Martin Boonen
23 June 2025
Chez Novobiom, l’innovation se cultive à l’échelle microscopique. Depuis 2021, l’entreprise développe des solutions biotechnologiques fondées sur les propriétés naturelles des champignons. “Les champignons, ce sont les chimistes et les recycleurs du vivant”, affirme Jean-Michel Scheuren, cofondateur de la société. La start-up est fondée sur une approche singulière : la mycoremédiation ou l’art d’utiliser les capacités enzymatiques du mycélium pour dégrader des polluants complexes.
L’entreprise a constitué une collection de plus de 450 souches fongiques capables de croître sur des matrices contaminées. Grâce à des clones digitaux et à l’intelligence artificielle, Novobiom affine des modèles prédictifs pour guider les stratégies de dépollution. “Le Saint-Graal, c’est de travailler directement avec les capacités naturelles d’un sol à se régénérer”, explique Jean-Muchel Scheuren. Cette approche permet d’éviter l’extraction des terres, limitant ainsi les coûts et l’empreinte carbone des interventions.
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Au-delà des sols, Novobiom s’attaque également aux déchets textiles, réputés difficiles à recycler. “Les fibres naturelles et synthétiques sont souvent amalgamées, ce qui rend leur séparation quasi impossible”, précise le CEO. L’équipe a pourtant trouvé un levier inattendu : faire pousser des champignons sur les textiles pour valoriser le coton en biomolécules utiles à la cosmétique ou au nettoyage. Les fibres synthétiques, quant à elles, sont récupérées via une étape de biométhanisation. Ce procédé, protégé par six brevets, séduit par sa sobriété énergétique et son efficacité. Il s’inscrit dans une logique d’économie circulaire inspirée du vivant. “Notre ambition est de résoudre des problèmes à grande échelle”, confie Jean-Michel Scheuren. Résoudre de grands problèmes en exploitant des micro-organismes… Si le paradoxe n’est pas mince, les résultats sont là : l’entreprise est désormais soutenue par l’EIC Accelerator, l’un des instruments européens les plus compétitifs en matière d’innovation deeptech.
Jean-Michel Scheuren et Caroline Zaoui, respectivement CEO et directrice scientifique, partagent un même attachement au biomimétisme. “Nous nous inspirons des mécanismes du vivant pour restaurer ce qui a été dégradé”, résume Jean-Michel Scheuren. Une approche lente à industrialiser mais porteuse d’un potentiel immense. Si la mycologie a longtemps été négligée par la recherche, elle opère aujourd’hui un retour en force, portée par des initiatives comme celle de Novobiom.
La jeune entreprise, désormais en phase de croissance, compte entre huit et quinze collaborateurs, et prévoit de dépasser les vingt d’ici la fin de l’année. Elle collabore déjà avec de grands noms de l’industrie, comme L’Oréal, pour accompagner la transition vers des pratiques plus durables.
Photo de couverture : © Novobiom
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