Florence Thibaut
25 February 2022
Fondée par Claire de Kerautem et son mari Régis, un couple de Français installé à Bruxelles, l’association a fait émerger une nouvelle forme d’habitat intergénérationnel : un senior vivant seul et en recherche de compagnie ouvre sa porte à un étudiant dans un esprit de partage et de solidarité. “Le concept est apparu en France vers 2007-2008, avant de s’imposer ailleurs. Il m’a directement intéressée, d’autant plus que ma cousine avait vécu des années avec ma grand-mère et que cette cohabitation s’était super bien passée. J’ai décidé de développer le modèle en Belgique”, explique la co-fondatrice, également directrice de la structure. Les deux fondateurs commencent par contacter l’UCL et l’ULB, ainsi que la commune d’Etterbeek afin de sonder les besoins de logement des jeunes étudiants, comme des 65 ans et plus. “C’était un vrai pari au départ. On avait alors peu de recul sur le phénomène. Je me suis rendu compte que les maisons de repos étaient surchargées et qu’il y avait un manque criant de kots (logements étudiants). J’ai directement ressenti de l’intérêt pour notre approche.” Vincent De Wolf, bourgmestre d’Etterbeek, est un des premiers à suivre l’association. “Il a organisé notre conférence de presse de lancement, ce qui nous a permis de faire parler de nous. Les binômes se sont formés progressivement et des acteurs comme les mutuelles ont commencé à me contacter.”
Trois ans après le lancement, l’énergique directrice parvient à se rémunérer. Elle prend son bâton de pèlerin dans la foulée et approche différentes institutions publiques. “Plusieurs subsides, notamment de la Cocof (Commission communautaire française) ou de la Cocom (Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale), m’a permis de constituer une équipe et d’installer un réseau en Wallonie, de Namur à Tournai. Nous sommes aujourd’hui une grande famille.” Depuis lors, 1Toit1Ages s’appuie sur une douzaine de collaborateurs et forme environ 500 binômes par an. “Ce chiffre n’a fait que progresser, à l’exception de l’année passée où il a baissé de 5 %. Dans un contexte de crise sanitaire, ouvrir sa porte est plus compliqué, même si d’autres ont sauté le pas pour combattre leur solitude. Nous sommes toujours à la recherche de seniors. Je pense que si nous avions mille accueillants, nous aurions mille binômes sans problème.” L’association propose des “matchs” aux intéressés, mais ce sont les deux cohabitants qui doivent se choisir. “Nous faisons attention aux affinés et aux goûts de chacun, et nous proposons une convention pour cadrer le vivre-ensemble, mais ce sont eux qui décident.”
En 2016, une nouvelle formule apparaît, un immeuble intergénérationnel où chaque habitant dispose d’un espace de vie propre, tout en contribuant à la vie en communauté. Le sixième va bientôt être ouvert. “Nous visons toujours le win-win. Chaque paire raconte une histoire singulière et une aventure humaine. Le lien est au centre de la vie ensemble. Il s’agit bien plus que d’un contrat de location ou d’un loyer en dessous du prix du marché.” En 2022, l’association a prévu de dynamiser sa politique de récolte de dons, en organisant notamment un premier diner de gala. “Nous devons également nous remettre du Covid-19 et faire la connaissance de nouveaux seniors. Nous ne manquons pas d’idées”, conclut Claire de Kerautem, qui s’intéresse de près à une nouvelle population, celles des jeunes actifs.
Pour les soutenir
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