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Disparition de la reine Sirikit

Dynastie ChakriNews Gotha

Christophe Vachaudez

27 October 2025

Même si l’épouse du défunt roi Bhumibol n’apparaissait plus en public depuis quelques années, son décès a provoqué un profond émoi au sein de la population thaïlandaise qui vénérait cette souveraine autrefois considérée par le Général de Gaulle comme la plus belle reine au monde. Un communiqué du palais a annoncé sa disparition, à 93 ans. Sirikit s’est éteinte à l’hôpital Chulalongkorn et son fils, le roi Rama X a décrété un deuil d’un an.

Dans les rues, les Thaïlandais brandissent des portraits de la Reine, pleurent ou se lamentent. La date des funérailles n’est pas encore connue mais, en Thaïlande, il faut parfois patienter une année pour que le cérémonial grandiose entourant la crémation royale batte son plein. Pour le roi Bhumibol, les rituels bouddhistes dont la date a été déterminée par les astrologues ont duré presque cinq jours. Mais pour l’heure, les thaïlandais pleurent celle qu’ils vénèrent depuis ses 17 ans.

© Dario Pignatelli/Polaris

En effet, c’est à cet âge que Sirikit Kitiyakara épouse le roi Rama IX. La jeune fille qui vivait à Paris où son père, le prince de Chanthaburi, officiait comme ambassadeur rejoindra son fiancé en Suisse où il poursuit encore son cursus en droit et en sciences politiques. De son côté, Sirikit a aussi étudié en Grande-Bretagne et en Suisse mais c’est sans doute son passage dans la capitale française qui lui donnera ce goût prononcé pour la haute-couture, puisque sa vie durant, elle sollicite les maisons de couture française pour ses tenues coupées dans les plus beaux tissus artisanaux thaïlandais. Elle sera très proche de Pierre Balmain, une amitié qui transparait dans le musée qui est désormais consacré à la garde-robe de la Reine, dans l’enceinte du complexe royalSa petite-fille, la princesse Sirivannavari qui s’est lancée dans la mode avoue que sa grand-mère fut une précieuse source d’inspiration. 

Mais revenons au 28 avril 1950, le jour de la pleine lune du cinquième mois de l’année du Tigre, quand Bhumibol s’unit à sa lointaine cousine. La jeune femme devient alors la Mère du Royaume et doit s’habituer à voir ses sujets littéralement ramper tels de vulgaires limaçons, faces contre terre, clamant : “Nous ne sommes que poussières sous vos pieds.” Ce protocole strict s’applique également aux ministres, impossible d’y échapper. Toute sa vie, elle s’affirmera comme un soutien indéfectible au neuvième souverain de la lignée des Chakri, cette dynastie qui succéda aux rois d’Ayutthaya en 1782. Gardien des 24 parasols d’Or, le souverain est aussi l’incarnation de Bouddha sur terre, raison pour laquelle il suscite l’adoration du peuple.

Visite en Belgique du Roi de thailande Rama IX Bhumibol Adulyadej et de la reine Sirikit Kitiyakara © DR/Photonews

Quand le couple revient de Suisse, le Roi entame une offensive de charme et initie des cycles de visites officielles qui conduit le couple royal à travers le monde, une façon de promouvoir un pays qui en a grand besoin. Rien qu’en 1960, les souverains visitent les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Danemark ou encore la Belgique où ils sont reçus par le roi Baudouin, ancien condisciple de Bhumibol en Suisse. Á Bangkok, les souverains thaïlandais ont emménagé au palais de Chitralada, sur le domaine royal de Dusit. Bientôt, ils ne sont plus seuls puisque le couple a maintenant trois filles, les princesses Ubol Ratana, Sirindhorn et Chulabhorn, nées respectivement en 1951, 1955 et en 1957, et un fils, le prince Vajiralongkorn, qui voit le jour en 1952.

La reine Sirikit et Vajiralongkorn

La reine Sirikit avec son fils, le controversé Vajiralongkorn © Dario Pignatelli/Polaris/Photo News

Durant son temps libre, la reine Sirikit pratique le piano, l’une de ses passions. En mélomane avertie, elle ne manquerait pour rien au monde le Festival de Salzbourg où elle retrouve la princesse Marie-Christine de Bourbon-Parme. Au sein du gotha, Sirikit avait pour amies la reine Fabiola et la reine Sophie d’Espagne, deux femmes avec qui elle partageait un engagement sans failles avec, notamment, un intérêt soutenu pour la lutte contre la déforestation. Sa Fondation qui aide les plus défavorisés, notamment les cultivateurs de riz tributaires des récoltes, rejoint son travail en tant que présidente de la Croix-Rouge, un des nombreux organismes qu’elle patronnait. La disparition de la mère de Rama X marque la fin d’une ère, celle d’une souveraine de légende qui fut adulée sa vie durant par des millions de Thaïlandais.

Photo de couverture : © DR/Shutterstock.com

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