Dans cette version signée Ministru, Cendrillon est devenu un garçon gay (Maxym Anciaux) dont le prince (Fabian Dorsimont) tombe amoureux au point de vouloir l’épouser. La marâtre de Cendrillon est une sorte de drag queen barbue outrageusement maquillée, interprétée de manière truculente par Emmanuel Dell’erba qui confirme que les meilleurs danseurs ne sont pas toujours les plus sveltes. Les rôles des demi-sœurs (ou frères, on s’y perd) de Cendrillon sont tenus par Clément Corrillon et Lucas Fabry-Martinez, tous deux très drôles quelle que soit la tessiture de voix (basse quand ils sont assis mains sur les cuisses écartées et soprane quand elles ont les genoux joints).
© Vivien Ghiron
Sasha Delongueil est un tailleur-styliste attendu. Quant aux deux rôles véritablement féminins de la distribution, ils sont joués avec beaucoup de drôlerie et d’inventivité : Nicole Olivier est une marraine-fée farfelue, alcoolique et toxicomane et Catherine Decrolier une conseillère du prince déjantée à tendance érotomane. Et la fameuse pantoufle de verre, elle s’est transformée en sneaker grande taille.
© Vivien Ghiron
Depuis sa création, la pièce a été souvent remise à l’affiche. Cette fois, il ne s’agit plus d’une simple reprise mais d’une partition remodelée en profondeur où plusieurs scènes ont été réécrites. Pour décrire ce nouveau spectacle, on peut parler aussi de comédie musicale tant les parties dansées et chantées y prennent de l’ampleur. Les playbacks sur des musiques disco sont excellemment pratiqués, tant en solo que par l’ensemble de la troupe (qui se mue du coup en corps de ballet). Mettre en scène un tel show sans tomber dans le ridicule grotesque ou la caricature, Nathalie Uffner en a réussi la difficile gageure.
© Vivien Ghiron
Parfaitement dans le ton et l’ambiance si particulière de ce théâtre. Les costumes très flashy (de Carole Piron et Laurence Van H), les chorégraphies festives (de Jérôme Louis), le décor sonore (Laurent Beumier) et les lumières (Alain Collet) contribuent à la réussite de cette production étonnante et détonante. Le spectacle peut se voir au deuxième, voire au troisième degré, mais on pourrait également cogiter sur les observations et intentions en arrière plan de Sébastien Ministru sur l’évolution d’un monde (en tout cas du nôtre) en matière de genrement sur le plan légal et sociétal. Si on en croit les réactions chaleureuses et enthousiastes des spectateurs le soir de la première, ce Cendrillon semble promis à une nouvelle bonne et joyeuse fortune.
Pièce
Cendrillon, ce macho !, de Sébastien Ministru
Dates
Jusqu’au 1er juin
Adresse
Théâtre de la Toison d’Or – TTO
Galeries de la Toison d’Or, 396-398
1050 Ixelles
Billetterie
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