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Rédaction

02 June 2015

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L'Eventail - On ne trouve plus un entrepreneur qui ne parle pas de crowdfunding. Mais, qu'est-ce que cela signifie, et d'où cela vient ?

Guillaume Desclée -  Le financement participatif, puisque c'est bien de cela dont il s'agit, ça paraît très neuf, et en fait, cela existe depuis des centaines d'années. Déjà, le financement du socle de la Statue de la Liberté est une opération de crowdfunding, via la presse locale new-yorkaise. Et la quête du dimanche à la messe, c'est aussi du crowdfunding. Le crowdfunding n'a pas attendu internet pour exister. En revanche, la technologie a été un fabuleux accélérateur pour ce phénomène. En particulier en 2008, avec la convergence de deux circonstances, deux révolutions. La première concerne les mentalités: avec la crise financière, les gens se sont rendu compte que la finance avait un impact sur leur vie, qu'elle pouvait se retourner contre eux. Il fallait de nouvelles pratiques pour la finance. C'était déjà arrivé dans l'alimentaire, avec l'explosion du bio après la crise de la vache folle. On vit dans une société de l'information, et le monde réagit et s'adapte à cette information. La seconde révolution a été technologique: grâce au web 2.0, le paiement en ligne, le social media, etc, le crowdfunding s'est doté d'outils fondamentaux pour son développement. Aujourd'hui, on atteint des volumes extraordinaires de levée de fonds: 7 milliards d'€ l'an dernier. C'est deux fois plus qu'en 2013 et c'est deux fois moins qu'en 2015...

- Donc, les banques, les business angels, c'est has been ?

- Non, pas du tout, ce n'est simplement pas la même chose. Le crowdfunding, c'est beaucoup plus qu'une histoire d'argent. Le crowdfunding, c'est avant tout fédérer, autour de son projet, une communauté. L'argent n'est que le résultat de l'engouement de cette communauté. L'un des objectifs du crowdfunding c'est de pouvoir capitaliser sur la diversité de la communauté. Au lieu d'avoir un ou deux business angels, on va avoir une constellation d'investisseurs, constituée de juristes, de médecins, de demandeurs d'emplois, d'entrepreneurs, et d'employés en tous genre… L'idée c'est de pouvoir compter sur un échantillon de gens qui peuvent accompagner le développement de l'entreprise. Il y a un vrai échange qui se crée. Une belle histoire, c'est celle de Pierre Buffet (L'histoire de Domobios et Acar'Up sur Eventail.be) qui a demandé à sa communauté de se rendre dans les pharmacies pour susciter l'intérêt des pharmaciens. Mais tout cela n'est pas contradictoire avec les banques et les business angels, c'est même complémentaire.

- Au contraire de ces deux catégories d'investisseurs, les internautes du crowdfunding ne sont pas des professionnels, comment savoir dans quel(s) projet(s) investir ?

- Il y a deux aspects importants pour les investisseurs du 'crowd': la compréhension facile de l'intérêt du projet, les valeurs sociétales qu'il porte et en lesquelles on peut s'identifier. C'est la valeur émotionnelle du projet. Mais il y a aussi le rendement potentiel de l'investissement. C'est la valeur financière du projet. Nous laissons les internautes juges de la première, et pour la seconde, nous fournissons toute une série de documents (mémorandum, dew diligence), extrêmement précis et transparents, pour leur permettre d'évaluer l'intérêt émotionnel et financier du projet. Ensuite, nous pratiquons le co-investissement: à côté du crowd, nous allons chercher des investisseurs professionnels, prêts à amener 100 000 ou 200 000€ à côté des internautes, aux mêmes conditions financières. Cela rassure les internautes et crédibilise le projet. Après, s'il est plus facile de convaincre les internautes quand d'importants investisseurs professionnels entrent dans la danse, il est aussi plus facile de convaincre ces investisseurs quand les internautes ont déjà validé le marché potentiel via le crowd. Ensuite, MyMicroInvest, ce n'est pas que la plateforme en ligne, c'est aussi un fonds d'investissement de 15 millions d'€, alimenté par des banques et des institutions, qui soutient certains de nos projets.

- Certains projets ? Cela signifie que MMI ne soutient pas forcément tous les projets présentés sur la plateforme ?

- Non, cela signifie que le fonds d'investissement de MMI ne s'implique pas systématiquement. Nuance. Pour une raison très simple: ce sont les internautes qui choisissent quels projets bénéficieront d'une campagne de crowdfunding. Certains de ces projets ne correspondent pas aux critères d'investissement de notre fonds, notamment en matière d'impact investment. Notre fonds ne peut investir que dans des projets qui répondent à des problèmes sociétaux.

- Cela signifie que MMI veut avoir une responsabilité sociétale ?

- Le crowfunding, en lui-même, est déjà responsable socialement. Le crowdfunding, c'est financer l'innovation, l'un des seuls leviers de croissance économique dont nous disposons encore en Europe. Investir dans des PME ou des TPE (Très Petites Entreprises, ndlr), c'est investir dans le futur de notre croissance économique, c'est investir dans de l'économie réelle, celle qui crée de la valeur et de l'emploi, celle qui alimente la recherche et le développement. Ce n'est pas parce que tout le monde n'a pas les moyens des banques ou des business angels qu'il faut se déresponsabiliser. L'un des objectifs de MMI, c'est justement de démocratiser le capital risque et de professionnaliser le crowdfunding. Aujourd'hui, on offre un moyen très concret de prendre un rôle actif dans l'avenir de notre économie. Ces projets, ce ne sont pas des produits financiers obscurs sur des marchés, achetés et revendus en 24 h. C'est de l'investissement primaire : tout l'argent investit crée de la valeur. Ça n'a rien de spéculatif ou d'abstrait. Il y a beaucoup de façon de prendre ses responsabilités dans notre économie, nous avons choisi, mes associés et moi, de la faire en finançant l'innovation. C'est pour cela qu'on se lève le matin, c'est pour ça qu'on y croit, et c'est pour ça qu'on le fait.

Plus d'infos? www.mymicroinvest.com

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