JC Darman
07 October 2025
Le rideau s’ouvre sur un intérieur bourgeois. Une table est dressée pour quatre couverts. Un couple attend pour dîner des amis qui tardent à arriver. Le téléphone sonne : le mari du couple attendu annonce qu’ils ne pourront pas venir car ils viennent d’être victimes d’un cambriolage. Détail curieux : seuls des objets appartenant à l’épouse ont été emportés. À partir de cet aléa, c’est toute la vie du couple invitant, son passé et son avenir, qui sont (re)mis en question. Les vraies fausses confidences vont s’enchaîner ; toutes les déceptions, les soupçons et les reproches latents vont se dévoiler jusqu’à entraîner le naufrage final.
© DR
L’atmosphère de la pièce fait penser à la phrase attribuée (sans doute à tort) à Henry de Montherlant : les sexes ne sont pas complémentaires, ils sont antagonistes. Plusieurs situations et répliques sont très drôles, mais d’un humour empreint d’amertume. La pièce écrite par une femme (en 2018) s’avère très féministe ; elle s’apparente à un combat au cours duquel la masculinité traditionnelle prend les coups les plus acerbes.
La mise en scène tout en précision et nuances de Alexis Goslain et l’interprétation des deux comédiens se montrent redoutablement efficaces. Le jeu des interprètes sonne à ce point juste que peu de spectateurs sortiront tout à fait indemnes de la représentation. À cet égard, le silence et la qualité d’écoute de la salle le soir de la première étaient probants. Dans le rôle de l’épouse blessée, on a le grand plaisir de retrouver Manuela Servais. Depuis quelques temps, cette valeur sûre du théâtre belge s’était faite plus rare (on la retrouvera dans le prochain spectacle des Galeries : Glenn, naissance d’un prodige). Quant à Michel Wright, on ne peut qu’applaudir son excellente prestation dans le rôle du mari inconsciemment et naturellement macho qui pense aimer sa femme. Lui aussi on le retrouvera le mois prochain pour la mise en scène de Le Maestro au théâtre de La Valette à Ittre (établissement qu’il dirige depuis huit ans).
Attention : après avoir assisté au spectacle, en rentrant à la maison, peut-être hésiterez-vous entre vous mettre au lit avec votre conjoint(e) ou bien faire vos valises pour le (la) quitter.
Pièce
La Perruche, d’Audrey Schebat
Théâtre
Comédie Royale Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98
1150 Woluwe-Saint-Pierre
Dates
À voir jusqu’au 12 octobre
Billeterie
Sur internet
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