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Martin Boonen

19 May 2015

© Brussels Beer Project

Quand Sébastien Morvan et Olivier de Brauwere, deux jeunes Bruxellois, se sont mis en tête de lancer une nouvelle brasserie dans leur ville, le pari était loin d’être gagné. Non pas que les brasseries pullulent dans notre capitale (à l’époque, en juin 2013, seule la vénérable brasserie Cantillon, et la plus jeune brasserie de la Seine occupent la place), mais avec quelques 2 500 bières différentes (bière à façon comprises) brassées en Belgique, il ne fallait pas avoir peur de jouer des coudes pour faire son trou. Pas effrayé pour un sous, les deux apprentis brasseurs ont été plus loin.

Le succès médiatique de leur petite dernière, la Babylone, brassé selon le concept d’économie circulaire (voir un exemple de cette économie sur Les champignons de Bruxelles) à partir de pain frais invendu, prouve que le duo à eut raison de s’y risquer. Mais comment s’y sont-ils pris ?

Co-création et créativité 

« L’ADN de Brussels Beer Project, on essaie de la résumer en un mot (mais on triche un peu) : co-création. Ce qui nous intéresse dans notre activité, et c’est la raison d’être de Brussels Beer Project, c’est la collaboration ». En 2013, Sébastien et Olivier organisent de grandes dégustations publiques à Bruxelles. A l’issues de celles-ci, les participants votent pour l’un des quatre prototypes de bières présentés par Brussels Beer Project. Une fois la recette gagnante connue, un nouveau vote, sur les réseaux sociaux cette fois-ci, permet de nommer cette bière. 

Ensuite, les bruxellois (et les autres) ont aussi été invité à financer le projet via une campagne de crowdfunding: Beer for Life. Contre 160€, le Brussels Beer Project s’engage à vous livre douze bières par an, à vie! « On a levé 150 000 euros sur deux opérations, la plus importante levée de fond en crowdfunding reward de Belgique, encore à l’heure actuelle, à ma connaissance » jauge Sebastien Morvan.

Depuis, le projet a décollé. Après leur première bière, la Delta, et venu s’ajouter la Dark Sister et désormais, celle qui a tant fait parler d’elle: l’étonnante Babylone, brassée à partir de pain frais invendu, dans la droite lignée de l’économie circulaire. La seconde grande valeur de Brussels Beer Project, c’est la créativité. Dans un milieu très protectionniste, les deux entrepreneurs ont prouvé que vouloir réinventer la bière, ce n’était pas comme réinventer l’eau chaude.

« On a eu la chance avec Olivier de beaucoup voyager et d’être bercé par différents gouts, différents savoir faire brassicole. On voulait que ces voyages transparaissent dans nos bières, en respectant notre héritage belge, qui est exceptionnel, mais en allant voir ce qui se passe dans le nouveau monde de la bière ».

Bref, le Brussels Beer Project ouvre l’univers de la bière belge aux saveurs et savoir faire du « nouveau monde » brassicole. Du coup, des bières éphémères aux accents d’ailleurs ont aussi vu le jour : la Babeleir de Saint-Jean (Québec), la Babeleir de Bretagne, et enfin, la semaine dernière la Transatlantica brésilienne, née d’une collaboration sur place avec une brasserie locale. 

Empêcheur de brasser en rond

Mais, à force de bousculer les traditions, c’est inévitable, on finit par déranger. « Quand on est petit, tout le monde vous trouve mignon. Puis, en grandissant, vous commencez à déranger. Mais c’est une bonne chose de déranger. Si vous ne dérangez pas, c’est que soit vous ne faite rien, soit vous faite la même chose que les autres, en plus petit. Ce n’était clairement pas notre but » assume Sébastien. L’establishment brassicole belge, puissant et bien installé, n’aime pas être secoué : « C’est vrai qu’en Belgique il y a des attitudes conservatrices avec lesquelles on n’est pas forcement d’accord. Et c’est vrai que les relations avec certains ne sont pas aussi cordiales qu’on aimerait. Ça ne nous empêche pas de travailler comme on l’entend et de tracer notre chemin. On ne veut pas rentrer dans les querelles de clocher, ça dessert tout le monde. De toute façon, les critiques sont très localisées. À Bruxelles, on joue un derby en fait ! » explique enfin Sebastien Morvan.

Convaincu par leur démarche, le BBP fait front et ne se montre pas impressionné par les attaques et les intimidations à peine voilée, par voix de communiqué, d’un groupe d’une quinzaine de petits brasseurs. Leurs détracteurs accusaient les deux ‘kets’ de ne pas être des brasseurs (et donc de concurrence déloyale), puisqu’ils ne possédaient pas de brasserie (jusqu’à présent, le Brussels Beer Projet confie la production de leurs bières à la brasserie Bier Anders, dans le Limbourg).

Des projets et des idées

Sans vouloir rentrer dans la polémique, ils ont pourtant répondu à cette critique de la plus belle des manières. En décembre 2014, le Brussels Beer Project annonce qu’ils s’installent dans une ancienne brasserie du centre de Bruxelles, dans la très branchée rue Dansaert : « La brasserie ouvre en septembre 2015. On a pris le paris d’être au centre de Bruxelles, dans un quartier de brasseurs historique pour être proche et ouvert à notre communauté sans qui le projet n’existerait pas. ». Un peu moins de 500m2, caves comprises, et une brasserie verte (les bières du Brussels Beer Project sont 100% naturelles), le BBP se dote d’un outil idéal pour réaliser leur rêve : « On veut créer une vingtaine de recette sur place, et que les gens puissent venir toutes les semaines. Donc 20 bières par an. Probablement des pop-up beer (éphémères, ndlr), disponible essentiellement ici, à la brasserie.  Sur cette vingtaine de bière, l’idée se serait d’en faire choisir une par la communauté, pour la distribuer a plus grande échelle ». Vingt bières par an ! Il faut croire que le duo ne manque pas d’idées : « en fait, une idée en amène cinq autres, du coup, non, on n’a pas peur d’être à court ! C’est comme un arbre d’idée qui bourgeonne et s’ouvre ».

Mais pas moyen d’en savoir plus sur la nature de ses idées, sauf quand Sébastien baisse un peu sa garde : « On s’intéresse beaucoup au vieillissement en barrique, en multipliant les fûts de chêne d’origines différentes ». Une pratique utilisée depuis longtemps dans le monde des distilleries de whisky, mais qu’aucune brasserie n’avait jamais été tenté d’essayer.  « On veut bien prendre le risque de se tromper aussi, ça ne nous fait pas peur ! » conclut Sébastien.

Une brasserie ouverte dans le centre ville, des bières naturelles et socialement responsables, et des recettes aux accents d’ouverture sur le monde et la nouveauté … ce Brussels Beer Project est décidément aussi rafraichissant que leurs bières. À la leurs!

http://beerproject.be
 
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