Bruno Colmant
01 September 2023
Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique. © DR
Un nouveau monde se révèle, celui de la jeunesse, alors que nos populations vieillissantes s’inquiètent légitimement de la protection de leurs avantages. Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle transition qui est celle de l’inventivité technologique et de la libération de la créativité. Cette transition technologique sera celle de la jeunesse. C’est pour cela que nous ne pouvons pas l’accabler sous un chômage étouffant, car ce serait la triste illustration que les baby-boomers d’après-guerre ne lui auront pas passé le relais de la croissance.
Désormais, on sent chez les responsables politiques au long cours un profond malaise. Ils se sont signalés dans une économie prospère dont ils peinent à assumer le délabrement.
Les États sont désormais écartelés entre le maintien légitime d’un système de protection sociale et un face-à-face avec l’économie de marché. La protection sociale est indispensable, mais son financement devient insoutenable et conduit à une étatisation croissante des flux de l’économie. La confrontation avec l’économie de marché est, quant à elle, brutale mais nécessaire pour épouser les immenses basculements économiques, géographiques et technologiques qui traversent la planète.
Le passé ne se remplace pas : il se dissipe. Cette crise ne finira jamais. Il n’y aura pas un “après” fantasmatique au terme duquel nos communautés retrouveront le passé. Il n’y aura pas de restauration des régimes anciens, ni aucun retour aux bases stabilisées d’une économie précédente. En fait, cette crise ne peut pas finir car elle est devenue elle-même le fil de l’histoire, c’est-à-dire l’interpellation continue du siècle précédent. Et c’est peut-être cela, la terrible leçon des années récentes : nous avons, pendant longtemps, cru pouvoir nous raccrocher à une époque que seule la croissance d’après-guerre avait autorisée, au travers de la réparation du monde que nos aïeux avaient mutilé.
C’est le moment de tourner la page du XXe siècle et reconnaître que les rentes d’idées sont viagères. C’est peut-être, aussi, le moment de poser la question des temps nouveaux et de constater qu’un univers moderne se dresse, sans qu’on l’ait pressenti, ni conjuré. Cet univers, qui ne pourra passer que par la jeunesse – à laquelle il faut sacrifier beaucoup – reste à réinventer. Partout, pour son bien-être ou sa liberté de pensée, la jeunesse revendique son autonomie. Nous ne pouvons pas ignorer la voix et les aspirations de la jeunesse. Cette génération a à sa disposition des outils technologiques puissants et un accès sans précédent à l’information qui, bien utilisés, peuvent l’aider à façonner un avenir prospère et durable. Pourtant, elle doit aussi faire face à des défis économiques, sociaux et environnementaux immenses.
Il est important de reconnaître que le monde est en train de changer à un rythme sans précédent. Les modèles économiques traditionnels sont confrontés à des défis majeurs tels que le vieillissement de la population, l’endettement croissant et l’épuisement des ressources naturelles. Dans ce contexte, les nouvelles technologies, l’innovation et la créativité sont plus que jamais nécessaires pour repenser et réinventer notre façon de vivre et de travailler.
Ainsi, il est vital de donner aux jeunes les moyens de se forger un avenir, et les clés pour réinventer le monde. Cela passe par l’éducation, l’accès à l’information et la mise à disposition de ressources pour la recherche et l’innovation. Il est également essentiel d’encourager et de soutenir l’entreprenariat, afin de créer de nouvelles opportunités économiques et de répondre aux défis du futur.
De plus, la participation active de la jeunesse dans la prise de décisions politiques et économiques est nécessaire. Cette génération a une perspective unique sur les problèmes du monde et ne manque pas d’idées innovantes pour les résoudre. C’est pourquoi leur voix doit être entendue et prise en compte dans les décisions qui façonnent l’avenir de notre planète
Nous ne devrions pas chercher à revenir à un passé idéalisé, mais plutôt envisager un avenir où la technologie, l’innovation et la créativité seront utilisées pour créer un monde meilleur et plus durable. Il est temps de passer le flambeau à la nouvelle génération et de lui donner les moyens de construire l’avenir qu’elle souhaite.
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