Répandue en pluie d’or sur les corps dénudés des voluptueuses Danaé de la Renaissance, scintillant pieusement dans les scènes bibliques (du veau d’or ou de l’Adoration des Mages), les Vanités et autres Memento mori, l’argent s’est déversé hors de la toile au cours de la seconde moitié du XX^e siècle. Si en 1960 William Klein réalise ses fameux monochromes peints à la feuille d’or, les Monogold, et que dans les années 1980, Andy Warhol continue de sérigraphier ses Dollar Signs, en 1986, Panamarenko enferme des billets de banque dans une cage à oiseaux. Claude Closky, quant à lui, constitue en 1994 une tour de 55 euros et 42 cents, tandis qu’en 2009, Gianni Motti parsème le sol de son Funds Show de billets d’un dollar.

Dans une parodie trash du mythe de Danaé, Tracey Emin n’hésitera pas, quant à elle, à brasser des pièces et des billets entre ses jambes nues écartées… Plus énigmatique, le bloc d’argile recouvert d’or de Michel François pourrait évoquer quelque sacrifice païen. Dans la même veine, on citera encore la Vénus aux dollars moulée dans la résine et les jetons de casino enchâssés dans le plexiglas d’Arman, sans oublier Le Baiser de l’artiste d’Orlan vendu 5 francs à l’occasion de la Foire internationale d’Art contemporain de 1977.

En couverture : © Philippe Halsman Estate 2023 et © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc