Abbaye de Scourmont

Depuis sa fondation en 1850 sur le plateau de Scourmont, l’abbaye de Chimay incarne, elle, le modèle trappiste dans sa forme la plus pure : autonomie par le travail (la fameuse devise “Ora et Labora” “prie et travaille”), brassage sur site, supervision monastique, redistribution des bénéfices. Chimay a débuté la production de bière en 1862 ; depuis lors, elle s’est imposée comme la plus importante brasserie trappiste au monde, avec une production atteignant 167 000 hectolitres en 2023.

Abdij van Scourmont, bakermat van de Chimay-bieren © Bières de Chimay

En juin 2025, Chimay a franchi un cap symbolique en proposant pour la première fois trois de ses références (Dorée, Rouge, Triple) en canette 33cl. Ce format permet de rejoindre les nouveaux modes de consommation nomades tout en conservant les caractéristiques fondamentales du brassin : la seconde fermentation se fait directement dans la canette, comme précédemment en bouteille ou en fût. Ce point est crucial : il garantit la conservation de la complexité aromatique et de l’authenticité du produit.

Le poids de l’héritage et la tradition de l’adaptation

Nous l’avons dit, pour être labellisée “Authentic Trappist Product” (ATP), une bière doit être brassée dans l’enceinte d’une abbaye trappiste, sous la supervision des moines, et ses bénéfices doivent être affectés à l’entretien de la communauté et à des œuvres caritatives. En 2025, seules dix brasseries dans le monde répondent encore à ces critères. Or, le modèle est fragilisé : entre 2022 et 2025, les brasseries Spencer (USA), Engelszell (Autriche) et Zundert (Pays-Bas) ont cessé leur activité ou perdu leur label faute de moines. La raréfaction des vocations met à mal la pérennité même du système.

Chimay tente de préserver cet équilibre par une gouvernance hybride. Depuis 1989, la société Bières de Chimay SA gère l’activité commerciale. Elle appartient à 78% à la Fondation Chimay-Wartoise, qui réinvestit les bénéfices dans le développement local et des projets sociaux. L’activité reste supervisée spirituellement par la communauté monastique.

Bières de Chimay

La canette : exigence technique et d’engagement environnemental

Loin de toute dénaturation, la canette constitue une avancée technique. Sa protection intégrale contre la lumière et l’oxygène préserve mieux les arômes sensibles. L’aluminium, plus léger et plus recyclable que le verre, répond aux enjeux environnementaux actuels. Chimay revendique 90% d’autoconsommation énergétique sur son site de Baileux, grâce à une éolienne et 1 200 panneaux photovoltaïques.

Bières de Chimay

Ce nouveau format s’adresse à une génération mobile, sensible à la praticité, à la sobriété et à l’impact carbone. Il marque une volonté de transmission de l’authenticité trappiste sans figement conservateur. Il faut y voir un signal fort de résilience. Mais est-ce vraiment étonnant pour une activité qui dépend d’un ordre et d’un dogme qui, plus de deux mille ans après la naissance de son fondateur, et à travers toutes les crises politiques ou spirituelles, est toujours debout ?

L’avenir incertain d’un modèle patrimonial

Cependant, ne nous voilons pas la face : le nombre de brasseries trappistes diminue. Pourtant, si le volume global (750 000 hl) reste marginal à l’échelle mondiale, le rayonnement culturel, lui, reste immense. Toutefois, ce patrimoine ne survivra que si les communautés trouvent des solutions à la crise des vocations et au vieillissement de leurs membres. Certaines, à l’instar de Chimay ou Westmalle, expérimentent déjà des modèles mixtes. La viabilité future dépendra de cette capacité à conjuguer excellence spirituelle, exigence technique et compréhension des dynamiques marchandes.

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