Disons-le d’emblée : l’enjeu est de taille ! En effet, l’établissement, couronné en 2022 en tant que “Meilleur casino de Belgique”, est un marqueur fort de la commune. De plus, comme écrit ci-avant, il a trois gros concurrents à proximité immédiate. Il ne faut donc pas se louper, d’autant plus que l’échec de la rénovation avortée de 2004, projet trop ambitieux finalement abandonné, est encore dans toutes les têtes. Souvenez-vous : le projet retenu était inspiré par l’approche moderniste de 1930 de Léon Stynen, le jeune architecte de l’édifice. Dans les années 2000, Steven Holl avait imaginé une énorme tour, simulant une voile de verre cristalline et transparente, qui allait surmonter l’édifice. Un beau projet… qui a fait couler toute l’encre du monde !

Petit rappel : cette idée de rénovation a été abandonnée pour deux raisons principales. La première étant la conjoncture économique. Le casino venait d’être repris par Napoléon Games et le groupe estimait que ce projet prestigieux ne serait jamais rentable sans une implication importante des pouvoirs locaux. La deuxième était liée au voisinage du site et directement inhérente au projet de tour. Les 112m de hauteur de l’édifice avait en effet créé une fameuse levée de boucliers… Aujourd’hui, hors de question de revivre ce genre de situation ! La commune a donc levé le voile (là, il y a un jeu de mots… Vous l’avez ?) sur un secret bien gardé : le tout nouveau projet de Casino-Kursaal imaginé par une association de bureaux d’architectes. D’une part TAB Architects, qui peut déjà se targuer de belles réalisations un peu partout en Belgique, dont la rénovation du Musée Juif de Bruxelles. Et deux projets déjà réalisés en partenariat avec le bureau espagnol Barozzi Veiga, qu’on retrouve donc également sur le chantier. Les projets de ces derniers réalisés à Barcelone, Chicago, Miami, Londres, Prague et Milan ont été largement exposés et publiés dans la presse spécialisée internationale. Ajoutez à cela Catherine Mosbach, fondatrice du cabinet français Mosbach Paysagistes, qui s’occupera des transformations extérieures du site, et là, vous avez l’équipe de choc qui sera en charge du projet global !

Alors, que sait-on sur ce casino newlook ? Sur le papier il s’annonce exceptionnel. Rien que le hall d’entrée vaudra le coup d’œil. Ce sera une expression de jeu de courbes portée à son paroxysme et surplombée par une grande ouverture qui aura comme effet d’illuminer l’ensemble avec des effets de lumière toujours changeants. En ce qui concerne l’extérieur : la face Nord s’inspirera du dessin original de Léon Stynen, alors que le côté Sud dévoilera de nouvelles rondeurs et des proportions harmonieuses, rares dans les édifices de cette taille. Chose importante, le nouveau projet a limité les développements extérieurs pour atteindre son objectif visuel mais cache son jeu dans ses fondations : de fait, une importante partie du bâtiment sera souterraine. Ce qui permettra, entre autres, de ne pas gâcher la vue des résidents. À Knokke, on a visiblement appris des erreurs du passé…

Pour les plus curieux et impatients, le projet “Horizon 8300 : Casino Knokke-Heist – un nouvelle élan” est exposé depuis le 12 décembre jusqu’au 21 janvier au centre culturel de la commune. Que vous soyez adepte de ces lieux particuliers que sont les casinos, ou pas, vous serez séduit. Avec des maquettes, des photos et l’interprétation du concours d’architecture, vous aurez un premier aperçu du futur site du casino. Avec des photos d’archives uniques, vous plongerez également dans son passé glorieux fait de fêtes, de spectacles, d’invités célèbres et de folie des grandeurs. Dans le cadre de cette exposition, de fin décembre à mi-janvier, trois conférences seront proposées autour de l’architecture des lieux. Et bien que leurs projets n’aient pas été retenus, des candidats-architectes offriront une perspective intéressante sur le site, leur travail et leur réflexion. Le joli slogan publicitaire du casino knokkois actuel est La chance de vivre. Prions pour que le nouveau projet précité ait cette chance là…

Illustration de couverture : © TAB