• HLCÉ

1971 : l’été monétaire meurtrier

Bruno ColmantDans le rétro

Bruno Colmant

30 June 2023

Le 15 août 1971, Richard Nixon annonçait aux téléspectateurs la fin de la convertibilité de l’or en dollar. © RICHARD NIXON FOUNDATION

En Occident, l’histoire du XXe siècle monétaire a été caractérisée par l’événement extraordinaire des accords de Bretton Woods, dont l’ombre plane toujours sur le monde financier. Il s’agissait de relier la plupart des devises mondiales par des cours de change fixes fondés sur un étalon-or.

Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique.

Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique. © DR

Le vendredi 13 août 1971, les lourdes pales de deux hélicoptères bleu et blanc emmènent neuf hommes de la Maison-Blanche vers Camp David, la résidence des présidents américains dans le Maryland. Il ne s’agit, selon la presse, que de régler quelques décisions administratives sans grand intérêt.

À bord se trouvent une poignée d’hommes qui façonneront la politique américaine du dernier tiers du XXe siècle. Il y a, bien sûr, le président républicain, Richard Nixon (1913-1994). C’est un rescapé de la vie politique américaine. Plus jeune vice-président des États-Unis sous la présidence de Dwight Eisenhower (1890-1969), c’est l’homme qui fut évincé aux élections de 1960 par John F. Kennedy (1917-1963). Après l’assassinat de ce dernier, le 22 novembre 1963 à Dallas, son vice-président, Lyndon Johnson (1908-1973), assurera la présidence jusqu’en 1968. C’est précisément cette année-là que Richard Nixon prend sa revanche. Il démissionnera six ans plus tard, en août 1974, dans le sillage du scandale du Watergate.

Aux côtés de Richard Nixon se trouve John Connally (1917-1993). Cet ancien gouverneur du Texas, transfuge du parti démocrate vers le parti républicain, est un homme sulfureux. Il est né exactement trois mois avant John F. Kennedy et fut presque abattu le même jour. Dans la longue limousine décapotable visée par Lee Harvey Oswald (1939-1963), il y avait en effet deux couples : les Kennedy et les Connally. John Connally, alors gouverneur du Texas, est gravement blessé à la poitrine. Il déclara que s’il n’avait pas été tué, c’est qu’un destin spécial lui était réservé. En 1971, Richard Nixon le nomma secrétaire au Trésor, c’est-à-dire ministre des Finances.

Il y a aussi George P. Schultz (1920-2021), récemment décédé centenaire. Nommé directeur du Budget en 1971 par Richard Nixon, il sera ultérieurement secrétaire d’État (c’est-à-dire ministre des Affaires étrangères) sous la présidence de Ronald Reagan.

Enfin, il y a Paul Volker, probablement l’homme le plus influent sur la politique monétaire de la fin du siècle passé, déjà cité au titre d’artisan monétaire du basculement néolibéral en 1979 par le combat contre l’inflation qu’il aura contribué à embraser lors de ce fameux week-end d’août 1971.

Le 15 août 1971, Richard Nixon annonçait aux téléspectateurs la fin de la convertibilité de l’or en dollar. © RICHARD NIXON FOUNDATION

Le 15 août 1971, Richard Nixon annonçait aux téléspectateurs la fin de la convertibilité de l’or en dollar. © RICHARD NIXON FOUNDATION

Pendant cette pause estivale du début de la 8e décennie du XXe siècle, dans le plus grand secret, les États-Unis opérèrent le plus vaste hold-up de l’histoire monétaire. Ils décidèrent de suspendre, puis d’annuler la convertibilité du dollar en or. Quelques années plus tôt, en 1966, Charles de Gaulle avait vu juste en rapatriant l’or français conservé à Fort Knox, dans le Kentucky.

En moins d’une décennie, cette décision conduira, telle une bombe à fragmentation, à la pulvérisation des marchés financiers et des équilibres monétaires, entraînant une vague d’inflation et de dévaluations en cascade dans un contexte d’embrasement des dettes publiques. Le système de l’étalon-or fut finalement abandonné en 1976, lors des accords de la Jamaïque, qui mirent un terme définitif au système monétaire de parités fixes et entérinèrent l’abandon du rôle légal international de l’or. C’est le dollar qui remplace l’or comme monnaie de réserve.

“La crise du dollar n’est que le symptôme et une partie d’un tout. Le grand mouvement du monde aujourd’hui est le repliement de l’Amérique sur elle-même. Il est flagrant dans la politique et dans la stratégie. Il est inévitable et il est en cours dans l’économie. En dépit des difficultés inouïes au milieu desquelles il avait pris naissance, le monde de Bretton Woods était celui des grands échanges internationaux, d’une sorte d’unité économique planétaire dominée par la suzeraineté des États-Unis. Le monde qui est en train de se substituer à lui sera celui de sphères économiques non pas hermétiques, certes, mais beaucoup plus distinctes et concentrées.” Voilà ce qu’écrivait le grand reporter Raymond Cartier (1904-1975) dans le Paris-Match du 28 août 1971. Tout était dit, de Richard Nixon à Joe Biden (1942), actuel président des États-Unis.

Marie-Antoinette, reine de l’esthétisme

Chroniques royales

Par-delà le fracas de la grande histoire, l’ombre de Marie-Antoinette continue de hanter Versailles, et bien au-delà. Car si la dernière reine de l’Ancien Régime est célèbre pour ses extravagances et sa fin tragique, elle fut aussi – on l’oublie trop souvent – une pionnière de la décoration d’intérieur et de l’art de vivre à la française. Passez faire un tour par Versailles, vous y verrez de surprenants restes de modernité… Ce numéro de L’Éventail consacré au design ne pouvait se passer d’elle.

David Claerbout At The Window

Arts & Culture

Plus qu’une exposition, At The Window est une invitation à regarder le monde à travers une autre fenêtre : celle du temps, de la transformation et de notre lien fragile à ce qui nous entoure.

Belgique, Gaasbeek

Du 27/06/2025 au 16/11/2025

Ouverture de Tussen, par Compagnie ABC

Vie mondaine

Dix ans après l’ouverture de leur premier bar, les amis d’enfance Axel Van Tuijn, Bruno Bogaert et Chuck Bindels – fondateurs de la Compagnie ABC – ont dévoilé leur huitième adresse : Tussen, inaugurée pour la première fois à Uccle. Lors du soft opening, les invités ont découvert un bar de quartier chaleureux de 150 places, une cuisine belge à partager, des brunchs décontractés et une ambiance familiale où chacun se sent chez soi. Ce n’est pas un bar festif, mais un lieu pensé pour tous les moments de la journée, entre travail et détente. Les produits locaux étaient à l’honneur, avec les fromages de Julien Hazard, les pains de Fine Bakery, les viandes de Diamant Rouge, les saucisses de Dierendock ou encore les croquettes de Kroket. Le design, signé Bauclub, Halfwerk et Duplex Studio, a séduit par ses matériaux bruts et sa touche contemporaine. Un lancement tout en douceur pour ce lieu qui se veut un véritable entre-deux : entre jour et nuit, solitude et convivialité, travail et plaisir. © Henri Doyen

18/09/2025

Publicité

Mabru : l’essor d’un acteur incontournable sous la direction de Laurent Nys

Société

Le Marché Matinal de Bruxelles (Mabru) s’impose aujourd’hui comme un acteur économique majeur en Belgique. Sous l’impulsion de son directeur général, Laurent Nys, l’institution a connu une modernisation sans précédent, mariant tradition et innovation. Entre développement durable et adaptation aux nouvelles tendances de consommation, Mabru poursuit son ascension avec ambition.

Tous les articles