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Stéphane Lémeret

11 February 2024

Si la Belgique n’a aujourd’hui plus de marque nationale à mettre fièrement en avant, c’était loin d’être le cas aux origines de l’automobile. En tant que pays à la pointe de la révolution industrielle et forte de son industrie sidérurgique dominante, la Belgique fut, en effet, aux premières loges lorsqu’entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, le monde se prit de passion pour cette nouvelle invention. De la plus humble à la plus prestigieuse, notre  petit pays a compté jusqu’à 158 (!) marques de voitures. Et certains se souviennent peut-être encore de noms comme Nagant, Germain, FN, Excelsior, Imperia ou Minerva. Cette dernière, dont les racines sont à Anvers, était même au début des années 1900 une des marques les plus prestigieuses au monde. Ses modèles étaient notamment appréciés pour leurs qualités routières et pour le souci  du détail de leurs finitions luxueuses. Et on peut légitimement soupçonner que les Minerva ont été une source d’inspiration pour celui qui fut un temps le directeur commercial du constructeur en Grande-Bretagne et qui allait bientôt cofonder sa propre marque : un certain… Charles Rolls.

Eldorado des marques nationales

Pendant ces premières décennies d’histoire, notre industrie automobile est donc bouillonnante. Si bien que la Belgique détiendra très longtemps le record mondial du nombre de voitures produites par habitant. Le Belge aime la voiture, et tout le secteur automobile le lui rend bien. Malgré sa taille a priori modeste, notre marché devient bientôt si alléchant que tous les constructeurs étrangers en veulent leur part. Mais nous sommes dans l’entre-deux-guerres, période de protectionnisme exacerbé. Chaque pays impose de lourdes taxes pour les automobiles importées “entières”. La  solution pour contourner le problème est donc d’implanter un site d’assemblage dans le pays courtisé et d’y construire des voitures à partir de pièces importées, pas ou peu taxées, elles. La Belgique voit se multiplier les usines d’où sortent des modèles de marques venues d’ailleurs. Mais pendant que d’autres investissent chez nous, les marques belges n’ont, hélas, pas les moyens ou l’envie d’en faire autant à l’étranger. Peu à peu, elles perdent donc des parts de marché. Nos fleurons tombent en faillite les uns après les autres. La toute dernière voiture belge, une Imperia, est assemblée en 1958.

L’industrie automobile belge aura un sursaut de fierté durant les années 1990, quand l’ancien pilote Tony Gillet crée la Vertigo, une voiture de sport pure et radicale qui battra le  record du monde du 0 à 100 km/h en 1994. Elle rencontrera quelques succès en compétition dans les années 2000, mais ne sera produite qu’à une poignée d’exemplaires. La marque Gillet Automobiles se montre très discrète depuis plusieurs années, même si elle existe toujours officiellement.

Main d’oeuvre de qualité

C’est donc sur le terrain de l’assemblage que la Belgique poursuit son chemin dans le monde de l’automobile, et cultive une réputation mondiale de know-how. L’apogée de la production automobile en Belgique est atteinte dans les années 1980-1990. À cette époque, cinq grandes usines tournent à plein régime, produisant des modèles de grande importance pour leurs marques respectives. À Anvers, Opel produit des Astra. À Vilvorde, Renault produit des Clio et des Mégane. À Gand, Volvo produit ses grands modèles des séries 700 et 800. À Genk, dans le Limbourg, Ford produit des Sierra, puis des Mondeo. Et VW Forest produisait des Golf et des Passat.

1997 marque le début d’un déclin. Renault ferme Vilvorde, provoquant un séisme dans le pays. Opel Anvers ferme en 2010, comme quatre ans plus tard Ford Genk.

Transition électrique

L’explication ? On le sait, le coût du travail est très élevé en Belgique. Ce qui signifie qu’une usine automobile n’y est rentable que si elle produit des véhicules à haute valeur ajoutée. Autrement dit, des véhicules assez chers. Raison pour laquelle Volvo Gand a toujours gardé le cap. C’est aussi pourquoi VW  Forest, menacée en 2010, n’a été sauvée qu’en devenant Audi Brussels. Bref, la production automobile belge ne  subsistera que si elle demeure un pôle d’excellence. Cela tombe bien, c’est précisément ce qu’elle est. Car assez tôt, entre 2015 et 2020, les sites Audi et Volvo ont commencé à se préparer au futur… électrique. C’est ainsi  qu’en 2018, le tout premier modèle 100 % électrique de l’histoire d’Audi, le SUV e-tron, fut exclusivement produit à Bruxelles. Chez Volvo, la Belgique a produit dès 2017 le XC40, qui utilise une architecture prête pour la transmission électrique. Cette version a commencé à sortir de l’usine de Gand en 2020, suivie en 2021 par le C40 qui, lui, est uniquement produit en Belgique.

Voilà donc où en est la production automobile dans notre petit pays, bien placé pour jouer un rôle dans le futur hautement technologique de la voiture électrique. L’activité est déjà promise à se développer, puisque Volvo annonce que son plus petit modèle électrique, EX30, sera également produit à Gand. Audi a, de son côté, évoqué la production du Q4 e-tron à Bruxelles. Puisse la présence en Belgique de ces deux poids-lourds de la transition énergétique donner des idées à d’autres acteurs dynamiques, chinois par exemple…

Volvo XC40 Recharge production in Ghent, Belgium

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