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The Borders, nouveau mouvement artistique européen

Mouvement artistiquePhotographieThe BordersYves Ullens

Fabien Weyders

14 June 2023

Yves Ullens explore les liens étroits entre photographie et peinture, jusqu’à en troubler les frontières. Avec ‘The Borders’, il entraîne dans son sillage un collectif d’artistes internationaux dont les techniques sont aussi diverses qu’étonnantes. Interview.

L’Éventail – Pouvez-vous évoquer la genèse du mouvement que vous avez fondé ?
Yves Ullens – La période de confinement durant la pandémie de Covid a été propice à un travail de réflexion et d’expérimentation. J’ai commencé par peindre des tableaux non figuratifs qui sont devenus la base de photographies abstraites en utilisant mon appareil photo comme un pinceau, en faisant des effets de mouvements et en travaillant à main levée. L’impression a été réalisée   grâce à une technique relativement récente, à base d’encres pigmentées, qui produit un effet proche de la peinture, d’où le nom donné à cette série, LikeAPainting. Ce mode de création, inédit et novateur, exprime une vision globale pour devenir le chaînon manquant entre la peinture et la photographie.

Sebastiaan Knot, N51802, photographie © DR

Sebastiaan Knot, N51802, photographie © DR

Le mouvement The Borders, quant à lui, est né de  la rencontre d’artistes  qui ont adhéré au projet : quelque temps après mon retour de Lettonie, où j’étais invité au Mark Rothko Center pour une exposition de  groupe intitulée The Color of Light, au cours de laquelle j’ai annoncé la création du mouvement, je me suis rendu à Helsinki à l’invitation de l’école photographique qui fêtait son 25e anniversaire. Dans ce contexte, j’ai eu l’occasion de visiter l’atelier de Niko Luoma auquel j’ai présenté le mouvement. Le lendemain même, il acceptait – avec enthousiasme – de me rejoindre. Un peu plus tard, j’ai contacté Richard Caldicott (Royaume-Uni) et Luuk de Haan (Pays-Bas) qui ont accepté mon invitation après un délai de réflexion de… deux heures seulement ! Suivront Sebastiaan Knot (Pays-Bas), Liz Nielsen (États-Unis) et Hanno Otten (Allemagne) pour former un collectif de sept artistes internationaux fédérés autour d’une réflexion sur la photographie abstraite.

Niko Luoma, Untitled #15, photographie © DR

Niko Luoma, Untitled #15, photographie © DR

– Quelle est la philosophie de ce mouvement ?
The Borders se veut un mouvement qui s’inscrit dans son époque et qui se nourrit de ses préoccupations : avec l’écologie, le thème des frontières devient, lui aussi, de plus en plus prégnant. Notre époque est marquée par la fragmentation géopolitique du monde (conflits territoriaux, renforcement ou fermeture des frontières, flux migratoires importants, etc.) Par analogie, ce titre invite les artistes à sortir de leur zone de confort, à faire un pas de plus, à ouvrir et élargir leurs frontières, à ne pas avoir peur de l’autre en tant qu’étranger. Le mouvement The Borders a pour but de questionner et de tester les limites de la photographie abstraite avec d’autres formes d’art : jouer avec ces limites, les franchir, les transgresser, les expérimenter, faire le lien avec la peinture, la sculpture, etc., favoriser les échanges, faire se rencontrer les artistes. Ce mouvement vise à réunir des artistes de la photographie abstraite dont le travail principal est clairement lié à la peinture non-figurative. La ressemblance est telle qu’elle peut parfois conduire le spectateur à la confusion et à la perte de repères.

Sebastiaan Knot, N51802, photographie © DR

Sebastiaan Knot, N51802, photographie © DR

– Si les œuvres des artistes du groupe ont d’évidents points communs, puisqu’elles sont portées par une même vision, les techniques utilisées sont cependant très différentes…
– Absolument : Niko Luoma travaille exclusivement avec une chambre photographique installée dans un “bunker”. Il procède en reprenant les lignes de force de tableaux connus, tel Guernica de Picasso, il fait des aplats dont il détermine ensuite la couleur et expose ses négatifs jusqu’à 40 000 fois. Richard Caldicott, dont les œuvres sont déjà présentes dans de grandes collections à travers le monde, travaille pour sa part à l’aide de récipients Tupperware dont il exploite les formes et l’aspect translucide. Luuk de Haan restitue visuellement le “bruit numérique” à l’aide d’un vieil écran d’ordinateur et d’un appareil digital. Hanno Otten réalise des photogrammes sans appareil photo et Liz Nielsen produit également des photogrammes inspirés par la nature dans des formats géants d’1 mètre sur 1 mètre et demi. Enfin, Sebastiaan Knot crée des décors miniatures avec des planchettes grises et blanches, puis les éclaire à l’aide de flashs de couleurs. Nous sommes ici à la frontière de la sculpture, de la photographie abstraite et de l’installation.

The Borders apparaît donc extensible à des formes d’art très variées…
– La peinture, la sculpture, les installations, la mode… Les artistes de notre mouvement expérimentent beaucoup. Le champ des possibles est infini !

En couverture : Yves Ullens, Matrix 15.08, photograph © DR

"My Sunshine", les ambivalences de l’adolescence

Cinéma

Dans son film “My Sunshine”, le jeune cinéaste japonais Hiroshi Okuyama de 28 ans seulement évoque avec délicatesse les ambivalences de l’adolescence, avec pour décor une patinoire immaculée et les paysages enneigés de l’île de Hokkaido. Une pure merveille poétique comme un flocon de neige. “My Sunshine”, présenté dans la section “Un certain regard”, aurait mérité une récompense. Rencontre avec Hiroshi Okuyama sur la Croisette.

Nicolas Delprat Mise en abyme

Arts & Culture

Souvenirs d’expériences visuelles, les tableaux de Nicolas Delprat ont quelque chose de magique.

France, Paris

Du 10/04/2025 au 17/05/2025

Informations supplémentaires

Exposition

The Borders

Dates

jusqu’au 17.06.23

Adresse

Galerie Mob Art Studio
19A avenue de la Porte-Neuve
Luxembourg

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Ensor, rêves fantasques. Au-delà de l’impressionnisme

Foires & Expositions

L’année Ensor 2024 ne serait pas complète sans une exposition au KMSKA. “Ensor. Rêves fantasques. Au-delà de l’impressionnisme” offre un panorama complet de James Ensor en tant qu’artiste pionnier. Y sont montrés ses chefs-d’œuvre provenant du monde entier avec ceux des artistes internationaux à qui il voulait se mesurer. Car Ensor a toujours voulu être avant tout le meilleur, même si ses concurrents s’appellent Edouard Manet ou Edvard Munch.

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