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Rédaction

12 February 2019

© Robert Palka/Film Produkcja

On estime aujourd'hui qu'en deux ans quelque six millions d'Ukrainiens sont morts de faim dans des conditions atroces (il est avéré qu'il y a eu des cas de cannibalisme). Pour occulter ces horreurs, le régime soviétique a organisé un véritable complet du silence.

En Occident, les politiques, la presse et les intellectuels de gauche sont dans l'ensemble restés muets par opportunisme ou par crainte de calomnier l'URSS. Quant aux correspondants de la presse étrangère basés à Moscou, les dirigeants communistes ont dans l'ensemble réussi à les museler. Le plus célèbre de ces « idiots utiles » (comme les appelait Lénine) était le pro-stalinien Walter Duranty, chef du bureau du New York Times dans la capitale russe et titulaire du prestigieux Prix Pulitzer, l'équivalent d'un Oscar pour le journalisme. Pourtant, en mars 1933, un jeune reporter gallois, Gareth Jones, réussit à s'infiltrer en Ukraine et relate dans ses articles et ses photos les scènes d'apocalypse dont il est témoin.

C'est à ce héros aujourd'hui oublié que la cinéaste polonaise Agnieszka Holland a consacré son film Mr. Jones, projeté ce week-end dans la compétition berlinoise.

Née en 1948 à Varsovie, la réalisatrice a connu personnellement les ignominies du communisme et elle était bien placée pour faire revivre sur grand écran cette tragédie ukrainienne où la barbarie s'unit au mensonge. Le film gagnerait à mon sens à être moins long (il dure 141 minutes) et certaines séquences introductives ont une allure un peu trop didactique. Mais la photo de Tomasz Naumiuk est de toute beauté, en particulier dans l'évocation des campagnes ukrainiennes désolées.

 
La réalisatrice polonaise Agnieszka Holland © Jacek Paremba 

L'interprète du journaliste, James Norton, est peu connu chez nous. En revanche la jeune stagiaire avec qui Gareth Jones se lie d'amitié à Moscou est incarnée par l'actrice anglaise Vanessa Kirby, qui a incarné la princesse Margaret dans les deux premières saisons de la série Netflix The Crown.

En ce début de semaine, je me suis amusé à étudier les cotations du jury de critiques réunis comme chaque année par la revue professionnelle Screen. À ce jour, c'est le film Öndög, tourné en Mongolie par le cinéaste chinois Wang Quan'an qui réalise le meilleur score. Une œuvre mystérieuse, minimaliste (le scénario tiendrait presque sur un timbre poste), mais qui a envoûté le public berlinois notamment par la beauté littéralement fabuleuse de la photo, signée d'un artiste français, Aymerick Pilarski.

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