En effet, depuis cette époque bien lointaine, la famille dont une branche fut à l’origine de la maison d’Este en Italie, obtint les duchés de Brunswick et Lünebourg en 1235 avant d’accéder au trône de Grande-Bretagne en 1714, succédant aux Stuarts, puis à celui de Hanovre en 1814.

Né le 19 juillet 1983, du mariage du prince Ernst-August, dont la grand-mère Viktoria-Luise, n’était autre que la fille unique du Kaiser, et de Chantal Hochuli, une riche héritière suisse, le jeune garçon grandit principalement à Londres où les Hanovre ont conservé une demeure cossue. Ce qu’on appelle « L’acte de naturalisation de Sophie », édicté en 1705, lui confère d’office la nationalité britannique. Il fait de fréquents séjours en Allemagne où sa famille possède le manoir de Calenberg ou encore l’imposant château de Marienburg où il sera d’ailleurs baptisé avec comme parrains le futur roi Felipe VI d’Espagne et le roi Constantin II de Grèce, cousin germain de son père.

Outre d’importants domaines agricoles, le patrimoine comprend aussi une demeure proche des jardins de Herrenhausen, au coeur de la ville de Hanovre, des propriétés en Autriche, non loin de Gmunden où la famille s’exile à l’annexion du royaume par la Prusse en 1866, mais aussi des collections de peintures, de sculptures, d’argenteries et de bijoux. En 1985, Ernst-August accueille un petit frère prénommé Christian. Il a quatorze ans quand ses parents divorcent suite à la liaison que son père entretient avec la princesse Caroline de Monaco, une des meilleures amies de sa mère. Le choc est grand pour Chantal Hochuli mais peu à peu, ses deux fils deviennent des habitués du Rocher. Après avoir fréquenté le Malvern College, Ernst-August étudie l’histoire et l’économie à New York.

La grande vente de 2005

Quand il rentre en Europe, il intègre le milieu bancaire mais, dès 2004 (il a 21 ans), il se voit confier par son père la gestion de la fortune des Hanovre. Déjà impliqué dans des nombreux scandales, son père qui a finalement épousé la fille aînée du prince Rainier en 1999, veut se décharger de toutes contingences. Le jeune homme hérite d’une situation problématique et il est contraint de mettre en vente une partie des collections. Sotheby’s édite un catalogue en plusieurs volumes et la vacation a lieu à Marienburg où mobilier et toiles de maîtres proposées à l’encan sont restées in situ. Les 44 millions obtenus n’arrivent qu’à éponger une partie des dettes d’Ernst-August Senior. Il faut continuer à sabrer et le manoir de Calenberg en fait les frais en 2011. Le jeune prince conserve toutefois la regalia des rois de Hanovre ou encore le célèbre trône en argent massif, chef d’œuvre absolu. Mais il faut continuer à rationaliser et le château de Marienburg confronté à la mérule et à des problèmes de stabilité va être cédé en 2018 pour un euro symbolique à une fondation créée en 1569, gérée à la fois par l’État et des membres de la Maison.

Mais le père indigné par la tournure des événements entame une action judiciaire pour stopper la transaction. Depuis, il continue à contester sa mise à l’écart mais des voies de fait contre les forces de l’ordre et un internat provisoire dans une institution psychiatrique lui ont fait perdre beaucoup de sa crédibilité. Ernst-August Senior n’a d’ailleurs pas assisté au mariage de son fils avec le mannequin russe Ekaterina Igorievna Malysheva. Par contre, la cérémonie qui s’est déroulée à Hanovre le 6 juillet 2017 a réuni les enfants de la princesse Caroline, devenus proches, même si Ernst August Senior a repris sa liberté, les princes de Prusse, le diadoque Paul de Grèce et son épouse, et la plupart des grands noms du gotha allemand. 

Le couple qui s’est installé à Hanovre a trois enfants : les princesses Elisabeth et Eléonore et le prince Welf August, nés respectivement en 2018, 2021 et 2019. Le Prince qui favorise l’organisation d’expositions historiques et artistiques en relation avec ses ancêtres poursuit un travail patient et discret de réhabilitation, en demeurant bien éloigné de ce père qui a tant fait pour ternir la réputation des Hanovre