Vins de la méditerranée

La Méditerranée est le berceau de la viticulture. Ici, chaque bouteille porte en elle la mémoire de la mer, le souffle du vent chaud, le goût du retour aux sources. Quel que soient les pays, du Maroc au Liban en passant par l’Égypte, on y retrouve une collection de cépages oubliés, de traditions viticoles et de savoir-faire. Outre le soleil abondant, ce qui les lie, c’est l’origine des sols. Le plus souvent calcaires, garantie d’une certaine fraîcheur ! Depuis quelques années, grâce au succès de la cuisine méditerranéenne à travers le monde, de belles initiatives viticoles ont émergés et, partout, des pépites accompagnent cette tendance. En dehors de schémas géopolitiques parfois complexes, on peut saluer la résilience de ces artisans de la vigne face au réchauffement climatique.

Domaine de Baccari Première de Baccari 2021, Maroc : un joyau marocain

Sur les contreforts du Moyen Atlas, à Meknès, ce domaine occupe un plateau argilo-calcaire où souffle un air frais venu des montagnes. Sous la direction d’une femme – seule vigneronne du Maroc – les vignes sont cultivées en agriculture biologique, sans engrais chimique, pesticide, ni insecticide. Peu à peu, Baccari a pris des allures de petite ferme en polyculture, avec élevage d’animaux et production de fruits & légumes. Les eaux usées y sont traitées et l’ensemble géré dans une approche respectueuse de la terre et de son écosystème. Née d’un assemblage subtil de syrah et de cabernet franc, la cuvée Première, issue de vieilles vignes, illustre ce savoir-faire. Élevé en foudres de 30 hectolitres, en amphores et en fûts de 500 litres, ce vin révèle une texture soyeuse complexe et texturé, ainsi qu’une belle profondeur aromatique : fruits noirs mûrs, épices douces, menthe poivrée… Avec une finale longue et une empreinte saline qui rappelle le calcaire de ses origines. Une véritable oasis au milieu d’une viticulture souvent industrielle !

Prix : 34,30 euros • Où : terresmillesimees.fr

Les Vignerons de Carthage Le M brut, Tunisie : festif !

Créée en 1948, l’Union centrale des Coopératives viticoles (UCCV) regroupe neuf caves coopératives et représente près des deux tiers de la production tunisienne. À la pointe des techniques de vinification, cette union collecte les raisins de ses adhérents, certes, mais gère aussi plusieurs domaines tels que Magon, Royal Azur ou Reine Elissa. Ce dernier est associé à Pierre Degroote, un vigneron belge originaire de Nivelles, ingénieur en agronomie et œnologie qui a quitté la Belgique en 1970 pour s’installer dans le Languedoc. Riche de plus de quarante ans d’expérience, il a fondé plusieurs domaines et châteaux viticoles dans le monde. Parmi les cuvées remarquables du domaine, Le M Brut nous a séduit par sa finesse. Sa mousse est délicate et onctueuse, son nez dominé par des notes de citron et de fruits à chair blanche, comme la pêche. En bouche, ce vin pétillant dévoile une belle vivacité et une fraîcheur fruitée qui lui donne un équilibre harmonieux entre puissance et délicatesse. Idéal à l’apéritif !

Prix : environ 28€ • Où : cavistes

Château Marsyas, rouge 2016, Liban : les raisins de la paix

Posé sur la plaine calcaire de la Bekaa, dans le village chrétien de Kefraya, le château Marsyas est né voici vingt ans sous l’impulsion de la famille Saadé, francophile et passionnée de vins. En termes de qualité, des choix draconiens ont été mis en place dans le vignoble afin d’extraire un vin profondément racé et identitaire. Cet assemblage de divers cépages internationaux (merlot, cabernet, syrah, petit verdot) surprend l’amateur par son équilibre et sa fraîcheur. Très aérien, le vin mêle des notes florales et de fruits très mûrs à une touche épicée, presque orientale. La roche calcaire assure un joli velouté de textures. On gagnera à le boire sur une légère évolution : ce millésime 2016 est donc parfait !

Prix : 31,20€ • Où : terresmillesimees.fr

T-Oinos Clos Stegasta 2022, Grèce : projet lunaire sur Tinos, l’île d’Éole

Voisine de l’effervescente Mykonos, Tinos apparaît comme une île monacale à la fois sauvage, austère et spirituelle. Surnommée “l’île du vent”, elle vit sous l’influence quasi journalière du meltem (le vent des Cyclades – NDLR). Au sommet de l’île, à 500 mètres d’altitude, surgit un paysage lunaire, conglomérat de blocs de granit. La légende murmure que ces “armes” de pierre représentent le combat des dieux. Au cœur de ce chaos minéral est né un vignoble qui capte avec précision les énergies du lieu On y cultive le cépage cycladien assyrtiko, qui révèle sur ces sols de granit une identité très éloignée de celle que l’on trouve à Santorin, par exemple. Cultivée dans des conditions extrêmes, la vigne résiliente offre des raisins qui racontent l’histoire du lieu à travers une aromatique iodée et finement épicée. En bouche, le vin se développe tel un concentré d’énergie porté par une clarté, une précision et une longueur interminable.

Prix : 100 euros • Où : cavistes

Kouroum of the Nile Beausoleil blanc, Égypte : pharaonique !

Le 2^e plus grand domaine viticole d’Égypte est situé à El Gouna, au bord de la mer Rouge. Créé en 2003 par André Hadji-Thomas, il s’étend sur plus de 200 hectares de vignobles certifiés biologiques, cultivant principalement des cépages locaux comme le bannati, mais aussi des cépages internationaux. C’est un pionnier du renouveau qualitatif viticole en Égypte, couronné de plusieurs médailles internationales. Beausoleil blanc est un vin élaboré à 100% avec le cépage autochtone bannati. Apprécié pour sa fraîcheur aromatique, due à ses notes fruitées et florales, typiques de du cépage, ce vin présente une une belle longueur en bouche et une texture élégante, caractéristique des vins blancs de terroir du Nil. Il a reçu de multiples médailles, dont une en argent au Concours mondial de Bruxelles en 2016, ce qui en fait une référence majeure du renouveau qualitatif des vins égyptiens. Sa production 100% biologique est le fruit d’un terroir et d’un savoir-faire locaux. À découvrir !

Prix : 7 euros environ • Où : cavistes

Photo de couverture : © G. VDokakis