Inscrivez-vous à notre newsletter

  • HLCÉ

Change : la finance citoyenne

FinanceImpactInvestissement

Martin Boonen

20 October 2022

Si l’argent est le nerf de la guerre, la finance est son bras armé… et sa lame est à double tranchant. D’un côté, elle coupe des têtes sur l’autel de la rentabilité, de l’autre elle permet à des projets qui peuvent changer le monde d’exister. C’est à cette dernière facette que nous nous intéressons aujourd’hui avec le fond à impact Change.

Les fonds à impact, ce sont des fonds d’investissement dont l’objet est de soutenir et financer le développement de projets dans l’économie sociale, solidaire et environnementale. Ce sont des fonds citoyens, en quelque sorte. Rien de bien étonnant que Change, fondé en 2019, soit issu de Crédal, une coopérative de finance éthique, elle-même créée en 1984. “Nous proposons du crédit aux associations, aux acteurs engagés, du micro-crédits aux entrepreneurs qui se lancent ou aux particuliers en difficulté. Le tout avec un vrai accompagnement social” explique Sébastien Degrave, directeur de la communication et du marketing de Crédal. Puisque la structure fonctionne comme une coopérative, n’importe qui peut devenir coopérateur. Le prix d’une part de coopérateur s’élève à dix euros. En contrepartie, Crédal s’engage à ce que 100% de l’argent des coopérateurs servent à soutenir des acteurs locaux dans un but social. “L’argent des coopérateurs ne sert pas, comme dans d’autres établissements, à payer les dépenses en communication et en marketing ou les frais de fonctionnement. Nous nous finançons autrement” tient à préciser Sébastien Degrave.

Évidemment, coopérateur ne veut pas dire investisseur. Crédal n’entre, en effet, pas au capital des projets qu’il soutient. En 2019, sentant qu’il pouvait aller plus loin dans son soutien aux projets à impact qu’il défend, Crédal décide de lancer Change, un véritable fond d’investissement. L’objectif : nouer une vraie relation durable avec des startups à impact, en devenant actionnaire et en entrant, par exemple, dans leur conseil d’administration. “Nous ne sommes pas là pour leur apprendre leur métier, nous n’avons aucun rôle opérationnel, clarifie tout de suite Sébastien Degrave. Mais nous les aidons à mesurer leur impact pour qu’il puisse vérifier qu’ils se dirigent toujours dans la direction qu’ils avaient choisie et pour laquelle nous étions prêts à les soutenir.” Pour cela, quatre domaines ont été retenus : l’inclusion sociale, la transition écologique, la transformation du modèle entrepreneurial et l’innovation sociale. Les projets dans lesquels investir Change doivent avoir une action positive dans, au moins, trois des quatre critères énoncés. “Nous sommes très exigeants, il est hyper difficile d’en demander plus. Être rigoureux à la fois dans les domaines écologiques et sociaux, et entrepreneuriaux en même temps est extrêmement difficile. Mais évidemment, s’ils remplissent déjà trois conditions, nous les poussons (et nous sommes dans la position de le faire) à développer la quatrième.”

Le portefeuille de Change se compose d’une dizaine de projets dans des domaines très variés : le numérique (BeCode et Beego), la mobilité verte (Cyclobility), des cosmétique éco-responsables (Slow Cosmétique), la mode éthique (Bonjour Maurice), l’alimentation (Ethiquable)… et d’autre encore. L’année passée, ce sont Mad Lab (une marque engagée dans le bio, appliquant des méthodes artisanales à une production semi-industrielle et circulaire) et aSmartWorld (reconditionnement de tablettes et smartphones) qui ont rejoint le panel de Change.

Slow Cosmétiques © DR

Mad Lab © DR

Cyclobility © DR

BeCode © DR

Mais alors que l’on peut devenir coopérateur Crédal à partir de dix euros, le ticket d’entrée pour Change est dix mille fois supérieur (soit 100 000 euros). Et tout ça pour du mécénat ? “Absolument pas, se défend Sébastien Degrave. Nous sommes un vrai fond d’investissement, et à ce titre, nous garantissons un retour sur investissement de l’ordre de 2 à 3 pourcent. Évidemment, dès que l’on se retrouve dans un environnement de startups, le risque est plus élevé qu’ailleurs. Nos investisseurs ont, pour certains, un profil qui les rapproche des business angels. Ils ont, pour la plupart, déjà établi un capital personnel confortable qui leur permet de soutenir des projets avec une responsabilité sociale. Le rendement, même s’il existe, n’est pas leur première motivation” admet cependant le responsable de la communication de Crédal.

La participation moyenne du fonds dans un projet soutenu par Change se chiffre entre 100 et 200 000 euros. Si cette sommes ne suffit pas encore à être décisif dans le développement de la société, alors Change n’hésite pas à co-investir avec d’autres fonds à impact. “Cela nous permet d’investir 500 ou 600 000 euros et de bénéficier d’un effet de levier vraiment déterminant.” Avec ses partenaires (comme Funds for Good), Change a déjà levé près de neuf millions d’euros.

C’est autant d’argent qui fera du bien à la planète et contribuera à améliorer la société dans laquelle nous vivons. Et si cette finance, finalement vertueuse, n’était pas l’ennemi désigné par François Hollande lors de son célèbre discours du Bourget en 2012, mais au contraire, une partie de la solution ?

Photo de couverture : aSmartWorld (reconditionnement de tablettes et de téléphones), l’un des projets soutenu par le fond à impact de Crédal, Change © DR

En toute santé : Le Cancer … et après ?

Beauté & Santé

En Belgique, de nombreuses initiatives sont proposées pour améliorer la qualité de vie des patients durant la prise en charge de leur cancer : interruption ou adaptation du temps de travail , soins esthétiques, cours de relaxation , groupes de discussion, entretien psychologique, … Il existe également des ouvrages sur la maladie vue par le malade qui aborde le sujet sans tabou et donne les « trucs et astuces » pour passer ce cap au mieux (1). En revanche, dès la fin du traitement, l’attention des soignants et même de la famille est moins présente et le malade (qui ne l’est plus) se sent livré à lui-même. Cet « après cancer » est une étape difficile qu’on commence à prendre en compte dans les services d’oncologie en abordant divers aspects du mode de vie pour éviter les récidives.

Informations supplémentaires

Sur internet

Publicité

Mathieu de Lophem (Nuketech) : “Le nucléaire est une énergie durable”

Économie & Finances

Le secteur de l’énergie est en crise. La question de l’approvisionnement et de la durabilité est au cœur des enjeux actuels. Annoncé condamné chez nous depuis une éternité, le nucléaire a peut-être encore des cartes à abattre et l’hypothèse de sa prolongation n’est désormais plus taboue. C’est aussi la conviction de Guerric de Crombrugghe, Amaury de Hults et Mathieu de Lophem. Les trois entrepreneurs viennent de lancer Nuketech, un nouveau fonds d’investissement belge dont l’objet est de soutenir et développer la recherche et le développement autour du nucléaire. Nous avons fait le tour de la question avec Mathieu de Lophem.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles