L’Âge atomique : de Hilma af Klint à Pierre Huyghe

Ayant bouleversé notre rapport à la matière désormais comprise comme énergie, les découvertes scientifiques sur la composition de l’atome et la radioactivité contribuèrent à l’émergence d’“un art affranchi de la pesanteur et de l’opacité des apparences de la nature” *. Deux voies se dessinèrent alors : l’abstraction mystique recherchée par Vassily Kandinsky, d’une part, et l’art conceptuel inspiré par les phénomènes infrasensibles de Marcel Duchamp, cherchant à rendre sensible l’imperceptible, d’autre part. Une troisième voie se dessina après l’utilisation de la bombe atomique en août 1945 : celle d’une cosmogonie du chaos. Des corps déliquescents de Francis Bacon aux danses de corps flottants de Pierre Huyghe (Dance For Radium, 2014) ou de Sigmar Polke (Uranium (Pink), 1992) en passant par les “désintégrations” de Salvador Dalí, auteur d’un éloquent Uranium and Atomica Melancholica Idyll, l’heure est à la déflagration et à l’atomisation des formes. Et ce, jusqu’aux artistes Pop qui, dans les années 1960, “investissent le caractère spectaculaire de la nucléarité” 1, en attendant que la génération post-Tchernobyl n’investissent la troublante et tragique plasticité des terres irradiées.

(*) Les commissaires de l’exposition.

Photo de couverture : Bruce Conner, Bombhead (détail), 2002, impression numérique avec ajouts de peinture acrylique, 80,8 x 63,8 cm © Conner Family Trust, San Francisco, ADAGP 2024 | Photo : Courtesy Magnolia Editions, Oakland, CA.