Stéphane Lémeret
25 September 2024
Le nouveau crossover urbain d’Alfa Romeo n’est pas encore en concessions que, déjà, il a affirmé son caractère en envoyant valser les remontrances… d’un gouvernement ! Peut-être avez-vous suivi ce mini-feuilleton qui s’est joué entre fin 2023 et le printemps 2024 ? Premier épisode : le microcosme automobile rivalise de suppositions quant au nom du futur modèle d’Alfa, dont on sait déjà qu’il sera un petit SUV, plus petit que le Tonale. Le nom qui a les faveurs des “devins” est Brennero. Ce serait logique, puisque Stelvio et Tonale, les autres SUV de la marque, portent des noms de cols montagneux, ce qu’est aussi le Brenner. Mi-décembre, la nouvelle tombe pourtant très officiellement et surprend tout le monde : finalement, ce sera l’Alfa Romeo Milano, en hommage à la ville d’origine de la marque. Maintenant, on sait et il ne reste qu’à attendre le dévoilement du véhicule. C’est chose faite le 10 avril, et le monde découvre un petit véhicule racé, assertif, tout sauf ordinaire. Mais c’est là que la politique s’en mêle…
© LUCA DANILO ORSI
Dans la foulée de cette présentation, un membre du gouvernement italien émet une objection de façon très appuyée. Selon l’homme politique, le véhicule n’a pas le droit de s’appeler Milano. Car au regard d’une loi visant à protéger le patrimoine et l’industrie du pays, seuls les produits fabriqués en Italie ont le droit de porter des appellations faisant référence à des origines italiennes. Or, Milano est le premier modèle Alfa à être produit hors d’Italie, en l’occurrence en Pologne. On peut se demander pourquoi le gouvernement italien a attendu avril pour protester, alors que le nom était connu depuis près de quatre mois. Élément de réponse : Stellantis (la maison mère d’Alfa Romeo et de Fiat) et le gouvernement italien s’opposent rudement depuis de longs mois, sur fond de volumes de production et d’emploi dans la péninsule.
© LUCA DANILO ORSI
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La polémique sur le nom Milano a rapidement enflé, mais Alfa Romeo n’a pas tardé à clouer le bec à tout le monde. Cinq jours plus tard, tombe ce communiqué : “Milano ne convient pas ? Ce sera Junior !”. Voilà comment ce petit véhicule au fort tempérament a répondu à un gouvernement. N’y a-t-il pas quelque chose de très italien dans cette façon de défier l’autorité ? Par ailleurs, à notre humble avis, le nom Junior va bien mieux à ce véhicule qui cherchera à séduire une clientèle jeune et éprise de différence. Pour la petite histoire, il est en outre issu du patrimoine Alfa Romeo, puisqu’il est apparu en 1966 avec l’Alfa GT 1300 et a, par la suite, désigné des versions ou autres séries spéciales de divers modèles de la marque.
© LUCA DANILO ORSI
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Cette Junior occupe une place importante dans l’histoire d’Alfa, puisqu’il s’agit de son tout premier modèle 100 % électrique. Électrique, certes, mais outre la version “à batterie”, annonçant 156 chevaux et quelque 400 kilomètres d’autonomie, existe aussi une version hybride 136 chevaux. Et c’est bien vers l’électrique que devront se tourner ceux qui associent forcément Alfa Romeo et performances sportives. La variante la plus musclée de la Junior est, en effet, la bien nommée Veloce. Elle dispose d’un
moteur électrique de 280 chevaux promettant une accélération de 0 à 100 km/h en 5,9 secondes.
Nous avons déjà pu mettre cette version à l’épreuve au centre d’essais de Balocco, près de Milan, à l’endroit même où les ingénieurs peaufinent inlassablement ses réglages pour en faire une Alfa passionnante à conduire, comme il se doit. Mission accomplie ? Quiconque nourrit un amour certain pour Alfa Romeo sait que la marque ne touche pas les cœurs que par ses performances, mais aussi par les sonorités qu’elle a proposées au fil de ses 110 ans d’histoire. Rien que récemment, comment oublier la voix du V6 Busso, des petits moteurs Boxer ou des Twin Spark ? Certains lecteurs savent. Voilà donc ce qui manque à une électrique, par définition. Et quelque part, nous sommes reconnaissants à Alfa Romeo de ne pas avoir créé une sonorité artificielle, au risque d’aboutir à quelque chose de ridicule ou d’irritant.
© LUCA DANILO ORSI
Mais outre cela, notre séance de conduite très engagée sur circuit a mis en évidence des choses prometteuses. Comme un poids relativement contenu (1500 kilos) pour un véhicule électrique. Comme une direction directe et “informative”. Comme un châssis incisif et remarquable d’efficacité. Et, bien sûr, comme des reprises vigoureuses et instantanées, caractéristique typique ô combien plaisante des motorisations électriques.
En résumé, voici une Alfa Romeo rapide, dotée d’un comportement routier qu’on peut qualifier de sportif et qui nous arrive avec une aura de rebelle. Finalement, il ne lui manque qu’une voix. À chacun de voir si c’est rédhibitoire ou non pour une Alfa.
Les prix de l’Alfa Romeo Junior débutent à 29 200 euros, comptez un peu plus de 46 000 euros pour la version Veloce.