Christophe Vachaudez
21 November 2024
L’exposition nous fait découvrir pas à pas les différentes étapes de l’œuvre de ce “prince du luminisme”, tel que le désigne une publication datée de 1946. Si les débuts d’Émile Claus sont marqués par le réalisme et un certain académisme, l’artiste qui perpétue la vie rurale, comme Jean-François Millet ou Jules Bastien-Lepage la concevaient en France, adopte peu à peu une touche plus leste et des éclairages intenses propres à un nouveau courant connu sous le nom d’impressionnisme. Ses voyages à Paris, ses rencontres avec Henri Le Sidaner et ses confrontations avec les toiles de Monet, Sisley, Renoir et Seurat le marquent durablement et ne font que confirmer son orientation. Toutefois, Claus se range vite parmi les luministes et sa maison d’Astene (appelée Zonneschijn, “rayon de soleil” !) attire bientôt les autres artistes belges marchant dans son sillage. Claus n’abandonne pas pour autant les sujets narratifs et campe les scènes rurales des bords de Lys comme La Levée des nasses, La Récolte des betteraves ou Les Sarcleuses de lin, mais il anime ses compositions de couleurs vibrantes, comme si le soleil s’était introduit sous la couche picturale, faisant rayonner chaque détail de la toile.
Émile Claus, Manchon de boeuf © collection mudel
Émile Claus, Les communiants, ca. 1893, © Belfius Art Collection
Comme le dit Serge Goyens de Heusch, chez Émile Claus, “la virgule de Monet” est devenue, sous l’influence du pointillisme, une fine touche hachurée de longueur variable. Et de fait, ses coups de pinceau fouettés donnent vie à des paysages d’une délicate beauté, à l’image ces hauts arbres qui frangent la Lys et se reflètent dans ses eaux changeantes. Un sujet qu’il déclinera tout au long de sa vie avec un amour de son terroir toujours aussi prégnant. Parfois, il marie avec audace le bleu turquoise, le rose tendre ou le vert d’eau, autant de teintes qui varient comme des diaprures sous les caprices de la lumière. En exil à Londres durant la guerre, il aimera peindre la Tamise et les effets coruscants des lanternes dissous par le brouillard britannique. Comme un poudroiement magique dans l’automne souvent gris de notre jolie Belgique, l’exposition qui a bénéficié du soutien du musée des Beaux-Arts de Gand et de grandes collections publiques et privées rend un hommage senti à ce chantre enthousiaste du luminisme jusqu’à choisir d’avoir ouvert ses portes le jour de sa naissance (un 27 septembre), une charmante attention !
Photo de couverture : Émile Claus, Châtaignier au soleil du soir (détail), 1906, huile sur toile, 134x144cm © La Boverie, Liège
Exposition
Émile Claus, prince du luminisme
Dates
Du 27 septembre 2024 au 26 janvier 2025
Adresse
mudel
Lucien Matthyslaan 3-5
9800Deinze
Billetterie
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