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Christophe Vachaudez

27 December 2018

© Van Tine Dennis/Empics Entertainment/Photo News

Marquée par la tristesse et la controverse, la vie de Mabel Wisse Smit n'a rien d'un long fleuve tranquille. Elle a neuf ans à peine quand elle perd son père. Quelque temps plus tard, elle décidera d'adopter le nom du deuxième époux de sa mère dont elle apprécie la sollicitude. Brillante et enthousiaste, la jeune fille opte pour l'économie et les sciences politiques à l'université d'Amsterdam, ce qui l'amène à effectuer des stages aux Nations Unies, au Ministère des Affaires étrangères néerlandais, auprès de la société Shell ou de la banque ABN Amro.

 
© DR 

Des Balkans au palais

Dotée d'une expérience plutôt enviable, elle a déjà un carnet d'adresses assez conséquent. Son vif intérêt pour les droits de l'homme l'oriente alors vers la problématique de l'ex-Yougoslavie et, entre 1994 et 1997, elle intègre la fondation du Conseil d'action européen pour la paix dans les Balkans, soutenue par Margaret Thatcher, Valéry Giscard d'Estaing ou Simon Wiesenthal.

 
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Á partir de 1995, elle fonde aussi l'association War Child pour tenter d'améliorer le sort des enfants en zone de guerre, une préoccupation pour son prochain qui n'a jamais vraiment failli. Durant cette période, la presse soupçonne que Mabel ait frayé avec les services de renseignements des différents pays entrainés dans le conflit. Á cette époque, elle travaille avec la commissaire européen Emma Bonino et Bernard Kouchner et semble très intime avec Muhamed Sacirbey, ex-ambassadeur bosniaque aux Nations Unies, un temps ministre des affaires étrangères.

 
© Toussaint Kluiters/Empics Entertainment/Photo News 

Son carnet d'addresses lui permet bientôt d'entrer en 1997 à l'Open Society Institute de Bruxelles où elle officie en tant que directeur. Basé dans différents pays, ce réseau mis sur pied par le milliardaire et philanthrope Georges Soros contribue à la promotion de la démocratie, des droits de l'homme, de l'État de droit indépendant et s'investit aussi dans la lutte contre le sida, une cause que Mabel soutient toujours. Enfin, la future princesse est devenue membre du Forum mondial des jeunes leaders, un club de réflexion et de lobbying dont la mission est d'aborder les problèmes mondiaux, dans le sillage du Forum économique de Davos, en Suisse.

 
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Avec un tel parcours, elle s'attire la méfiance de la classe politique et quand sa liaison avec le prince Johan Friso connait son officialisation, les enquêteurs épluchent dossiers et archives pour s'assurer que rien de compromettant ne puisse entacher le prestige de la famille royale. Les relations entre Mabel et Klaas Bruinsma, criminel notoire aux Pays-Bas, sont mises à jour et le Parlement ne peut appuyer le choix princier. Le fils de la reine Beatrix décide de passer outre et renonce à la succession au trône. Mabel, déjà présente aux funérailles du prince Claus, en octobre 2002, s'est pourtant bien intégrée et la reine Beatrix qui apprécie les personnalités intelligentes est comblée par cette nouvelle belle-fille qui ne s'en laisse pas compter.

 
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Le mariage, fixé au 24 avril 2004, a failli être annulé suite au décès de la reine Juliana qui est inhumée à Delft un mois plus tôt. Finalement, la date est maintenue et Mabel apparait dans une étonnante robe du duo Viktor et Rolf, ses couturiers fétiches. Elle l'a voulue mémorable et, pour le coup, c'est réussi. La tenue en satin duchesse est rebrodée d'un motif losangé rehaussé de noeuds, des noeuds dont la taille s'accentue sur la traine de 3,15 mètres de long. Le public est conquis et les manchettes de la presse à scandales sont vite oubliées. Le couple aura deux filles, Luana, née le 26 mars 2005, et Zaria qui voit le jour le 18 juin 2006.

Girls not Brides

Le prince Friso qui est employé au sein de la banque américaine Goldman Sachs emmène les siens vivre à Londres. En 2011, il était entré comme directeur financier dans la société britannique Urenco, spécialisée notamment dans l'enrichissement de l'uranium mais cette expérience sera de courte durée. Mabel, quant à elle, a été sollicitée pour présider The Elders, un club de sages instauré en 2007 par Nelson Mandela et où siègent Jimmy Carter, Kohi Annan, Desmond Tutu, Muhammad Yunus et Aung San Suu Kyi.

 
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Elle a toutefois démissionné suite à l'accident dont est victime son époux, dans les neiges de Lech, la station autrichienne des Orange-Nassau depuis un demi-siècle. Une avalanche a surpris le Prince qui est, depuis, dans un état végétatif irréversible. Hospitalisé à Londres, il est finalement rapatrié aux Pays-Bas où il s'éteint le 12 août 2013. La Princesse qui a affronté la situation avec courage s'est encore rapprochée de la Reine. C'est ensemble qu'elles vivront ce triste deuil. Un an avant que sa vie ne bascule, elle a initié l'association Girls, not Brides qui tente d'empêcher le mariage des enfants à travers le monde.

Aidée par Desmond Tutu, Graca Machel et Sonita Alizadeh, Mabel participe au travail de sensibilisation diffusé dans plus de 85 pays, à travers 650 organisations. Outre le prix prince Friso pour l'ingénieur le plus brillant qu'elle a institué à la mémoire de son époux, Mabel se mobilise toujours autant pour la lutte contre le sida. Soutenue par tous les membres de la famille d'Orange, elle reconstruit désormais sa vie entre Londres et les Pays-Bas, veillant avec beaucoup d'amour au devenir de ses deux filles.

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