Takuya (Keitatsu Koshiyama), jeune garçon timide et handicapé par un bégaiement persistant, est moqué par les autres. Malheureux de ne pas être bon hockeyeur sur glace, il se retrouve coincé dans la cage de gardien de but. Il fait la connaissance de Sakura (Kiara Nakanishi), une jeune patineuse artistique talentueuse. Il se laisse fasciner par elle. Le coach de Sakura, un ancien champion international, installé sur l’île d’Hokkaïdo par amour pour son conjoint, a l’idée de réunir et d’entraîner Takuya et Sakura en vue d’une compétition nationale.
Eventail.be – Pourquoi avoir choisi les paysages enneigés de Hokkaido comme décor pour votre film ?
Hiroshi Okuyama – J’adore la neige. Je suis originaire de Tokyo, où elle tombe peu, et je reste marqué par des souvenirs d’enfance où les chutes de neige étaient un événement à la fois éphémère, rare et magique. Sur le plan artistique, aussi, la neige crée du vide dans l’image, ce qui permet de faire nettement ressortir ce qu’on veut montrer.
– Que représente le patinage artistique pour vous ?
– J’ai moi-même fait du patin à glace dans mon enfance, et j’en ai gardé quelques souvenirs. Toutefois, My Sunshine n’est pas autobiographique. Je me suis surtout inspiré d’une situation, notamment le décor glacé dans lequel le film a été conçu. En revanche, l’histoire et les enjeux dramatiques sont entièrement inventés. Je souhaitais placer ce sport en arrière-plan dans lequel se noue une relation triangulaire avec les protagonistes. Au-delà du réalisme, je voulais aussi ajouter une part de fantastique, de mystère, d’ambivalence, à l’image des deux adolescents et de la neige environnante. Les personnages se rencontrent et créent une harmonie en dehors de leur famille. Ils sont en quelque sorte aliénés de la société. Tous les trois sont dans une situation similaire, c’est pourquoi ils sont attirés les uns par les autres.
– Y a-t-il des difficultés techniques à filmer sur la glace ?
– Heureusement, je suis moi-même patineur et donc je me sentais capable de réaliser le film. Je pouvais filmer en patinant, ce qui était un grand avantage. Mais en même temps pour tenir la caméra, il faut être vraiment stabilisé. C’était très dur. Pour y arriver, j’ai dû beaucoup m’entraîner et avoir, aussi, un bon sens du tournage.
© DR
– Comment s’est fait le casting ?
– C’était assez difficile de trouver les bonnes personnes parce qu’elles devaient pouvoir patiner. Heureusement, nous avons pu trouver assez facilement Takuya, le protagoniste masculin. Pour ce qui concerne l’interprète de Sakura, nous n’avions trouvé personne par le biais d’une agence de casting alors nous avons lancé des avis de recherche via des flyers que nous avons distribués dans plusieurs patinoires japonaises. Kiara Nakanishi est venue à nous parmi de nombreuses autres candidates. C’est sa première expérience d’actrice.
© DR
– Sakura se montre hostile envers un couple gay. Pour quelles raisons ?
– Sakura admirait son entraîneur, Arakawa, mais il le voyait avec quelqu’un qui était plus important qu’elle. C’était un grand choc parce qu’elle est encore une enfant. Elle pouvait être très douce, mais en même temps très violente et très sévère à propos de ce qu’elle voyait. Elle ne savait pas comment exprimer son sentiment de ne pas être aimée par son entraîneur qu’elle admirait. Elle était jalouse. Comme elle était si jeune pour exprimer ses sentiments correctement, elle ne pouvait qu’être choquée, voire dégoûtée face à ce genre de situation.
– Comment l’homosexualité est-elle perçue dans votre pays ?
– Au Japon, les couples de même sexe ne peuvent pas se marier. C’est un sujet dont on parle beaucoup aujourd’hui. Des débats sont en cours pour faire passer la loi en faveur du mariage homosexuel. Mais, en fait, beaucoup de couples de même sexe ont des enfants et sont considérés comme une famille. Donc, même si le mariage n’est pas encore autorisé, les couples homosexuels ne sont pas considérés comme des sujets tabous au Japon.
– Pourquoi avez-vous choisi Clair de Lune de Claude Debussy comme thème musical ?
– C’est une musique magnifique, très connue au Japon et dans le monde entier. Je l’ai utilisée parce qu’elle est un des morceaux classiques récurrent en patinage artistique. Elle correspondait aussi à l’image de Sakura, la protagoniste. Voilà pourquoi Claire de Lune m’est venu à l’esprit.
Film
My Sunshine
Réalisation
Hiroshi Okuyama
Distribution
Keitatsu Koshiyama, KiaraNakanishi, Sosuke Ikematsu
Sortie
En salles, à partir du 30 avril
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